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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/127

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tielle et inhérente de la noblesse et de la tyrannie, puisqu’il n’y a point dans ces tyrannies de noblesse héréditaire, et qu’elles n’offrent, au premier aspect, d’un côté, qu’un seul maître absolu, et de l’autre qu’une masse d’hommes soumis au même esclavage. À la vérité, l’Asie non-seulement n’a connu, dans aucun temps, la liberté, mais elle a presque toujours été la proie des tyrannies inouïes, exercées dans de très-vastes régions, où l’on ne trouve aucune liberté civile, aucune stabilité et aucunes lois dont ne se joue pas le caprice du tyran, si nous en exceptons les lois religieuses. Malgré cela, je ne désespère pas de prouver que dans tous les temps et dans tous les lieux, la tyrannie est toujours tyrannie, et que se servant par-tout des mêmes moyens pour se conserver, elle produit, quoique sous des points de vue différens, précisément les mêmes effets.

Je n’examinerai pas pourquoi les peuples de l’Orient sont plus disposés à l’esclavage que les autres. Les raisons que je pourrais en donner seraient plus conjecturales que démonstratives ; elles ont déjà été assignées et le seront par d’autres plus savans et plus profonds que moi. Mais, partant du principe posé, je dis que la peur, la milice et