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APPROPRIATION — A PRIORI, A POSTERIORI


mais leur étaient appliqués comme leur caractère personnel même. Voir les articles d’Abélard condamnés par le concile de Sens (1141) et par Innocent II (16 juilIl il) prop. 1 et 14. Denzinger, Enchiridion, n. 310, 323. Voir Abélard. La même erreur fut professée par Arnaud de Brescia. Voir Othon de Freising, De rébus gestis Friderici J, 1. I, c. xlix, dans Recueil des hisloriens des Gaules, Paris, 1869, t. xiii, col. 656.

S. Hilaire, De Trinitate, 1. III, n. 1, P. L., t. x, col. 50 ; S. Augustin, De Trinitate, 1. VI, c. i, P. L., t. xlii, col. 931 ; De doctrina christiana, 1. I, c. v, P. L., t. xxxiv, col. 21 ; Richard de SaintVictor, De tribus appropriatis personis, P. L., t. exevi, col. 991 ; S. Thomas, Sum. theol., I", q. xxxix, a.7, 8 ; S.Bonaventure, In I V Senî., U, dist.XXXI, part. H.a.l ; dist. XXXIV, q. iii, Opéra, Quaracchi, 1883, 1. 1 b ; Ruiz, De Trinitate, disp. LXXXII ; Gonet, Clypeus, d. X, digr. 1 § 3, Anvers, 1744 ; t. n ; Petau, De Trinitate, 1. VIII, c. iii, n. 1, Venise, 1757 ; Witasse, De sanctissima Trinitate, q. iv, sect. iii, § 5, dans Migne, Theoloqix cursus completus, t. viii, col. 288 sq. ; M « " Ginoulhiac, Histoire du dogme catholique, 1. VI, c. ix, Paris, 18C6, t. ii, p. 56 ; 1. VIII, c. m et IV, t. H, p. 228-244 ; 1. XV, c. VIII, t. iii, p. 563 ; Franzelin, De Deo trino, th. xiii, Rome, 1874, p. 216 ; Scheeben, La dogmatique, § 124, trad. Bélet, Paris, 1880, t. ii, p. 698 ; Kleutgen, De ipso Deo, n. 887, 1019, 1106, Ratisbonne, 1881, p. 545, 647, 705 ; Heinrich, Theol. dogm., % 250, Mayence, 1881, t. iv, p. 603 ; Dubois, De exemplarismo divino, c. VI, § 3, Rome, 1897, p. 41 ; c. xii, § 4, i, p. 181 ; Paquet, Disputationés theologicx seu commentaria in Summam théologicam D. Thomæ De Deo uno et trino, disp. X, q. I, a. 2, Québec, 1895, p. 512 ; de Régnon, Étude de tliéologie positive sur la sainte Trinité, études XVI, XVII, XXVI, Paris, 1898 ; Christian Pesch, Prselectiones dogmatiev, t.n, De Deo trino secundumpersonas, n. 639, Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 331 ; Kirchenlexikon, V Trinitât.

A. Chollet.

A PRIORI, A POSTERIORI. - I. Préliminaires.

II. L’a priori et l’a posteriori dans l’idée de Dieu.

III. L’a priori et l’a posteriori dans les jugements théologiques. IV. L’a priori et l’a posteriori dans le raisonnement dogmatique. V. L’a priori et l’a posteriori dans la méthode des sciences ecclésiastiques. VI. Histoire de la doctrine.

I. Préliminaires.

Dans sa marche vers la connaissance scientifique en général, et en particulier vers la spéculation théologique, l’esprit humain parcourt plusieurs étapes qu’il s’agit de bien distinguer, parce que, à chacune de ces étapes, peut se manifester et se manifeste, en effet, tantôt le caractère d’apriorisme et tantôt celui d’apostériorisme. La première étape est celle de Vidée, appelée par les anciens scolastiques « simple appréhension » . C’est le concept brut d’une chose, sans affirmation et sans négation ; c’est la représentation vivante d’un objet unique. — Comparée avec la réalité ou avec un autre concept, l’idée mène au jugement par lequel nous affirmons ou nous nions sa convenance avec la réalité ou avec le concept qui lui ont été rapportés. — Deux jugements concernant un même objet, et rapprochés suivant les lois de la logique, mènent à une conclusion qui (Mait contenue en eux et avec elle constituent un raisonnement. — La série des conclusions scientifiques relatives à un même objet s’appelle science. L’ensemble des règles qui permettent de déduire des prémisses leurs conclusions légitimes, puis de réunir harmonieusement ces conclusions en un organisme scientifique, est une méthode. -L’apriorii I Yaposteriori peuvent se rencontrer dans l’idée, dans les jugements, dans les raisonnements, dans la méthode. Nous allons l’examiner sous ces quatre formes, relativement aux connaissances théologiques.

