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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/505

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AUGUSTINISME (DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE V)

minis et angelorum, in-8°, Padoue, 1723 (ouvrage tout entier destiné à réconcilier les augustiniens avec les thomistes) ; Palmieri, De Deo creante et elevante, in-8°, Rome, 1878, th. xxxviii, p. 321-327 ; De gratia, th. lv, p. 488-402 ; Schiffini, Tractatus de gratia divina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1901, disp. V, sect. v, p. 419-430.

II. Augustiniens modérés.

En général : Les théologiens n'étudient guère en détail ces systèmes que depuis la fin du xviie siècle, et encore assez rarement. Suarez avait réfuté en général la prédétermination morale, Opusc. de auxiliis, l. III, c. x, Paris, 1858, t. xi, p. 192 ; Goudin, Tract. theol., Louvain. 1874, t. il, p. 301-309 ; Wirceburgensis theologia, De gratia, (Kilber), n. 273-277.

En particulier : L. Thomassin a tracé l’histoire de ce système dans son ouvrage (incomplet sans doute, mais érudit et utile) : Mémoires sur la grâce où l’on représente les sentiments de S. Augustin, de S. Thomas et de presque tous les théologiens jusqu’au concile de Trente, et depuis le concile, des plus célèbres docteurs des universités de l’Europe, 3 in-8° Louvain, 1668, traduit en latin par l’auteur et inséré sous le titre Consensus scholæ de gratia, dans les Dogmata theol., Paris, 1870, t. vi, p. 1-475. — Massoulié, O. P., dans son Divus Thomas sui interpres, in-fol., Rome, 1707, diss. III, q. iii, t. ii, p. 122-244, étudie longuement les différents modes d’explication morale, en particulier le système de Thomassin, p. 227-244 ; cf. p. 141-160 ; il expose son propre système, t. ii, p. 204-227. Voir sur ce système : Tournely, De gratia, q. iii, Venise, 1755. t. iii, p. 222-325, et surtout l’exposé favorable (avec réserves) par le R. P. Guillermin, O. P., dans la Revue thomiste, janvier et mars 1963, t. x, p. 654-675 ; t. xi, p. 20-31. — Sur le système sorboniste : Isaac Habert, Theologiæ græcorum Patrum vindicatæ circa universam materiam gratiæ cum perpetua cullatione… doctrinæ S. Augustini… et scholæ sorbonicæ, l. III, Paris, 1647, l. II, c. VI, n. 1 ; c. xv, n. 2, etc. ; Tournely, Prænes theologiæ, De gratia Christi, q. vii, a. 4, Venise, 1755, t. iii, p. 523-541, pour l’histoire, p. 536-533. Saint Alphonse de Liguori adopte et expose ce système dans deux ouvrages : Del gran mezzo delia preghiera per conseguire la salute eterna et tulle le grazie che desideriamo da Dio, Venise, 1759 (voir surtout part. II, c. iv, § 3) ; Opera dommatica contro gli eretici pretesi reformati, 1769, c’est un commentaire du concile de Trente, traduit en français (comme le précédent) sous ce titre : Défense des dogmes ; voir surtout sess. VI, n. 15, et l’appendice i, où est réfutée la théorie de Berti. Cf. sur cette théorie de saint Alphonse, Al. de Galonné, Système de S. Liguori sur la grâce, Paris, 1878 ; Jansen, dans la Revue thomiste, 1901, p. 468-503 ; Desurmont, La charité sacerdotale, 1889, t. ii, p. 374-379.

E. Portalié.

AUGUSTINISME (Développement historique de l’). L’influence doctrinale du grand évêque d’Hippone sur la pensée des siècles suivants a été incomparable. A l’article Augustin, on a essayé d’en montrer la profondeur, l’universalité et les principaux caractères, col. 2317-2324, 2463-2467. L’autorité que l’Eglise lui attribue a été appréciée, col. 2163 sq. Il reste à indiquer les phases principales du développement de la doctrine augustinienne dans l'Église. Le mot augustinisme désigne tantôt d’une manière générale l’ensemble des doctrines d’Augustin, ou même un certain esprit philosophique qui les pénètre, tantôt spécialement le système sur l’action de Dieu, la grâce et la liberté. De là :
I. L’augustinisme en général.
II. L’augustinisme théologique de la grâce en particulier.

