Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2037
2038
ASCELIN — ASCÉTIQUE


omncm christianum debere in Pascha de mensadominica commuhicare, nisi pro aliquo crimine a se perpetrato a lam salubri sequestretur convivio ; hoc autem nullo modo fuit, nisi solo prmcepto confessons sui ; alioquin claves Ecclesise annullantur. P. L., t. cl, col. 67. Voir Bérenger.

MabiUon, Acta sanctorum ordinis s. Benedicli, Venise, t. ix, præf., p. xvii, n. 40 ; Ceillier, Histoire générale des autours sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1757, t. XX, p. 287-288, 445-446 ; Histoire littéraire de la France, 2e édit., Paris, 1867, t. vii, p. 554-556 ; E. du Pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastique*, XV siècle, Paris, 1099, p. 26-28.

E. Mangenot.

    1. ASCÉTIQUE##


ASCÉTIQUE. — I. En quoi consiste l’ascétique ? II. Comment elle a pris une forme scientifique. III. Principales œuvres ascétiques. IV. Principaux cours d’ascétique.

I. En quoi consiste l’ascétique ? — Le mot ascèse, âémMjfftç, était déjà employé par les Pères des premiers siècles, pour signifier les efforts ou la lutte de l'âme chrétienne, contre tout ce qui s’oppose, en elle et autour d’elle, à la pratique de la vertu ou de la perfection chrétienne. Le choix de cette expression avait pu être inspiré par ce passage de saint Paul, comparant le chrétien qui combat pour la couronne incorruptible du ciel, à l’athlète des jeux publics, luttant pour obtenir la récompense si convoitée : Nescilis quod ii qui in stadio currunt, omnes quidem currunt, sed unus accipit braviutn ? Sic currite ut comprehendalis. Omnis autem qui in agone contenait, ab omnibus se abstinet, et illi quidem ut corruplibilem coronam accipiant, nos autem incorru/ptam. I Cor., ix, 24^25. L’expression de saint Paul a d’ailleurs une analogie assez évidente avec la parole de Jésus-Christ. Matth., xi, 12. Les écrivains ecclésiastiques des siècles postérieurs, en adoptant cette expression dans son sens chrétien, donnèrent fréquemment le nom de théologie ascétique à la science qui s’occupe de tout ce qui a rapport à la perfection chrétienne. En même temps, on se servit assez souvent aussi du terme de théologie mystique, déjà employé par le pseudo-Aréopagite vers le ve siècle. A notre époque, pour mieux accentuer la différence entre les voies ordinaires et les voies extraordinaires de la perfection chrétienne, on est convenu de donner le nom d’ascétique à la science qui traite des voies ordinaires, et de réserver le nom de mystique à l'étude des voies extraordinaires. Ce sens restreint est le seul qui doive nous occuper ici.

I. DÉFINITION- — L’ascétique peut être définie : la science théologique qui a pour objet la pratique de la perfection chrétienne, avec le secours ordinaire de la grâce.

1° C’est une science théologique. Elle possède donc le Caractère général et essentiel de toute science théologique, qui est, suivant la parole de saint Thomas, de procéder de principes connus par la lumière de la science supérieure de Dieu et des saints. Hum, theol., I a, q. i, a. 2. Comme science théologique, l’ascétique est tributaire de la théologie dogmatique, à laquelle elle emprunte des enseignements certains, sur la nature et nomie de la vie surnaturelle et chrétienne, pour se diriger elle même dans l'étude spéciale des moyens de rtionner cette vie divine. L’ascétique est également tributaire de la théologie murale ; elle lui demande la connaissance de la révélation, sur la fin dernière de l’homme dans l’ordre actuel de la providence, el sur la manière di ni la perfection chrétienne peut être réalisée en cette vie. ces principes empruntés à la théologie matique el à la théologie morale, l’ascétique joinl ses propres principes, qui ne sont que l’enseignement même de Jésus-Christ sur la pratique de la perfection chrétienne. De tous ces principes, l’ascétique déduit, suivant les lois ordinaires de la théologie, des conclu sions qui lui sont particulières. Ainsi l’ascétique a son rang dans l’ensemble de la science théologique, avec une subordination nécessaire vis-à-vis de la dogmatique et de la morale, mais aussi avec sa vie propre, c’est-àdire avec ses principes particuliers et ses conclusions spéciales.

