style simple et incisif, l'éloquence mâle et pénétrante l’ont l’une des pièces les plus achevées que le saint ait écrites. Elle est précieuse aussi pour les renseignements qu’elle nous donne sur la vie d’Athanase. Il l’acheva pendant que Georges de Cappadoce était à Alexandrie, n. 27 sq., vraisemblablement dans l'été de 357.
10 » Apologia de fuga sua. P. G., t. xxv, col. 643-680. — Allianase avait fui devant les satellites de Syrianus ; ses ennemis ne manquèrent pas d’y chercher une occasion de le décrier, en le représentant comme un peureux et un lâche. La réponse fut cette apologie, célèbre chez les anciens auteurs et qui, pour le mérite, ne le cède guère à la précédente. Avec quelle dignité le noble fugitif démasque les véritables sentiments de ses calomniateurs, et leur oppose la doctrine du Christ, son exemple et celui des saints ! puis, reprenant l’offensive, avec quelle vigueur il dépeint les fureurs sauvages de ses persécuteurs et leurs tristes exploits ! Cette apologie fut composée avant la mort de Léonce d’Antioche, ou du moins avant que cette mort ne fût parvenue à la connaissance d’Athanase, n. 1, probablement vers la tin de 357.
11° Epistola et Historia arianorum ad monachos*. /'. G., t. xxv, col. 691-796. — Deux écrits qui paraissent intimement liés, comme serait un livre et une préface ou lettre d’envoi ; dans certains catalogues anciens, ils sont compris sous cette simple rubrique : Epistola ad monachos sive ad solilarios. Le titre d' Histoire des ariens n’est pas authentique, mais il exprime bien l’objet du livre, composé pour satisfaire aux désirs des moines de la Thébaïde et nullement destiné, dans la pensée de son auteur, à la publicité. C’est un résumé de la persécution arienne contre les orthodoxes depuis l’année 335 jusqu'à l’année 357, résumé oratoire où les mouvements passionnés de l'éloquence trahissent souvent l’indignation d’un noble cœur en face des vilenies dont il a été le témoin et des maux causés à l'Église par l’hérésie. Les circonslances où se trouvait Athanase et le but polémique qu’il poursuivait en composant cet écrit, expliquent suffisamment qu’on n’y trouve pas le ton calme t l froid d’un simple historien : « Pourquoi demander ce qu’il ne peut donner à un orateur contraint par les iniquités de ses ennemis de démasquer leurs intrigues et buis calomnies, de justifier sa doctrine et ses actes, et de faire le récit d'événements dont il a été le héros ou la victime ? » L Fialon, Saint At/ianase, p. 209. La manière brusque dont s’ouvre le livre a fait croire au plus id nombre que les premiers chapitres manquent ; d’autres préfèrent voir dans Yllistoria arianorum une continuation de la seconde partie de VApologia contra arianos. Robertson, Select writings and tetters of Alhanasius, p. 266. Quand saint Athanase composa cet ouvrage, Léonce d’Antioche vivait encore et Georges de Cap ! i çait d mvlexandrie son pouvoir usurpé ;
il Faut donc le placer à la fin de 357 ou au début de 358. Le récil de la chute du pape Libère, n. il, serait une addition postérieure, qui donne lieu à la même controverse que les additions faites à VApologia contra arianos. Des doutes soulevés çà et là contre l’authenticité de ce livre mil été n futés par A. Eichhorn, Athade vita ascetica testimonia collecta, Dissertatio theologica, Halle, 1866, p. ">7-iiJ. Enfin, quelques au » ri t demandé si l'écrit n’aurait pas été composé par un ami ou secrétaire d’Athanase, sous sa direction fois, hypothèse insuffisamment établie.
