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ARIANISME CHEZ LES PEUPLES GERMANIQUES


688, 1524, 1530 ; t. i.xxxii, col. 1258 sq. En 428, Nestorius, évoque de Constantinople, ayant voulu enlever aux ariens une maison de prières qu’ils possédaient encore, il y eut une sédition ; ce qui occasionna un renouvellement des anciens édits. Socrate, vii, 81, P. G., t. lxvii, col. 808. En Afrique, au temps de saint Augustin, les Goths ariens qui se trouvaient dans l’armée du comte Boniface avaient un évêque qui osa provoquer l'évêque d’Hippone à une dispute publique ; le grand docteur a rédigé lui-même un rapport circonstancié de ce qui s'était passé dans les dix conférences tenues à cette occasion, Collatio cum Maximino arianorum epïscopo, P. L., t. xi.ii, col. 709 sq. Ce fut pour s’opposer à cette propagande arienne en Afrique que le même docteur composa divers autres traités, comme la réfutation du Sermo arianorum, le livre Contra Maximinum, et surtout son grand ouvrage De Trinitate, chei-d'œuvre établissant sur des bases théologiques la dogmatique de la Trinité.

Au visiècle, les ariens reparaissent un instant sous l’empereur hérétique Anastase, i’Jl-518, qui voulut être agréable au roi ostrogoth d’Italie, Théodoric le Grand, en accordant aux ariens plus de liberté qu’ils n’en avaient eu depuis longtemps à Constantinople. Ils y possédèrent des églises, « t eurent même un évêque auquel on attribue une singulière aventure ; un jour qu’il administrait le baptême à un néophyte « au nom du Père parle Fils dans le Saint-Esprit » , l’eau du baptistère se trouva complètement desséchée. Nicéphore Calliste, II. E., xvi, 35, P. G., t. CXLVII, col. 193. Mais l’empereur Justin 1°, successeur d’Anastase, renouvela, en 523, les anciens édits contre les manichéens et les autres hérétiques, en n’exceptant que les Goths. Cod. justinian., 1. I, lit. V, 12. Ce qui resta de l’arianisme en Orient ne fit plus que végéter dans une obscurité complète.

IV. ARIANISME chez las peuples germaniques et dans les temps modernes. — I. Importation de l’arianisme chez les peuples germaniques ; Ulphilas.il. L’arianisme visigothique. III. L’arianisme burgonde. IV. L’arianisme vandale. V. L’arianisme ostrogothique. VI. L’arianisme lombard. VIL Caractère de l’arianisme germanique. VIII. Renaissance de l’arianisme avec la Réforme. IX. Caractère de l’arianisme dans les temps modernes.

I. Importation un l’arianisme chez les peuples ger HAN1QUES ; Ulpwl/vs ;. — L’arianisme était à peu près morl en I tecident depuis l’avènement de Valentinien. Par un singulier concours de circonstances, il allait y rentrer, du dehors, comme une plante délétère, exportée d’abord, puis réimportée par ceux-là mêmes auxquels l’empire romain avait fait ce funeste don, par ces nations mquérantes et envahissantes, contre les quelles les races latines vaincues défendront leur foi catholique [dus longtemps et plus victorieusement que leurs biens et leur patrie terrestres. Les Goths furent entremetteurs dans ce désastreux n int en quelque sorte l’avant-garde des peuples geriques qui s’avançaient peu à peu vers l’empire rom. iii ni établis depuis le m » siècle sur la rive

gauche du Danube, les Visîgoths à l’ouest, les Ostrogoth s a l’est. Leur conversion à la foi chrétienne dut son commencement a leurs relations avec les peuples chrétiens du voisinage, et plus particulièrement à l.i présence

ni eux de n breux captifs qu’ils avaient faits dans

meincursion sur l’empire romain sonle régne deVaii et de Gallien. Nous avons rencontré' l'évêque gôth Théophile, au concile de Nicée.

Théophile eut pour successeur (Jlphilas, descendant

d’une de ces familles cappadociennes que les (loths

nt emmenées en captivité et qui avaientformé comme

le nosau du christianisme en Scythie. A la suite d’une

sanglante persécution que le roi païen Athanaric fit subir aux chrétiens, Ulphilas se retira en Mésieavec ses fidèles pour lesquels il devint comme un autre Moïse, tant fut grande sur sa nation son influence évangélisatrice et civilisatrice, surtout après que l’invasion des Huns eut, en 376, refoulé les Goths en deçà du Danube. Sa traduction des saintes Écritures en langue gothique reste comme un monument de son zèle actif et intelligent.

