Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
2065
2066
ASCÉTISME


l’ère chrétienne, et les altérations profondes qu’il a subies en s’élablissant dans les pays voisins, diminuent considérablement l’importance réelle de l’ascétisme bouddhique. Mgr F. Laouenan, Du brahmanisme et de ses rapports avec le judaïsme et le christianisme, Pondichérv, 1884, 1. 1, p. 67-75 ; Monier Williams, Buddhism, Londres, 1889, p. 147-171.

2° Dans le reste de l’Asie, chez les anciens Perses, chez les peuples de la Mésopotamie, de la Syrie, de la Phénicie et ailleurs, on ne rencontre point d’ascétisme bien caractérisé, même restreint aux prêtres des religions nationales, ou à quelque autre classe particulière.

3° Dans l’ancienne Grèce, et dans les pays soumis à son influence, une sorte d’ascétisme, plutôt philosophique que religieux, apparaît, au moins à partir de Pythagore, au vie siècle avant Jésus-Christ. Ses trois manifestations principales sont : Pythagore avec son essai de communauté, dont le but paraît plus scientifique que religieux, le stoïcisme, avec sa doctrine sur l’extirpation des passions et sa maxime àvÉ^ouxaî à.iziyo’j, absline et sustine, et les sectes néopythagoriciennes et néoplatoniciennes des premiers siècles de l’ère chrétienne, avec leurs tendances mystiques et leurs austérités imitées de Pythagore.

4° En Egypte, on ne rencontre point d’autres ascètes que les xatoyot des sanctuaires du dieu égyptien S( Tapis, dans les derniers temps de l’ère des Ptolémées et pendant la domination romaine. Ces reclus ou recluses ne paraissent avoir été que des prêtres ou prêtresses du dieu Sérapis, exerçant dans ses temples les fonctions sacerdotales. P. Ladeuze, Etude sur le cénobitisme pakhomien, Louvain, 1898, p. 160 sq. ;, 1. Mayer, Die christliche Ascèse, Fribourg-en-Brisgau, 1894, p. 34-39 ; dom Butler, op. cit., p. 229.

5° Chez les anciens Romains, en dehors de l’institution des vestales et de certaines pratiques en usage parmi les prêtres païens dans quelques cas particuliers, l’ascétisme n’apparaît point d’une manière sensible. Il en est de même chez les autres peuples occidentaux.

3. Ascétisme des sectes hérétiques ou dissidentes, — I Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, on rencontre, chez les montanistes, les gnostiques et les manichéens, des pratiques ascétiques provenant d’une double tendance : l°d’une tendance rigoriste très accentuée : c’est le cas des montanistes ; accusant l’Église de condescendance excessive et même de relâchement, ils imposaient à leurs adeptes, outre les abstinences et jeunes déjà en usage, des obligations nouvelles et surtout cette manière plus rigide d’observer le jeûne, que l’on appelait xérophagie ; 2° d’une tendance dualiste considérant comme intrinsèquement mauvaises la matière, provenant du principe mauvais, et toute relation avec la matière, surtout l’union des âmes à la matière par la génération et la naissance des enfants. C’était le cas des gnostiques et des manichéens qui, pour cette raison, condamnaient l’usage légitime du mariage. Cette même horreur de la matière motivait, chez les gnostiques et les manichéens, des abstinences particulières, comme celle de la viande et du viii, des jeûnes nouveaux et d’autres mortifications. Les manichéens commandaient aussi d’épargner la vie « les animaux et des plantes, de s’abstenir de l’agriculture et d’autres tralerviles el de renoncer à la possession des biens de la terre. De l’ait, la grande masse des manichéens,

impies croyants pouvaient De point pratiquer toutes

cet prescript lis pouvaient compter sur l’intercession des élus ou parfaits, qui leur obtenaient trèsfacimi de Dieu le pardon de toutes leurs transgressions, rju ils eussent eux-mêmes besoin de le

repentir. En dehors de ces prescriptions

coi mes à tous i, . s membres île ces sectes

iques, rien n’autorise à affirmer que ces aient eu îles communautés monastiques m même des ascètes semblables à ceui de l’Église catholique.

