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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.2.djvu/545

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AUTEL


exigent cet usage. En montant à l’autel, après le Conjiteor, le prêtre prononce cette prière : Oramus te, Domine, per mérita sanctorum tuorum quorum reliquise hicsunt, et il baise l’autel à l’endroit du sépulcre. Pour remplacer les autels portatifs, munis de reliques, les grecs se servent actuellement d’anlimensia. Voir col. 1389-1391.

III. Consécration.

Les autels ne furent pas seulement sanctifiés par l’usage saint qu’on en faisait, ni par la présence des reliques des saints, ils reçurent une consécration spéciale, qui remonte sans doute aussi haut que la dédicace des églises ou la prise de possession des édifices destinés au culte par une solennité particulière. On en connaît des exemples dès le lendemain de la persécution de Dioclélien. Le transfert des reliques des martyrs dans l’enceinte des nouveaux édifices sacrés était souvent l’occasion de l’inauguration solennelle des églises chrétiennes. Le pseudo-Denys l’Aréopagite, Eccl. hierarch., l, 12, P. G., t. iii, col.481, 485, en fait remonter l’origine au temps apostolique. Le concile d’Agde, tenu en 506, dans son canon 14 : Altaria vlacuit non sol uni unctione chrismalis, seil etiam sacerdotali benedictione sacrari, Mansi, Concil., t. VIII, col. 327, le concile d’Orléans, en 511, voulant que les églises des hérétiques soient consacrées simili, quo nostrm innovari soient, ordine, can. 10, Mansi, ibid., col. 353, et le concile d’Épaone, cité plus haut et ordonnant, en 517, de ne consacrer que les autels de pierre, semblent établir un usage nouveau. En tout cas, l’Église romaine n’avait encore, vers le milieu du vr siècle, aucun rituel pour la dédicace des églises, et on n’en trouve pas de trace antérieure au viiie siècle. Duchesne, Origines du culte chrétien, p. 389-391. Le sacramentaire gélasien contient des prières et des formules pour la consécration des autels. M. Duchesne, qui en a étudié les rites, op. cit., p. 391-393, y reconnaît un rituel exclusivement funéraire. « On prépare le tombeau du saint, on l’y transporte, on l’y enferme, on répand un parfum à l’intérieur et à l’extérieur du sépulcre. » Le même savant liturgisle décrit la dédicace gallicane. Les cérémonies sont différentes de celles de l’usage romain ; on y remarque en particulier la lustration et l’onction de l’autel, op. cit., p. 390-397, et la translation des reliques, p. 398-399. Cf. p. 461-462, 464-468. Ce rituel, au lieu d’être funéraire, comme celui de Home, est calqué sur celui de l’initiation chrétienne. De même que le chrétien est dédié par l’eau et l’huile, ainsi l’autel est consacré par l’ablution et l’onction. La consécration faite, on y introduit les saints représentés par leurs pignora. Grégoire de Tours, Liber de gloria conf., c. xx, P. L., t. i.xxi, col. 842-843, décrit une consécration d’autel, qui est conforme au rituel gallican. Les deux usages, romain et gallican, ont été diversement combinés et mêlés par les liturgistes francs du VIIIe et du IXe siècle. Le pontifical actuel est, lui aussi, le résultat de la rombinaison de ces deux rituels. Voir Catalani, Pontificale romanum, Paris, 1851, t. ii, p. 16-263. Au xe siècle, le roi anglo-saxon Edgard détend, can. 31, P. /.., t. cxxxviii, col. 501, de célébrer lamesse sans autel consacré’.

Le rituel byzantin, publié par Goar, Euchologtum, Paris, 1617. p. 832 sq., décrit la dédicace de l’autel et la déposition des reliques, qui sont des cérémonies distinctes, ayant lieu, en règle ordinaire, à des jours différents. L’évéque scelle lui-même la table (le l’autel sur il’* colonnes, ou bien sur une base pleine. Il y fait le Signe de la croix et la lave avec de l’eau baptismale, puis In iu : il fait ensuite îles ourlions de chrême et’les fumigations d’encens. La déposition îles reliques. précédée d’une vigile solennelle, se fait avec toute la pompe possible. Avant de fermer le tombeau des reliques

l’évéque) t du chrême. Syméon de Thessalonique

décrit les mêmes cérémonies et en donne la signification symbolique. De sacro templo, c. cvii, ex, exi, cxv-cxvii,

P. G., t. clv, col. 313, 316, 320, 321. Cf P. Probst. Die àltesten rOmischeu Sacramentarien und Ordines, .Munster, -1892, p. 212-246 ; Id., Die Abendlândische Messe, 1896, p. 225-226 ; dom Cabrol, Le livre de la prière antique, Paris, 1900, p. 311-320.

