G6, 69, 75 sq. ; cf. Choisy, Précis, p. xiv, xvi, xxi ; puis les chap. i-iv du livre I, enfin 1. II, c. H, conclusions, p. 50 sq. Pesch a groupé plusieurs des textes de Harnack, n. 310, note.
Pour M. Seufert, Jésus n’aurait même pas choisi les douze ; l’apostolat serait une institution judaïsante née de la lutte de Paul contre les judaïsants. Cf. H. Monnier, dans la Bévue de l’histoire des religions, Paris, 1899, t. xl, p. 448.
M. Eric Ilaupt admet le choix de douze privilégiés, sur le témoignage de saint Paul, I Cor., xv, 5 ; mais, non plus que les soixante -douze disciples, ils n’avaient d’autre mission que de préparer les voies à Jésus ; même après la résurrection, nulle trace de mission, nulle trace d’autorité confiée par Jésus ; rien dans Jean ou dans les Actes ne permet de leur reconnaître autre chose qu’une influence morale. La seule charge confiée aux douze (par la communauté chrétienne), c’est le ministère de la prédication ; encore cette charge n’est-elle pas leur privilège exclusif. Saint Paul est le premier à réclamer Vautorité, et à l’exercer ; mais le ministère de Paul diffère, fond et forme, de celui des douze. Paul d’ailleurs, dans sa propre sphère d’aclion, ne reconnaît cette autorité à personne autre qu’à lui. Le titre d’apôtre ne vient pas de Jésus, et il faut entendre Luc, vi, 13, comme une interprétation personnelle de l’écrivain. L’apôtre n’est conçu comme itinérant que depuis la Aïoor/ri ; mais l’apôtre de la AcSayri n’est plus l’apôtre tel que l’entend saint Paul, celui qui « a vu le Ressuscité » . Par essence, l’apôtre n’a pas de successeur, car l’apostolat est un charisme, et les charismes ne se transmettent pas. D’où il suit que la « succession apostolique est un mythe » . Cf. H. Monnier, loc. cit., p. 449 sq.
Voilà quelques-unes des théories. Mettons-nous en présence des textes et des faits.
III. Les origines de l’apostolat. — i. Choix et préparation des apôtres. —Dès les déhuts de sa vie publique, nous voyons Jésus grouper autour de lui des disciples choisis, qui l’écoutent, qui l’accompagnent, qui deviennent comme sa famille. Joa., i, 35-51 ; II, 2, 11 ; Matth., iv, 18-22 ; v, 1 ; ix, 9 ; Luc, v, 10, 11, 27, 28 ; vi, 1, 12-18. Parmi eux sont déjà ceux qui seront bientôt « les apôtres » , et Jésus montre assez clairement ses intentions spéciales sur eux par quelques mots, gros de leur avenir. A Simon, en le regardant : « Tu t’appelleras Céphas. » Joa., I, 41. Aux quatre pêcheurs de Génésareth : « Suivez-moi, je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Matth., iv, 19.
Bientôt une nouvelle sélection s’opère qui sépare nettement les douze apôtres du nombre des disciples. Les Synoptiques en parlent dans des termes qui montrent la grandeur de la décision : « Il appela à lui ceux qu’il voulut, et ils vinrent à lui, et il fit qu’ils fussent douze avec lui et qu’il les envoyât prêcher. » Marc, III, 13, 14. Saint Luc est plus précis. Il nous montre Jésus se retirant sur la montagne pour prier Dieu et passant la nuit en prière ; il ajoute : « Quand le jour fut venu, il appela Bes disciples, et il en choisit douze parmi eux, auxquels il donna le nom d’apôtres. » Lur., vi, 12, 13 ; cf. Matth., x. 1, 2. Quel fut le mot araméen dont Jésus se servit, je ne sais ; tout au plus peut-on le conjecturer. Mais cela ne nous renseignerail guère. Plus instructive est la conduite de Jésus à leur égard. Désormais ils vont vivre dans sa familiarité’, Marc., m. 4 ; Luc, viii, 1 ; entendre toutes ses instructions, en recevoir de spéciales peur eux. rumine les amis pour lesquels il n’est point de secret, Matth., xiii, 11, 16 ; Joa., xv. 15 ; ils auront m des exercices préparatoires, une mission temporaire comme pour préluder a la mission définitive. Matth., x, 1 sq. ; Lue., ix. I, 2. C’est toute me’éducation, menée divinement. En les formant pour le présent, il les prépare à l’avenir. Ce royaume de Dieu qu’il prêche, il le leur montre comme un grand organia social, ou