Mais si l’ascétique, aux différents points de vue que nous venons d’indiquer, est une science tributaire, elle a, sous un autre rapport, le noble privilège d'être comme le terme final, vers lequel convergent tout l’ensemble de la science théologique et même toute science humaine. Car toute science humaine, en vertu de l’obligation qui lui incombe de tendre à la fin dernière de l’homme, doit avoir son dernier terme et son couronnement complet, dans la science qui a pour objet la réalisation la plus parfaite de cette fin, c’est-à-dire dans l’ascétique. L’ascétique est ainsi la vraie sagesse parfaite, rapportant toutes choses à la cause finale de tous les êtres, et jugeant de tout, suivant les lumières de la science divine elle-même, communiquées par la révélation, et augmentées par les dons surnaturels d’intelligence et de sagesse. S. Thomas, Sum. tlteol., I a, q. i, a. 6 ; II » II æ, q. vin. Ce n’est donc point sans raison qu’elle était souvent appelée, aux premiers siècles de l'Église, la vraie philosophie ou la philosophie de JésusChrist. S. Jean Chrysostome, Comparalio régis et monachi, P. G., t. xlvii, col. 387-392.

2° L’objet spécifique de l’ascétique est la pratique de la perfection chrétienne.

a) En quoi consiste la perfection chrétienne ? — Saint Thomas, partant de ce principe général, que la perfection d’un être n’est réalisée et consommée que par la pleine possession de sa fin, en tire cette conclusion : l'àme chrétienne n’est vraiment et définitivement parfaite, que par la complète possession de sa fin dernière, possession réalisée seulement par la vision intuitive de Dieu dans l’autre vie. D’après le même principe, l'âme chrétienne ne peut, en cette vie, être appelée parfaite, que dans la mesure où elle tend véritablement à cette fin dernière. Comme c’est surtout la charité parfaite qui, en ce monde, nous unit à Dieu, le souverain bien, et nous en mérite la possession complète au ciel, c’est elle aussi qui constitue notre perfection, pendant notre pèlerinage sur la terre. S. Thomas, Sum. theol., II a IIe, q. clxxxiv, a. 1 ; Opusculum de perfections vitse spintualis, i.

Cette charité qui constitue la perfection chrétienne en cette vie ne peut être simplement la charité habituelle, accompagnement nécessaire de l'état de grâce ; sinon toutes les âmes qui seraient en possession de la grâce sanctifiante posséderaient, par le fait même, la perfection chrétienne. D’ailleurs la simple charité habituelle, comme le prouve saint Thomas, Sum. theol., ll a II*, q. xxiv, a. 10, peut exister avec l’habitude du péché véniel qui, de l’aveu de tous, ne peut se concilier avec la perfection chrétienne. Suarez, De stalu pcrfccliouis et religionis, 1. I, c. iv, n. 11, 12.

D’autre pari, la charité actuelle toujours incessante et souverainement intense ne peut être requise pour la perfection chrétienne en cette vie, parce qu’elle n’est point en notre pouvoir ; c’est une conséquence de notre nature, dont l 'expérience ne nous -démontre que trop l’incontestable vérité, s. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ , q. clxxxiv, a. i. Cependant un seul acte de charité, quelque parfait qu’il soit, ne peut, par lui-même, constituer la perfection chrétienne qui, par sa nature même, doit, ainsi que la vertu, être quelque chose d’habituel. Suarez, De statu perfectionis ei religionis, I. I, c. iv, n. 6. La charité' qui constitue la perfection chrétienne est donc une charité fortement établie dans l'âme, qui la dispose habituellement à faire promptement, constamment et diligemment, non seulement ce qui est strictement commandé par Dieu, mais encore ce que