2° Au moyen.âge, en dehors des albigeois, qui renouvellent à cette époque les erreurs et les mœurs des manichéens, on rencontre quelques pratiques ascétiques chez les vaudois, les frères apostoliques et les flagellants. Les vaudois et les frères apostoliques se faisaient une obligation particulière de la pauvreté évangélique, qu’ils considéraient comme donnant le droit exclusif de remplir les fonctions sacerdotales. Ils n’avaient point de vie religieuse ni même de vie commune. Chez les flagellants, à la pratique de la flagellation publique regardée comme nécessaire pour le salut, s’ajoutaient de fausses doctrines et de graves abus qui motivèrent la condamnation portée par Clément VI. Benoit XIV, De servorum Dei beati/icatione et bealorum canonizaliunc, t. iii, c. xxvhi, n. 10.

3° Dans la période moderne, les nombreuses sectes protestantes ne présentent point d’ascétisme bien caractérisé, en dehors de quelques pratiques communes d’abstinence et de tempérance. Suivant la doctrine des fondateurs du protestantisme, aucune pratique ascétique ne doit être imposée à la communauté des fidèles. Sans aucune valeur méritoire ou satisfactoire, ces pratiques ne peuvent avoir qu’un avantage individuel, pour l’éducation morale d’une volonté relativement faible qui ne peut se maintenir sans ce préservatif ou ce stimulant. Généralement, on doit, en cette matière, se contenter de supporter patiemment les souffrances envoyées par la providence dans l’état de vie et dans les circonstances où l’on est placé. Cf. Bcalencycklopâdie fur protestantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1896, à l’article Askese, par R. Seeberg. Toutefois, à une époque postérieure, particulièrement au sein du piétisme allemand et du méthodisme anglais ou américain, se manifeste une certaine tendance ascétique qui porte surtout à se priver de certains jeux ou divertissements, de fréquentations, de lectures ou d’usages considérés comme peu convenables pour un chrétien, et à s’abstenir de toute liqueur enivrante. Enfin, malgré la réprobation portée par les fondateurs du protestantisme contre les institutions monastiques, le XIXe siècle a été témoin de la réapparition de frères et de sœurs dans les sectes protestantes d’Allemagne et d’Angleterre. Toutefois ces communautés, sans vœux religieux, sans obligation irrévocable, sans séparation définitive du monde, diffèrent notablement des communautés monastiques de l’Église catholique. Zockler, op. cit., t. il, p. 572-583 ; (i. Govau, L’Allemagne religieuse, le protestantisme, Paris, ’1898, p. 298-344.

II. RESSEMBLANCES GÉNÉRALES ENTRE L’ASCÉTISME CHRÉTIEN ET L’ASCÉTISME SOS CHRÉTIEN. — D’après

toutes les indications qui viennent d’être données sur l’ascétisme non chrétien, nous pouvons conclure qu’il présente, extérieurement du moins, certaines ressemblances générales avec l’ascétisme chrétien, notamment dans l’observance de l’abstinence, du jeune et d’autres mortifications corporelles, et dans la pratique de la pauvreté, du célibat, et même d’une vie commune assez semblable à la vie monastique. Ces ressemblances ne résultent pas nécessairement d’une influence directe exercée par l’un ou l’autre de ces ascétismes, influence qu’il n’est, d’ailleurs, point facile d’établir par des documents positifs. Elles peuvent s’expliquer suffisamment par les trois observations suivantes, dont nous n’avons pas à démontrer la vérité.

1° Il peut y avoir, en dehors du christianisme quelque connaissance, plus ou moins parfaite, de certaines vérités religieuses et morales. 2° I. niée de s’imposer des souffrances et des privations volontaires, dans un luit d’expiation religieuse ou de simple éducation morale, peut s, .

i i tinet se réaliser, au moins imparfaitement, en

dehors du christianisme.’* Les expressions ou les manifestations extérieures de celle idée religieuse ou morale peuvent facilement revêtir certaines formes «