II. Va PRIORI El L’A POSTBRIORl iuns L’IDÉE ni Dieu. — I" On entend par idée < priori celle qui est antérieure à l’expérience sensible, qui existe dans notre esprit en dehors de tout contact avec’du dehors : telle l idée infuse queDieu déposerait dans une âme sur une réalité qu’elle ne saurait atteindre sans cela : telle l’idée innée qui jaillirait spontanément du fond de notre nature sur des objets non encore en Ire vus de l’extérieur.—

L’idée a posteriori est, par conséquent, celle qui naît de l’expérience, celle que la perception extérieure des réalités concrètes excite et fait éclore dans l’esprit par l’abstraction intellectuelle. Voir Abstraction, col. 278.

2° Avons-nous de Dieu une idée a priori ou a posteriori ? — Que Dieu puisse directement, et sans passer par la voie ordinaire des perceptions sensibles, se découvrir à nous et se faire voir, soit dans une intuition révélatrice, soit dans une idée miraculeusement infuse, la chose est incontestable. Dans une telle hypothèse, l’homme favorisé de cette vision immédiate de Dieu, ou de cette image spirituelle créée en lui par le travail divin, aurait de Dieu un concept antérieur à l’expérience sensible, une idée a priori. — Mais si nous demandons comment nait en fait et normalement l’idée de Dieu en nous, l’apriorisme de l’idée de Dieu devient une erreur théologique, et la vérité est dans l’apostériorisme. — L’origine a priori de l’idée de Dieu a été surtout défendue par les ontologistes, les innéites, les kantistes.

3° Les ontologistes repoussent la connaissance de Dieu tirée des créatures et veulent que nous connaissions Dieu en lui-même et avant toute autre nature. « Il n’y a que Dieu que l’on connaisse par lui-même… il n’y a que Dieu que nous voyions d’une vue immédiate et directe. Il n’y a que lui qui puisse éclairer l’esprit par sa propre substance. Enfin, dans cette vie, ce n’est que par l’union que nous avons avec lui, que nous sommes capables de connaître ce que nous connaissons… Ainsi il est nécessaire de dire que l’on connaît Dieu par lui-même, quoique la connaissance que l’on a en cette vie soit très imparfaite, et que l’on connaît les choses corporelles par leurs idées, c’est-à-dire en Dieu. » Malebranche, Recherche de la vérité, 1. III, part. II, c. vii, 2, Paris, s. d., édit. Francisque llouillier, t. I, p. 336. Et la preuve que l’idée de Dieu, d’après Malebranche, est une idée a priori, c’est ce qu’il écrit nettement, loc. cit., c. VI, p. 329 : « Mais, non seulement l’esprit a l’idée de l’infini (deux lignes plus haut il l’avait appelée : l’idée d’un être infiniment parfait qui est celle que nous avons de Dieu), il l’a même avant celle du fini. » Voir Ontologisme. — De l’apriorisme ontologiste on peut rapprocher l’apriorisme panthéiste qui, en se basant sur l’identification réelle du sujet et de l’objet mène à l’intuition directe et immédiate de l’absolu et, par conséquent, au concept a priori de Dieu. Voir Panthéisme. Cf. Propositiones a S. C. Inquisitionis damnatee die 18 seplembris 1861, Denzinger, Enchiridion, n. 15161Ô23 ; Postulatum concilii Vaticani, Collectio Lacensis, t. vii, p. 819. — Rosmini joint à l’apriorisme ontologiste l’apriorisme panthéiste par sa théorie de l’intuition de l’être indéterminé qui, d’une part, est nécessairement quelque chose de l’être éternel qui a créé ei déterminé toutes les choses contingentes ; et, d’autre paît, est l’être initial qui, enveloppé et précisé par des limites et des déterminations partielles ou totales, devient les idées universelles ou les réalités concrètes. Cf. les quarante propositions tirées des œuvres d’Antoine Rosmini Serbati et condamnées par un décret du Saint-Officedu 14 décembre 1887.

4° Les innéistes accentuent encore l’apriorisme de l’idée de Dieu. Pour eux, cette idée n’est pas donnée par l’action directe de L’objet éternel sur l’esprit humain, elle est en nous indépendamment de cet objet et antérieurement à son intuition ou à sa démonstration. L’idée innée et a priori de Dieu a été soutenue surtout par Descartes et par Leibnitz. Descartes divise les idées i n trois classes : I celles qui sont nées avec nous, ou idées innées ; 2° celles qui semblent étrangères et venir du dehors, ou idées adventices ; ’celles qui semblent être faites ou inventées par nous-mêmes, ou idées factiei’s. Troisième méditation, édit. Garnier, Paris, 1835, t. i, p. 112. L’idée de Dieu, l’idée de l’infini, ne saurait être une idée factice, car s ; i perfection dépasse les forces