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clairs. Il s’agit réellement du temple de Dieu, dans lequel tous les fidèles doivent se réunir, d> ; èiù ëv ôusiatnrr, ptov. Ad Magnes., vii, 2, i&id., p. 196. Cet autel, c’est l’autel eucharistique, car il n’y a qu’une eucharistie, qu’un seul corps de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’un seul calice dans l’unité de son sang, qu’un seul autel, comme il n’y a qu’un seul évêque avec son preshyterium et ses diacres. Ad Philad., iv, ibid., p. 226. L’unilé de l'Église se manileste par l’unité d’un seul sacrifice eucharistique. Ct. Ad Ephes., xx, 2, ibid., p. 190. F. Prohst, Liturgie der drei ersten christl. Jahrhunderte, p. 67-68. Voir col. 1643-1644. Une des imputations les plus communément adressées aux chrétiens par les païens consistait à les accuser de n’avoir pas d’autels. Voir col. 1581. Les Pères apologistes, sans y insister beaucoup, ont reconnu que les fidèles n’avaient pas d’autels pareils à ceux des païens et des juifs et destinés au culte des idoles et des sacrifices sanglants, Athénagore, Légat, pro christ., 13, P. G., t. VI, col. 916 ; Minulius Félix, Octavius, 10, P. L., t. iii, col. 264 ; Arnobe, Adv. génies, vii, 3, P. L., t. v, col. 1220-1222 ; cf. Origène, Cou t. Cels., VII, 64 ; VIII, 17-20, P. G., t. XI, col. 1512, 1510-1549 ; mais ils n’ont jamais nié qu’ils eussent des autels sur lesquels s’offrait le sacrifice non sanglant de l’eucharistie. Saint Justin, Apol., i, 65-67, P. G., t. vi, col. 428-429, décrit la messe et la communion, et comme il affirme, Dial. cum Tryph., 41, 117, ibid., col. 564, 745, que l’eucharistie est un sacrifice, préfiguré par les sacrifices judaïques et prédit par le prophète Malachie, il suppose nécessairement l’existence d’autels sur lesquels ce sacrifice est offert. Voir col. 15981599. Saint Irénée enseigne très formellement que Jésus-Christ a institué un sacrifice et que ce sacrifice de pain et de vin doit être ollert sur l’autel souvent et sans interruption. Cont. Iiser., IV, 18, n. 6, P. G., t. vii, col. 1029. Cf. Prohst, op. cit., p. 120, 129. Il est inutile de poursuivre plus loin les preuves de l’existence de l’autel chrétien ; elles abondent dans les écrits des Pères. Il est plus important de déterminer avec exactitude et précision la signification des divers noms par lesquels les Pères l’ont désigné.

Il est remarquable que les premiers Pères grecs, lorsqu’ils parlent du sacrifice chrétien, évitent soigneusement d’employer des expressions qui eussent pu rappeler les autels païens. Ainsi ils ne se servent jamais des mots pu (j.6 ; et èo^âpa, qui désignaient les autels des taux dieux. Bww ; est employé pour la première fois par Synésius, Catastasis, P. G., t. lxvi, col. 1573, pour désigner Uautel du sacrifice non sanglant ; mais cet évoque se sert aussi de OuacaoTTiptov, col. 1572. Plus tard, saint Chrysostome, In Epist. 1 ad Cor., homil. xxiv, n. 1, P. G., t. i.xi, col. 200, oppose encore très expressément -.'il xûv etScôXcov [io)|j.ôv au 8uc7ta<mqpiov du Seigneur rougi île son sang. Toutetois, les Pères grecs répètent aussi la dénomination -pà.-e.Z’x Kupfou, usitée par saint l'.ml. I dur., xi, 23. Origène, Cont. Cels., viii, 21, /'. G-, t. xi, col. 15." » :  ;. Ils disent même simplement Tpà-^ï. Eusébe, II. / :., vii, 9, /'. G., t. xx, col. 656 ; S. Athanase, Apol. eut. arian., 'M, P. G., t. xxv, col. 300 ; Hitt. arian. ad nionach., 56, ibid., col, 760 ; S. Chrysostome, In Malth., homil. xi, n. 9 ; xi.ix, n. 2 ; lxxxii. n. 5, /'. (', ., t. i.vii, i.vmi, col. 251, 598, 7îi ; Advers. ebriosot, n. : '>, l'.G., t. L, col. 137.11s ajoutent

p : i i-i < m s des qualificatifs, tels que Ispi, S. Chrysosl,

lu Watth., homil. LXXXII, n. 2. /'. '.'.. t. î.vill, col. 739 ; Cont. jutt. ct gent., n. s, 9. /'. '.'., t. xi.viii, col. 824, 826 ; lu Act. Apost., homil. îx, n. 6, /'. G., t. i.x, col. 81 ; Synésius, Catastasis, P. c., t. lxvi, col. 1569 ; Socrate, H, /-'., i, '17, /'. G., t. i.xvii, col. 176 ; Sozomène, II. E., v, 20 ; viii, 7 ; ix. I, ibid., col. 1280, 1533, 1596 ; on jrytot, S. Grégoire de Nj se, / « bapt. Christi, P. '., t. xi.vi, col. 581 ; ou ij.-jtt'.v.^. S. Gri oire de Nazîanze, Carm., 1. II, sect. i, 12, /'. G., t. xxxvii, col. 1161 ; ou |ive « x^

