et qui s’établirent depuis dans l’Italie, dans les Gaules, en Espagne et en Afrique, sous leurs divers commandans, embrassèrent peu après la religion chrétienne ; et il me parait qu’en voici la raison : ces conducteurs d’hommes voulaient rester tyrans, et leurs peuples habitués à être libres, quand ils n’étaient pas en guerre, ne voulaient pas obéir autrement que comme des soldats à leurs capitaines, et jamais comme des esclaves à leurs maîtres. Le christianisme vint se mêler dans cette disparité d’humeurs, comme un moyen par lequel on pouvait persuader au peuple la nécessité d’obéir, et par lequel on assurait l’empire aux capitaines devenus tyrans dans le cas où ils voudraient accorder aux prêtres une partie de leur autorité. Pour preuve de ce que j’avance, il suffit d’observer que la partie de ces nations du Nord, restée pauvre, simple et libre dans ses forêts natives, a été le dernier peuple de l’Europe qui reçut la religion chrétienne, plus encore par la violence que par la persuasion.
Le peu de nations éloignées de l’Europe, qui la reçurent, y furent forcées presque toujours par la crainte et la force, par exemple, comme dans les diverses contrées de