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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/457

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AUGUSTIN (SAINT)

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t. xliv, col. 552 : Quis autem nostrum dicat, quod primi hominis peccato’perieril liberum arbitrium de humano génère ? Liherlas quidem periit per peccatum sod Ma quai in paradiso fuit, habendi plenani cum immorlalitate justiliam… Nam liberum arbitrium vsi/ue adhuc in peccalore non periit, ut per illud peccent maxime homines, qui cum delectalione peceant. Cl. 1. III, c. viii, n. 24, col. 607 ; 1. IV, c. iii, col. 611. Voir sur le texte cité les réllexions de Julien, dans Op. imperf. cont. Julian., 1. I, c. xciv, P. L., t. xlv, col. 1110-1111. — b. D’ailleurs, quand on objecte ces formules on oublie qu’elles sont, non pas seulement des dernières années, mais des premières lorsqu’il était si favorable à la liberté. C’est en 388, dans le De libero arbitrio, 1. III, n. 32, P. L., t. xxxii, col. 1296, qu’Augustin disait déjà en termes d’une énergie qui dépasse ce qu’il a écrit plus tard : Qui recte facere cum ]>osset, noluit, amillal posse cum lelit. En 388 ces mots s’barmonisent-ils avec la liberté ? Si non, qu’on ne parle plus de déterminisme pour la fin de sa carrière, mais pour toute sa vie. Si oui, comment des termes plus doux seraient-ils plus tard inconciliables ?

2° théorie : Augustin soutient que dans l’homme déchu il y a des péchés absolument nécessaires, une nécessitas peccandi, et il le prouve par la concupiscence qui est à la fois un pécbé inévitable et une source de péchés. — Cf. De perfeclionc jusliliæ, P. L., t. XLIV, col. 291-295, où sont cités les arguments de Célestius.

— Mais Augustin a soin d’expliquer qu’il appelle ici péchés nécessaires non des fautes dont nous soyons responsables et que Dieu intiste punir, mais les impulsions déréglées des sens qui sont, pour la nature humaine aulrefois innocente, une déchéance et un désordre honteux sans cire coupable. Pelage et Julien exaltaient la nature humaine et sa puissance d’arriver à la perfection absolue, à l’àraŒta, à l’impeccantia. Augustin leur oppose la laideur morale de ces révoltes involontaires de la nature ; au ciel seulement notre liberté sera affranchie de ces désordres que la scolastique appellera plus tard péchés matériels, (’.ont. duos epist. Pelag., 1. 1, c. x, n. 19 ; c. xvil, n. 35, P. L., t. xliv, col. 366 ; 1. II, c. ii, n. 2 ; Cont. Julian., 1. IV, c. xi, n. 57, P. L., t. xi. iv, col. 765. On peut s’étonner d’une terminologie trop absolue. On peut accuser de trop grande subtilité l’interprétation d’Augustin distinguant deux lois divines : l’une, post concupiscentias meas, interdisant les péchés volontaires, c’est-à-dire le consentement aux impulsions de la concupiscence ; l’autre, non concupisces, condamnant même les excitations indélibérées, loi irréalisable sur cette terre, mais loi dont la violation ne saurait nous être personnellement imputée ni punie en nous. De spir. et lit t., c. xxxvi, n. 65, P. L., t. xliv, col. 2îi ; l>i’perfect. justit., c. n-vn, ibid., col. 293298 ; De uni. n grat., c. lxiii, n. 72, ibid., col. 283 ; De nupttis et, 1. 1, c. xxiii, xxix, ibid., col. 428 432 ; Cont. Julian., I. V. c. iii, n. 9-13, ibid., col. 788. ci. ltieo//i. s, n mini augustiniana, part. I, q. v, a. 4, p. [78-183 ; Faure-Passaglia, notes sur les c. xv, lxxxi, di’i’Enchiridion.

Mais, ces explications données, impossible de confondre la théorie d’Augustin avec e> lie de Baius condamnée dans le propositions 16. 50 » , 54e, 75e, 76 e. n. 926-930 sq. Il y a ressemblance seulement verbale : Baius entend bien que les impulsions involontaires de la concupiscence constituent autanl de péo Is, vera legis inobedientia, pour chacun

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punis danl’enfer. <. Ernst, dan Zeitschrift fù-r kalh. Theol., 1895, p. 191.

