Aller au contenu

Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

solennellement un outrage personnel dont il est cruellement blessé, ne doit point chercher de compagnons ; qu’il marche pleinement et courageusement à la vengeance ; qu’il laisse ensuite consommer la conjuration par ceux qui viennent après lui, car si elle réussit, l’honneur lui en appartiendra presque tout entier, lors même qu’il n’existerait plus ; et si par hasard cette conjuration, qui a suivi la sienne, ne réussissait point, plus grande serait la gloire qui en résulterait pour lui, plus grand serait l’étonnement des hommes qui verraient sa conjuration particulière arriver au but où elle tendait.

Mais les conjurations, lors même qu’elles réussissent, ont le plus souvent de très-funestes conséquences, parce qu’elles se font presque toujours contre le tyran et non contre la tyrannie ; d’où il arrive que, pour venger une injure privée, on multiplie sans utilité les malheureux, soit que le tyran échappe aux dangers, soit qu’un autre lui succède : on finit de toute manière par multiplier, par cette vengeance personnelle, les moyens de la tyrannie et les calamités publiques.

L’homme qui a reçu du tyran une injure