Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2025 ARTICLE DE FOI — ARTICLES FONDAMENTAUX (SYSTÈME DES) 2026

vinse, disp. III, sect. iv ; Disp. scholasticse, Paris, 1888, t. i, p. 196. Kilber reproduit la définition thomiste. De fide, part. II, c. H, dans Migne, Cursus theol., Paris, 1839, t. vi, col. 459. D’autres théologiens réservent ce mot pour désigner ce qui est contenu dans le symbole des apôtres. Suarez, loc. cit. D’autres appellent article de foi, ce qui est défini officiellement par l'Église comme étant révélé, M. Didiot, par exemple, Morale surnaturelle spéciale, Vertus théologales, Paris, 1897, n. i il, p. 97 ; c’est d’ailleurs le sens que le commun des chrétiens tend à donner aujourd’hui à cette expression. Un seul point reste communément admis : toute proposition révélée n’est pas article de foi.

En somme, jusqu'à ce que les mots « article de foi » aient reçu un sens précis universellement admis, il vaut mieux leur préférer des expressions plus claires. Et quand on les trouve employés par un théologien, il importe, pour éviter toute méprise, de rechercher quelle définition il en donne.

S. Thomas et Suarez aux endroits cités au cours de l’article ; Mazzelta, De virtutibus infusis, disp. II, a. 7, n. 434, Rome, 1879, p. 223-224.

C. RUCH.

    1. ARTICLES FONDAMENTAUX (Système des)##


ARTICLES FONDAMENTAUX (Système des). I. Exposé historique et doctrinal. II. Réfutation.

I. Exposé historique et doctrinal.

Le système des articles fondamentaux est né, chez les protestants, d’un double courant d’idées : 1° du désir d'établir une certaine union entre les sectes chrétiennes séparées par des professions de foi différentes ; 2° du besoin de montrer que les diverses communions protestantes, malgré leurs divergences irréductibles, possèdent l’unité essentielle à l'Église du Christ.

I. LE SYSTÈME DES ABTICLES FONDAMENTAUX COMME

moyen d’union. — Celui qui le premier formula, quoique d’une façon un peu vague, le système des articles fondamentaux, fut un catholique flamand, Georges Cassander (1513-1566). Humaniste distingué, grand admirateur d'Érasme, ami de plusieurs protestants, esprit fin et tolérant, mais peu versé dans les matières théologiques, il crut bien faire en travaillant à réunir les protestants et les catholiques sur une base nouvelle. Ceux-là, dit-il, appartiennent à la vraie Eglise qui admettent les points fondamentaux de la doctrine des apôtres, contenue dans le symbole, et ne se séparent pas de la communion des autres Églises. Appliquant son principe aux orientaux aussi bien qu’aux occidentaux, il en concluait que les communions romaine, évangélique et grecque pouvaient former une seule et même Eglise, et ouvrait ainsi la voie à la théorie anglicane des trois branches de l'Église catholique. Ce système déplut à la fois aux catholiques et aux protestants : Jean llesselius et Josse Ravesteyn, professeurs à Louvain, réfutèrent leur compatriote, et son ouvrage, De officie pii ac publiese tranquillitatis vere amantis viri, fut misa l’Index ; deson côté, Calvin attaqua vigoureusement cet opuscule, parce qu’il reconnaissait l’autorité de la tradition, de telle sorte que cette tentative échoua complètement. Ajoutons que Cassander se rétracta et mourut en catholique. Voir de Schrevel, Histoire du séminaire de BruQet, Bruges, [895, p. 263, où se trouve une très intéressante étude sur Cassander, t. I, I rç partie.

D’un autre côté, les protestants, sentirent bientôt le lusoin de l’union : unis pour attaquer l'Église, ils s'étaient vite divisés enti u I arlstad s'était violemment séparé de Luther, 1rs anabaptistes s'étaient révoltés contre son autorité, Zwingle et Calvin avaient rejeté sa doctrine sur les sacrements ; les anglicans faisaient un mélange confia de luthéranisme et de calvinisme ; ei les Bociniens - ipaient l'édifice chrétien par la base, en niant les doj me fondamentaux de lu trinité, de l’incarn.ilion et île l, i

rédempl Lee prits modérés comprirent que c'étail

l.i punile protestantisme une source de faiblesse ; mai

les tentatives de rapprochement entre Luther et Zwingle, entre le luthérien Andreae et le calviniste Théodore de Bèze n’aboutirent qu'à constater des différences absolument irréductibles. C’est alors que germa en certains esprits l’idée de points fondamentaux, sur lesquels luthériens et réformés pussent s’entendre, tout en conservant leurs doctrines particulières.