I _ Epistola "'/ Serapionem de morte Arii, P. G., t. xxv, col. 680-690. - Sérapion, évéque de Thmuia et grand ami du patriarche, lui avait demandé des renseignements sur irois points : sespropres épreuves, l’hérésie arienne et la morl d’Arius Pour 1rs deux premiers points. Athanase renvoie Sérapion à un ouvrage composé' pour qu’il lui adresse, avec recommandation instante d.' ne pas le garder et d, ' n’en point '
prendre de copie ; cet ouvrage ne peut être, en partie du moins, que Y Historia arianorum ad monachos. Le saint docteur lit-il, pour réfuter l’arianisme, un autre travail d’un caractère plus dogmatique ; et, s’il le fit, est-ce l’un des écrits qui nous sont parvenus ? Autant de problèmes sans réponse satisfaisante. Montfaucon, Admonilio in Epist. ad Serapionem, n. 1-3. Dans la lettre présente, Athanase répond à la troisième demande de son ami ; il raconte la mort d’Arius d’après ce qu’il en avait su par un de ses prêtres, présent à Constantinople lors de l'événement. La lettre appartient à l’année 358. Récemment on a attaqué, non pas l’authenticité du document, mais la véracité de l’auteur ; nous n’aurions là qu’un récit de tendance, forgé par Athanase pour déprécier l’hérésie arienne en montrant le doigt de Dieu dans la mort de son fondateur, tandis qu’en réalité Arius et le héros du récit athanasien, saint Alexandre de Constantinople, seraient morts plusieurs années auparavant. On se contente seulement d’accorder à l’auteur de la lettre des circonstances atténuantes, la véracité ne comptant pas alors au nombre des vertus. Telle est la thèse de 0. Seeck, Vntersuchungen zur Geschichte des niciinischen Konzils, dans Zeitschri ft für Kirchengescltichle, Gotha, 1896, t. xvii, p. 33 sq. Thèse inadmissible, soit en ce qui concerne la chronologie relative à la mort d’Arius et de saint Alexandre, voir Arianisme, col. 1806, soit en ce qui concerne le caractère de saint Athanase. Assurément il voit dans la fin d’Arius un châtiment providentiel et une condamnation divine de l’hérésie ; mais partir de là pour réduire tout le récit à une fiction d’adversaire peu scrupuleux, c’est dépasser les bornes de la critique objective. 13° Oraliones IV adversus arianos*. P. G., t. xxvi, col. 10-526. — Ces quatre discours ou livres, Xôyot, sont le principal ouvrage dogmatique qu’ait composé le grand docteur du Verbe. Dans la première partie, il expose la doctrine arienne, puis il prouve par l'Écriture, en s’aid.ml aussi d’arguments rationnels, l'éternité, la consubstantialité et la génération divine du Fils. Dans la seconde et la troisième partie, il discute les passages scripturaires qui ont trait à ces questions fondamentales. Dans la quatrième, il insisle sur le rapport mutuel du Père et du Fils, en affirmant la distinction personnelle et en niant la séparation de nature. On place généralement la composition de cet ouvrage entre les années 356 et 361, pendant le troisième exil d’Athanase ; quelques auteurs récents estiment qu’il remonte à une époque antérieure et donnent les dates de 338 ou 339. Loofs, op. cit., p. 200 ; Stùleken, Alltanasiana, p. {5 sq. Chez, ce dernier la question se complique d’un problème beaucoup plus grave au sujet de l’authenticité, non pas de tout l’ouvrage, mais de l’Oratio IV. Dans un article de la Zeitschrift für wissenschaftliche Théologie, intitulé Maximus philosophas, 1893, t. xxxvi, p. 290-315, Dr&seke a retiré ce quatrième livre à saint Allianase, pour l’attribuera Maxime le philosophe. Sans admettre cette attribution fantaisiste, d’autres critiques ont nié pourtant la provenance athanasienne. Stùleken, loc. cit., p.."111-57 ; Hoss, Studien, p. 123-126. Ils invoquent la différence de Style et de procédé intellectuel ou
littéraire ; ils allèguent même rine diversité de doctrine concernant la nature humaine du Christ ; l’intégrité de cette nature est nettement exprimée dans ['Oratio IV, 23, SX(i> ; Ivavôpwmrjtra ;, tandis qu' Athanase conçoit toujours l’union comme se faisant entre le Verbe et la chair ou le corps. Ces raisons sont loin d'être convaincantes ; la dernière, en particulier, suppose nue opinion fausse sur la doctrine christologique du saint docteur. La différence de style et ir procédé, fût-elle aussi grande que le disent ces critiques, prouverait tout au plus l’opinion par Newman, è savoir que le quatrième livre ne
pas un tout avec les trois premiers, mais serait
plutôt une collection de matériaux ou de fragments divers qui se rattacheraient à la controverse eusébienne