Ainsi ; a. Laissant de côté le péché originel qui est d un.- nature spéciale (physiquement inévitable aux enfants d’Adam, il n’est volontaire que moralement et par extension de la volonté’du chef de famille), tout

péché personnel est essentiellement libre d’après Augustin et suppose le pouvoir complet de ne point le commettre. — b. Cela s’applique à l’ignorance : quand elle n’excuse pas, c’est qu’elle est elle-même volontaire et coupable. Au début (en 388-395), il écrivait, De lib. arhit., 1. III, c. xix, n. 53, P. L., t. xxxii, col. 1206 : Non tïbi imputatur ad culpam, quod invitus ignoras, sed quod neqligis quscrere quod ignoras, neque illud quod vulnerata membra non colligis, sed quod volentem sanare contemnis. Le mépris de la grâce, voilà le péché. — Et qu’on ne dise pas que ce texte est virtuellement rétracté dans les ouvrages postérieurs. Bien au contraire. En 415, dans le feu de la controverse pélagienne, De natura et grat., c. lxvji, n. 81, P. L., t. xliv, col. 287, il rappelle textuellement ce passage (l’isole même des phrases suivantes), le confirme comme conciliant très bien la liberté et la grâce. Et en 426-427, les Rétractations, 1. I, c. IX, n. 6, n’effacent rien de ce passage, quoiqu’elles insistent sur les péchés (matériels) de concupiscence et d’ignorance. — c. Aussi saint Augustin a-t-il jusqu’à la fin enseigné que nul commandement de Dieu n’est impossible. La célèbre formule du même ouvrage De nal. et grat., c. xliii, n. 50, P. L., t. xliv, col. 271 : Non igitur Dcus inijiossibilia jubel, sed jubendo admonet, et facere quod possis, et pelcre quod non jjossis, est restée jusqu’à la fin l’expression parfaite de sa pensée. Cl. c. lxix, n. 83, col. 278.

3° théorie : C’est une maxime augustinienne répétée sous mille formes que la grâce de Dieu est invincible : on ne résiste pas à la volonté de Dieu, on n’arrête pas sa toute-puissance. Cf. surtout De corrept. et grat., c. XII, 38, P. L., t. xliv, col. 910 : Subventum est iy>tur in/irmitali voluntatis humanm ut divina gratim indeclinabiliter ci insupe7’abiliter ageretur.

Ici encore le dictionnaire augustinien bien établi expliquerait tout : si la grâce signifiait, comme dans notre langage théologique, toute inspiration divine, Augustin serait janséniste. Mais la grâce dont parle Augustin contre les pélagiens c’est presque toujours, et spécialement ici (dans le De corrept. et grat. qui traite uniquement de la persévérance finale et du fameux auxilium quo) la grâce efficace seule, celle que Dieu donne sachant qu’elle produira sûrement le consentement. Or cette grâce ou cette série de grâces, bien qu’elle ne soit pas irrésistible, de fait sera toujours victorieuse et c’est cette infaillibilité du succès divin qu’Augustin exprime le plus souvent par des lormules d’une exactitude remarquable, par exemple dans le même ouvrage, c. xiv, n. 13, P. L., t. xliv, col. 945 : Cui volenti salvum facere nullum hominum resisiit arbitrium : sic enim velle seu nulle in volentis aui lentis est potestate, ut divinam voluntatem nom impediat. Avec cette ^vàcc il ne. résiste pas, il n’empêche pas, il ne ruine pas, mais il peut résister, il jhuiI empêcher, il peut vaincre, puisqu’il peu) ne pas vouloir. Si parfois Augustin dit qu’il ne peut pas résister à la volonté’le Dieu [ibid., n. Ï5), il veut dire que la liberté’ne peut pas empêcher Dieu do choisir parmi ses grâces celle qui de tait produira le consentement.

4e théorie : A la fin de sa vie Augustin donne tout à Dieu, dans l’œuvre du salut. Il semble donc réfracter toute sa doctrine passée sur la part de la liberté, Voir les références savamment indiquées par ltotimanncr, Der Augustinisnms, p. 25, par exemple De pradest., c. vii, n. 12 : Totum Deo dandum estf ne furie quit extollatur, cf. c. xvi, n. 32 ; Enchirid., c. xxxii : Ut loin, , , detur Deo ; De donc persev., c. iii, u. 33 ; c. xijl, n. 50 ; c. vi, n. 12.

C’est encore le langage augustiniei qui est roslé incompris : le dare totum Deo ne nie pas l’action de l’homme, mais nie que cette action puisse <"" produire MM Ai grâce, pas même un l’on désir, ni la plus courte prière. Le sens de cette formule dans la théorie augustinienne