leur place est marquée. C’est une Église qu’il bâtira sur la pierre et dont avec Pierre ils seront les fondements, Matth., xvi, 18, 19 ; cf. Luc, xx, 12, 31, 32 ; c’est une société où ils auront tout pouvoir. Matth., xviii, 16-18. Déjà il leur montre en quel esprit ils devront exercer ce pouvoir : une mansuétude toujours prête à pardonner. Matth., xviii, 21 sq. ; une humilité et un dévouement qui ne voient dans le gouvernement qu’un moyen de rendre service et de faire du bien. Joa., xiii, 13-16, Luc, xxii, 24-27. A mesure que la passion approche, ses instructions deviennent plus intimes, Joa., xiii-xvi, et sa prière plus pressante pour eux et pour « ceux qui doivent croire sur leur parole » , Joa., xvii, 20 ; ses promesses plus assurées. Joa., xv, 33 ; cf. Luc, xxi, 12-19 ; Joa., xiv, 26 ; xvi, 12, 13, etc. Il les charge de perpétuer le sicrifice de la loi nouvelle, Luc, xxii, 19 ; il va les envoyer comme il a été lui-même envoyé, Joa., xvii, 18, cf. xv, 16 ; le Saint-Esprit les instruira de tout, et il leur rendra témoignage de Jésus pour que, à leur tour, ils rendent témoignage, Joa., xiv, 26 ; xvi, 13 ; xv, 26, 27 ; il sera éternellement avec eux. Joa., xiv, 16. C’est par leurs soins évidemment que le grain de sénevé deviendra un grand arbre, par leur bouche que l’Évangile sera prêché jusqu’aux extrémités du monde. Matth., xxiv, 14 ; xxvi, 13. Après la résurrection, tout devient plus précis encore. Non seulement il raffermit leur foi ; mais il achève de leur dessiner son plan et de les préparer à l’exécution. Il les envoie comme son Père l’a envoyé, et il leur donne le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, Joa., xx, 21-23 ; il leur parle du royaume de Dieu, Act., i, 3 ; pourquoi, sinon pour leur renouveler ses instructions, pour préciser ce qu’ils n’avaient compris que vaguement, pour prendre enfin les dernières dispositions pratiques ? Après son départ, ils devront attendre encore quelques jours dans la prière et la solitude l’Esprit tant de fois promis, qui achèvera en un moment l’œuvre de leur formation, que Jésus, tout Dieu qu’il était, n’a fait qu’ébaucher ; mais déjà ils savent qu’ils doivent être’es témoins de leur maître en Judée, en Samarie et jusqu’au bout du monde, Act., i, 8 ; déjà ils ont reçu la mission solennelle d’aller au nom du Christ, d’instruire toutes les nations, de les baptiser, de leur apprendre à garder les préceptes que Jésus a donnés à ses apôtres pour elles ; bref, ils sont les envoyés de Jésus, comme Jésus est l’envoyé de son Père ; leur mission est sa mission, et leurs pouvoirs sont fondés sur sa puissance souveraine. Matth., xxviii, 18 sq. ; cf. Marc, xvi, 15 ; Joa., xvii, 18 ; xx, 21. Voilà l’origine de l’apostolat. On voit qu’elle est inséparable des origines mêmes de l’Eglise. La fondation de l’Église et la mission apostolique ne font qu’un : si Jésus est l’envoyé de Dieu, la mission des apôtres est divine, divine est l’Église.
2. Le collège apostolique.
Les apôtres ne sont pas dans la pensée de Jésus des unités séparées, des individus sans autre lien entre eux que d’être groupés autour du même maître, que d’être envoyés par lui pour le prêcher partout. Ils font un corps : il n’y a pas seulement douze apôtres, il y a un collège apostolique. La nature même de l’œuvre qu’ils doivent fonder suffirait pour montrer la chose à l’évidence : ils ne peuvent fonder une Kglisc, que s’ils sont un entre eux. D’ailleurs, nous en avons des témoignages directs et exprès. Celle unité parfaite que Jésus demande pour eux dans sa dernière prière, Joa., xvii, 21, est. sans doute et a ; ml tout, l’unité des rieurs, cette charité qu’il leur recommande si instamment dans le discours après la cène. Joa., XIII, 34 ; xv, 12, etc. Mais elle emporte l’unité extérieure et sociale, la coopération com
mmie à une même o’uvro. Toutes ses instructions, tout » sa manière d’agir avec eux montrent clairement que. comme apôtres, ils ne font qu’un à ses veux. Ces ! en COrpS qu’ils roeoiont le pouvoir de lier et de délier, Matth., xviii, 18, de consacrer, Luc, xxii, 19 ; de i e-