IV. Nombre.

1° Chaque église n’eut d’abord pendant longtemps qu’un seul autel. Saint Ignace d’Antiocbe, Ad P/iilad., iv, Funk, Opéra Pat. apostol., t. i, p. 226, le dit expressément : « Il n’y a qu’une eucharistie…, qu’un autel, comme il n’y a qu’un évêque. » Saint Augustin, In Epist. Joa. ad Parlhos, tr. III, 5, P. L., t. xxxv, col. 1999 ; saint Cbrysostome, In Epist. Il ad Cor., homil. xvii, n. 3, P. G., t. LXI, col. 528 ; Eusebe, H. E., x, 4, P. G., t. xx, col. 877, ne parlent que d’un seul autel. Les grecs ont conservé l’usage de n’avoir dans chaque église qu’un autel unique ; mais ils ont, tout autour ou à côté, des chapelles dans lesquelles les prêtres célèbrent des messes privées. Goar, Euchologium, p. 16. Cet usage persévéra même en Occident, tant qu’on ne célébra le même jour qu’une seule messe dans les églises. Benoît XIV, const. Allatse, du 26 juillet 1755, § 37, Bullarium, Home, 1762, t. iv, p. 133, constate que les savants sont en désaccord pour déterminer si dans les basiliques de l’Eglise occidentale il y avait, suivant l’ancienne discipline, un ou plusieurs autels. S’il existe encore dans les églises cimetériales des catacombes plusieurs arcosolia, disposés pour la célébration des saints mystères, il semble bien que les basiliques constantiniennes n’eurent qu’un seul autel. Cependant les autels des églises cimetériales n’étaient pas abandonnés, et au témoignage du Liber ponli/icalis, P. L., t. cxxviii, col. 623-62’i- ; édit. Duchesne, t. i, p. 305, 306, le pape Jean III pourvut à leur entretien pour que le saint sacrifice y fût offert tous les dimanches.

2° Mais, lorsque l’usage de célébrer des messes privées se répandit de plus en plus en Occident, on multiplia les autels pour la facilité des prêtres. Déjà, saint Paulin de Noie, Epist., xxxi, n. 6, P. L., t. LXI, col. 329, parle d’une basilique aureis dives altaribus. Saint Grégoire le Grand, Epist., 1. VI, xlix. P. L., t. lxxvii, col. 834, envoie des reliques pour la consécration de treize autels dans une église de Saintes. Mabillon, De liturgia gallicana, Paris, 1685, p. 70, décrit une église du VIIe siècle, qui avait trois autels. A cette époque, les exemples abondent ; le nombre des autels varie selon l’étendue de l’édifice où ils sont placés et le nombre des prêtres qui sont attachés à son service. Dans un capitulaire, publié à Thionville en 805, Charlemagne s’occupe des autels et décide, can. 5 : Ut non super (luasinl in ecclesiis. Baluze, Capitidaria, Paris, 1780, t. i, p. 422. L’usage a maintenu en Occident la pluralité’des autels dans une même église. Aujourd’hui, ils ne sont pas nécessairement tous consacrés ; il suffit qu’il y en ait un pour la célébration de la messe. Sur les autels de Saint-Pierre de Home, voir Barbier de Montault, Œuvres complètes, Poitiers, 1889, t. ii, p. i’78-’n81.

V. ESPÈCES.

1° Dans la discipline actuelle, l’autel sur lequel on peut et on doit offrir le saint sacrifice de la messe, est fixe ou portatif, baille] fixe ou immobile est celui dont la table de pierre, ayant ordinairement la même superficie que la base de maçonnerie qui la supporte, est inséparablement unie à cette base solide au jour de la consécration de telle sorte qu’elle ne lait avec elle qu’un tout, sanctifié par l’onction du saint chrême, et qu’elle perdrait sa Consécration par le seul lait de leur

séparation. L’autel portatif est une simple pierre d’autel, pouvant être détachée de la base et en étant tout a l’ait distincte, mobile par conséquent, consacrée isolément, placée ordinairement au milieu d’un autel et capable d’être transportée d’un lieu a l’autre sans perdre sa consécration. Quelques liturgistes prétendent que les

autels portatifs ont été en us.rje des les premiers se

de 1 Eglise. Les laits sur lesquels ils appuient leur sen-