Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/21

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des simples individus. Dans ces gouvernemens que la corruption des temps, le changement des noms et le renversement des idées, ont fait appeller républiques, le peuple, non moins esclave que sous la mono-tyrannie, jouit cependant d’une certaine apparence de liberté, il ose en proférer le nom sans délit ; et il est malheureusement trop vrai, que lorsque le peuple est corrompu, ignorant et esclave, il se contente facilement de la seule apparence.

Mais, pour revenir à la tyrannie d’un seul, je dis qu’il y en a de plusieurs espèces : elle peut être héréditaire et élective. Nous avons parmi les tyrannies de cette seconde espèce, les états du Pape et plusieurs des états Ecclésiastiques. Le peuple sous de tels gouvernemens, parvenu au dernier degré de stupidité politique, voit de temps en temps, par la mort du tyran célibataire, retomber dans ses mains sa propre liberté, qu’il ne sait ni connaître, ni appercevoir ; il se la voit bientôt reprendre par un petit nombre d’électeurs qui lui donnent bientôt un autre tyran qui a le plus souvent toutes les vues des tyrans héréditaires, sans avoir la force effective pour forcer ses sujets à le supporter. Je ne parlerai pas davantage de cette