ym 8£ ; 'a, S. Hippolyte, Fragm. in Prov., P. G., t. x, col. 628 ; ou çpixrrç, S. Chrysostome, De pœnit., homil. VI, n. 5, P. G., t. xlix, col. 322 ; In Matth., homil. lxxxii, n. 1, P. G., t. lviii, col. 737, 738 ; ou tîuioc. Évagre, H. E., vi, 21, P. G., t. lxxxvi b, col. 2876.' Il n’en faudrait pas conclure que ces écrivains ecclésiastiques considéraient l’eucharistie comme un simple repas, car plusieurs d’entre eux emploient aussi O-jTiaiTTrjpcov, soit dans le même passage que tpâirîÇa, S. Grégoire de Nysse, loc. cit. ; Socrate, H. E., i, 37, P. G., t. lxvii, col. 17ô ; S. Athanase, Cont. Arium disput., n. 17, P. G., t. xxviii, col. 457, soit dans d’autres écrits. S. Chrysostome, lu F/iist. I ad Cor., homil. xxiv, n. 1, /'. G., t. LXI, col. 200 ; In Joa., homil. xlvi, n. 3, P. G., t. Lix, col. 260.

Pour désigner l’autel chrétien, les Pères latins emploient les mots mensa, ara, altare et dans la basse latinité, altarium, avec ou sans déterminatif. Terlullien, De oral., 19, P. L, ., t. i, col. 1182, l’appelle ara Dei. Cf. Prohst, op. cit., p. 185-186. Mais les autres écrivains latins évitent de se servir de ce nom, en parlant des autels chrétiens. Saint Cyprien, Epist., XL, 5 ; lxvi, 1, P. L., t. iv, col. 336, 398, et ailleurs, se sert exclusivement du nom allare. Il distingue même très explicitement les aras diaboli de Yallare Dei. Epist., lxiv, ibid., col. 389 ; cf. Liber ail Demetrianum, 12, ibid., col. 553. C’est dans le même sens que Minutius Félix, Octavius, 10, P. L., t. iii, col. 264 ; Prudence, Pcrist, , vi, 36, P. L., t. lx, col. 414 ; saint Pierre Chrysologue, Serm., li, P. L., t. lii, col. 313, etc., emploient ara pour parler des autels païens. Voir cependant ara dicata Deo. Prudence, Pcrist., xi, 170, P. L., t. lx, col. 518. Par suite, l’expression la plus habituelle et pour ainsi dire consacrée pour désigner l’autel chrétien est allare, S. Ambroise, De virginitate, xviii, n. 119, P. L., t. XVI, col. 297 ; S. Augustin, Cont. Faust., XX, 21, P. L., t. xi. ii, col. 381 ; Prudence, Pcrist., ix, 100, P. L., t. lx, col. 112 ; S. Paulin de Noie, Poem, , xix, 661, P. L., t. i.xi, col. 518, etc. Enfin, on trouve mensa à côté à ! altare. S. Augustin, In Joa., tr. XXVI, n. ii, 15, P. L., t. xxxv, col. 1611, 1614. Dans beaucoup de cas, altare désigne tout l’autel, mensa, sa surface. Aujourd’hui, nous disons souvent de même, ou encore nous appelons autel, le lieu du sacrifice eucharistique, et table, sainte table, le lieu où se distribue la communion. Sacramenti donalri.r, mensa. Prudence, l’erist., xi, 171, /'. L., I. lx, col. 519.

II. MATIÈRE ET FORME.

1° Dans les premiers temps du christianisme, tant que les réunions liturgiques se tinrent dans des maisons particulières, on dut nécessairement se servir de tables pareilles à Celles sur lesquelles on prenait les repas journaliers. Ces tables à manger étaient en bois, de forme carré'e ou circulaire, montées sur des châssis, sur trois pieds ou même sur une seule tige et diversement placées dans les Irnli nia. A. Hieh, Dictionnaire des antiquités romaines ci grecques, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 39'.). La table de la Cène était de cette nature et en bois de cèdre, si touteiois l’authenticité des restes qu’on en montre a Saint Jean de bah. m

est certaine. Barbier de Montault, Œuvres complètes,

Paris, 1893, t. vii, p. 315-316. Les autels qui sont conservés à Sainte-Pudentienne et à Saint-Jean de Latran et sur le quels saïui Pierre lui-même, suivant une

tradition, ou au moins les premiers papes auraient célébré l’eucharistie, étaient en bois. Barbier de Montault, Œuvres complètes, t. i, p. 407-408 ; t. si, p. 373-375 ; t. xv, p. lo. l’ai' respect, ces tables eucharistiques durent être bientôt distinctes des tables communes et réservées exclusivement a l’usage liturgique. Celles qui Bervaient aux agapes, voncol. 551.">">ii, étaient aussi distinctes de la table < ! < l’autel. L’usage des tables de bois, ml d’autel sou^ différentes formes, s’est conservé dan^ I Eglise. Saint (ipi.it de Milève, lie schitmate do-