I. Augustinisme en général.

I. L’AUGUSTINISME JUSQU’A LA FORMATION DE LA SCOLASTIQUE PÉRIPATÉTICIENNE.

Durant cette période, obscurcie par l’invasion des barbares, et chargée de sauvegarder la science théologique de l’avenir, on peut dire qu’Augustin est le grand maître de l’Occident ; il est absolument sans rival, car, s’il en a un, c’est un de ses disciples, Grégoire le Grand qui, formé à son école et pénétré de son esprit, a popularisé, on pourrait dire vulgarisé, ses principales théories. Cette influence prépondérante d’Augustin est le caractère spécial de cette époque jusqu'à l’avènement de la philosophie aristotélicienne. Elle est aussi la première introduction de la philosophie dans la théologie latine, car l’action néoplatonicienne, autrefois exercée sur Augustin, va avoir son contre-coup dans toute la spéculation occidentale. Avant Augustin, il convient de le remarquer, la philosophie était peu en faveur auprès des Pères, et Tertullien n’avait guère vu en elle que la mère des hérésies. Le rôle d’Origène en Orient, acclimatant le néoplatonisme dans les écoles chrétiennes, fut celui d’Augustin en Occident, sauf que l'évéque d’Hippone avait su plus habilement démêler les vérités du platonisme et les rêveries qui s’y étaient mêlées. Ainsi s'établit un courant d’idées platoniciennes qui, avec des recrudescences intermittentes d’intensité, ne cessera jamais d’agir sur la pensée occidentale. Cette influence augustinienne éclate de toutes manières :

1° Les compilateurs si nombreux et si méritants de cette époque, les Isidore, les Bêde, les Alcuin, puisent à pleines mains dans ses œuvres, tout comme les prédicateurs du vie siècle, entre autres saint Césaire.

2° Dans les controverses, et en particulier dans la grande controverse des ixe et xiie siècles sur la validité des ordinations simoniaques, et l’illégitimité des réordinations, ce sont les textes de saint Augustin qui jouent le rôle principal. Le grand nombre des citations du grand docteur suppose à la fois la confiance des écrivains, et l’habitude de le consulter. M. Cari Mirbt a publié une étude très intéressante sur ce fait, Die Stellung Augustins in der Publicistik des Gregorianischen Kirchenstreits, Leipzig, 1888 : avec une grande précision il a relevé, contrôlé toutes les citations augustiniennes dans cette polémique dont les documents sont publiés dans les Monumenta Germ. histor., Libelli de lite imperatorum et pontificum sæculis xi et xii, 3 in-4°, Hanovre, 1890, 1892, 1897. La statistique donnée par Mirbt est à consulter si l’on veut connaître les œuvres d’Augustin lues alors de préférence.

Voici quelques conclusions de cet auteur : Tous les publicistes recourent à Augustin comme à une autorité ecclésiastique prééminente, et tous les partis l’invoquent avec une égale confiance. Op. cit., p. 5-56. Les citations d’Augustin dépassent de beaucoup celles des autres Pères, sauf Grégoire le Grand, ce qui est très naturel, ce pape ayant été, autrement qu’Augustin, en relations avec les princes et mêlé aux affaires politiques. Ibid., p. 75. Ces citations si multipliées, et avec des variantes si nombreuses, sont parfois puisées aux écrits du saint très répandus aux xe et xie siècles dans les cloîtres d’Allemagne et d’Italie, mais souvent aussi à des recueils augustiniens. Ibid., p. 74, 111. L’influence d’Augustin se fait sentir dans presque toutes les questions alors controversées, mais surtout dans la théorie de l’Église, des relations de l’Église et de l’État, de l’excommunication, p. 103, et à propos de la validité des sacrements, surtout de l’ordination sacerdotale. Ibid., p. 106-108. Le fait que toute cette collection de brochures politiques dépend si étroitement d’Augustin, est une éclatante preuve de son influence. Au fond, le moine de Constance, Bernold (1054-1400), exprimait la pensée de tous, quand il l’appelait vere ipsius sacræ Scripturæ armarium, Epist., i, adversus Alboinum, Libelli de lite, etc., t. i, p. 7, et quand il écrivait ; quia igitur, tam egregii doctoris assertioni et nos absque scrupulo adquiescere debemus, quem et romani pontifices juxta attestationum S. Cælestini papæ inter magistrat, dum adhuc viveret, habuere : cujus et opuscula post mortem ejus pro authenticis recipienda synodali judicio decrevere. De sacramentis excommunicatorum, n. 3, dans Libelli, etc., t. ii, p." 92.

3° Dans la période préthomiste de la scolastique en formation, d’Anselme à Albert le Grand, Augustin est le grand inspirateur de la théologie. De cette époque surtout se vérifie ce qu’a écrit de Rémusal : « On ne saurait imaginer à quel point ce grand esprit, si orné, si cultivé, a défrayé d’idées et d'études les docteurs du moyen âge. Avant d’attribuer à l’un d’eux l’invention d’un système ou la connaissance directe d’une pensée antique, il faudrait tirer d’abord qu’Augustin n’en avait rien dit. Sévère