Le premier qui, en Allemagne, fit des efforts vraiment sincères pour amener l’union sur cette base, fut Georges Calixte (1586-1656), professeur de théologie à l’université d’Ilelmstadt. Ses relations avec des calvinistes tolérants, comme Casaubon, et des catholiques instruits, particulièrement Becan et de Thou, avaient élargi ses vues. Dans ses ouvrages intitulés Disputationes XV de prxcipuis chnstianse religionis capilibus et Desiderium et stt<dium concordix ecclesiasticæ, il maintient que les doctrines fondamentales du christianisme, c’est-à-dire les principes élémentaires d’où découlent toutes les autres vérités, ont été conservées intactes par les trois grandes communions luthérienne, calviniste et romaine ; que les articles, communément reçus par les Pères des cinq premiers siècles, méritent croyance aussi bien que ceux qui sont contenus dans l'Écriture ; que les communions chrétiennes qui croient ces vérités doivent, au lieu de s’anathématiser mutuellement, entrer au plus tôt en relations amicales pour préparer une union durable. Ce système, qu’on appela syncrétisme, souleva une tempête dans le monde luthérien : Calixte fut accusé d’hérésie, d’apostasie, de crypto-calvinisme, de papisme et même d’athéisme. Son plus fougueux adversaire, Calov (1612-1686), luthérien intransigeant, publia contre lui de nombreux ouvrages, entre autres Digressio de nova theologia Ilelmstadio-Regiomontanislarum syncrelistarum, 1651 ; f/armonia Calixtino-hseretica, 1655 ; Historia syncrctislica, 1682 ; par ses vigoureuses dénonciations il empêcha toute union ; non seulement luthériens et réformés continuèrent de s’anathématiser cordialement, mais les luthériens eux-mêmes se divisèrent en deux camps, les uns soutenant et les autres attaquant les vues syncrétistes de Calixte.

Plus tard, un réformé de Genève, Jean-Alphonse Turretin (1674-1737), s’efforça d’amener de meilleures relations entre son parti et les luthériens. En 1729, il publia son Nubes testiitm pro moderato et pacifico de rebits theologicis judicio et inslituenda inter protestantes concordia, où se trouve une dissertation sur les articles fondamentaux, qu’il définit ceux dont la connaissance et l’acceptation sont nécessaires pourobtenir la grâce de Dieu et assurer son salut. Il pressa ses coreligionnaires de former une union sur la base de ces articles, en laissant de côté ceux qui n'étaient point fondamentaux. Mais les esprits n'étaient point mûrs pour une union de ce genre, et ce projet n’eut pas de suite.

En Angleterre, Cranmer avait conçu, dès le xvie siècle, le dessein d’unir ensemble toutes les communions protestantes, etinvité à cet effet Mélanchlhon, Calvin et Bullinger à se réunir à Londres, pour déterminer les points fondamentaux sur lesquels on pourrait s’entendre. Les troubles politiques firent échouer ce projet. Plus tard, sous Cromwell, en 1653, le parlement nomma un comité chargé de rédiger une liste des articles fondamentaux que tous les protestants d’Angleterre seraient forcés d’accepter. Baxter, président du comité, proposa comme base d’union l’acceptation du symbole des apôtres, de l’oraison dominicale et des dix commandements. Mais on regarda ce programme comme trop large, parce qu’il pouvait être signé non seulement par les luthériens et les réformés, mais encore par les dissidents, les sociniens et les papistes, qu’on voulait exclure de l'Église anglicane. Un autre, plus précis, fut rédigé par Owen et proposé par Goodwin ; on déclarait, contre les papistes, que l'Écriture est la seule règle de toi. et que la justiiicafion se lot par la loi et non par les œuvres ; contre