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Page:Alfieri - De la Tyrannie.djvu/59

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et les tyrannies, les ambitieux n’aient chacun, pour leur part, ces motifs tout-à-fait différens. Le républicain, bien avant d’acquérir cette autorité, sait déjà qu’elle ne doit pas toujours rester dans ses mains ; qu’il ne peut en abuser, parce qu’il doit en rendre un compte très-rigoureux à ses égaux, et que le choix qui est tombé sur lui est une preuve qu’il était le plus digne d’entre tous ses compétiteurs. De même, dans la tyrannie, l’esclave n’ignore pas que l’autorité qu’il ambitionne sera sans bornes, et qu’elle est par cela même abhorrée par tous les hommes ; qu’il est nécessaire d’en abuser pour la conserver ; que la postuler démontre la méchanceté du caractère du candidat, et que l’obtenir est une preuve manifeste qu’il était le plus criminel de tous les concurrens : et cependant ces deux ambitieux connaissant bien toutes ces choses, sans en être arrêtés, s’élancent également dans la carrière qu’ils ont entreprise. Or donc, qui peut affirmer que l’ambitieux dans la république n’ait pas pour but plutôt la gloire que la puissance ? Qui peut croire que l’ambitieux dans la tyrannie se propose un autre but que le pouvoir, les richesses et l’infamie ?

Mais toutes les ambitions ne visent pas