Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/168

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volontairement supporter la tyrannie, ou comment on pourrait, dans le cas contraire, briser son joug de fer.



CHAPITRE DEUXIÈME.

De quelle manière on peut végéter dans la tyrannie.


Une vie sans âme est, sans doute, le moyen le plus sûr et le plus court pour compter le plus de jours tranquilles sous la tyrannie ; mais il ne m’appartient pas d’enseigner les préceptes de cette mort continuelle et semée d’opprobres, à laquelle, pour l’honneur de l’humanité, je ne donnerai pas le nom de vie, mais celui de végétation. Ces préceptes que j’ai appris sans le vouloir, et que j’ai sucés avec le lait, que chacun les puise dans la crainte qui l’environne, dans la lâcheté qui le dirige, et dans les circonstances plus ou moins fatales et serviles dans lesquelles il se trouve, et enfin, qu’il les cherche dans les exemples continuels qu’il a sous les yeux.