Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/117

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de mépris pour le peuple, dans le sein duquel ils ont encore leurs parens et leurs amis ; de cet orgueil qu’ils suçaient avec le lait, ces nobles anciens, entièrement détachés du peuple, dont ils ont été longtemps les oppresseurs et les tyrans. Que l’on remarque, en outre, que les nobles en Angleterre, pris séparément, sont moins puissans que le peuple, et que réunis avec le peuple, ils sont plus que le roi. Mais que, quoique unis avec le roi, ils ne sont cependant jamais plus que le peuple. Il faut observer de plus, que si la république anglaise paraît en quelque chose plus solidement constituée que la république romaine, c’est dans la dissention permanente et vivifiante, allumée, non entre les nobles et le peuple, comme à Rome, mais entre le peuple et le peuple, c’est-à-dire, entre le ministère et le parti de l’opposition. Cette opposition n’étant pas produite par une disparité d’intérêts héréditaires, mais seulement par une différence passagère d’opinions, elle sert beaucoup plus qu’elle ne nuit, puisque personne n’est tellement enchaîné à un parti, qu’il ne puisse facilement passer dans le parti contraire ; aucun des deux partis n’ayant des intérêts constamment op-