Malgré les obscurités dont la vie de cet apôtre des Goths reste enveloppée, il est incontestable qu’il subit, à un moment donné, l’inlluence de l’arianisme. On le trouve, en 360, au synode acacien de Constantinople, où il souscrit au credo impérial de Niké. D’après la plupart îles auteurs anciens, il aurait d’abord professé la foi orthodoxe, puis dans une ambassade auprès île Valens et sous la pression des circonstances, il se serait rallié aux évoques homéens, sans attacher beaucoup d’importance aux divergences dogmatiques qui séparaient les partis religieux de l’empire. Socrate, iv, 33 ; Sozomène, vi, 37, P. G., t. lxvii, col. 552, 1404 ; Théodoret, iv, 33, P. G., t. lxxxii, col. 1196 ; Jornandès, De Gelarum sive Gotliorum origine et rébus gestis, c. xxv, P. L., t. lxix, col. 1209 sq. Cf. Acta sanctorum, t. n aprilis, Anvers, 1675, p. 87. Suivant une autre version, Ulphilas aurait été pris dés le début dans l’engrenage de l’arianisme politique. Envoyé en ambassade à Constantinople vers 310, il aurait été consacré' évêque en 34-1 par Eusèbe de Nicomédie et aurait depuis lors appartenu au parti que Valens et Ursace représentaient en Pannonie et en Mésie. Philostor^e, n, 5, P. G., t. lxv, col. 468 ; Scott, Ulfilas the apostle of the Goths, Londres, 1885, p. 41.

Un manuscrit composé par un disciple d’Ulphilas, Auxence, évêque arien de Silistrie, et découvert par VVaitz à la bibliothèque du Louvre, nous apprend encore que l’apôtre des Goths vint à Constantinople en 380 et qu’il y mourut cette même année ou l’année suivante. La pièce la plus importante de ce manuscrit est la profession de foi laissée par Ulphilas sous forme de testament : « Moi Ulphilas, évêque et confesseur, voici comment j’ai toujours cru, et c’est dans cette foi, la seule vraie, que j’adresse mon testament à mon Seigneur :.le crois en un seul Dieu le Père, seul inengendré et invisible ; et en son Fils unique, notre Seigneur et Dieu, auteur et créateur de toute créature, qui n’a pas son sem blable — par conséquent il n’y a qu’un seul Dieu detous, qui d’après nous aussi est Dieu — ideo muisest omnium Deux, qui et de noslris est Deus — et en un seul Esprit-Saint, vertu illuminatrice et sanctificatrice… qui n’est ni Dieu ni Seigneur, mais le ministre du Christ, soumis et obéissant en tout au Fils, lui-même soumis et obéissant en tout à Dieu le Père. » Waitz, Ueber das Leben unddie héhredes Ul/ila, Hanovre, 1840, p. I0sq. ; llahn, Bibliothek der Symbole, 3e édit., S lits. Profession

de loi 1res nette en ce qui concerne le Saint-Esprit, c’est

la doctrine macédonienne pure et simple ; mais beaucoup moins nette en ce qui concerne le Fils, surtout à

cause « le l’obscurité et même de l’incertitude textuelle de la phrase incidente : ideo unus est omnium Deus… Le

moins qu’on puisse dire, c’est que la formule d’t’lphilas

est franchement subordinatienne et renferme l’idée do Eils, Dieu inférieur, soumis au l'ère. Dieu suprême. On retrouve, du reste, cette doctrine dans les rares monuments dogmatiques de l’arianisme gothique qui nous ont mservés, par exemple, dans le Sermo arianorum et la conférence de saint Augustin avec l'évêque arien Maflmin, qui s’attachait à la formule de Rimini. /'. /.., t. xi. ii, col. 677-742. Mêmes traits essentiels dans l’arianisme visigothique, vandale ei lombard. Isidore de Séville, Historia de regibus Gothorum, 8, /'. L., t. i xxxiii, col. 1060 ; Victor de Vite, Historia perseculionis vandalicæ, iv. 2. /'./…t. i îii. col. 236 ; Paul Winfrid ou le diacre, De gestis Langobardorum, iv, 'iî. P. /, ., t. xcv, col.S81. Enfin, Théodoret remarque, lue. cil., que, tout en admet-