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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/210

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ADAM — ADAM JEAN

t. xliv, col. 462-463. Et c’est cela surtout qu’il faut, d’après les Pères et les docteurs de l’Église, placer le rapport typique d’Adam à Jésus-Christ. S. Irénée, Cont. hser., l. III, c. xxii, P. G., t. vii, col. 958 ; Origène, Comment, in Epist. ad Rom., l. V, n. 1, P. G., t. xiv, col. 1007 ; S. Jean Chrysostome, In Epist. ad Rom., homil. x, n. 1, P. G., t. lx, col. 475 ; S. Ambroise, Comment, in Epist. ad Rom., v, 14-15, P. L., t. xvii, col. 96-97 ; S. Thomas, Exposit. in Epist. ad Rom., c.v, lect. iv. L’antithèse existe entre la personne des deux chefs et le genre d’influence qui leur est propre : Adam n’est de soi, et déchu il n’est en fait, qu’un principe de vie naturelle, tandis que le Christ, uni hypostatiquement à la personne du Verbe et rédempteur du genre humain, est de soi et en fait un principe de vie surnaturelle : Factus est primus homo Adam in animant viventem ; novissimus Adam in spirilum vivificantem. I Cor., XV, 45. L’antithèse existe surtout entre les actes des deux chefs et les conséquences qui s’ensuivent ; d’un côté, désobéissance, état de péché et de déchéance, mort ; de l’autre, obéissance, justification et réhabilitation, résurrection : Sicut enim per inobedientiam unius hominis pcccatores constituti sunt multi, ita et per unius obeditionem jusli constiluentur nvulti. Rom., xv, 19. Et sicut in Adam omnes moriuntur, ita et in Christo omnes vivificabuntur. I Cor., xv, 22.

Toutefois, par le fait même qu’Adam et Jésus-Christ sont tous deux principe de vie pour les autres hommes, il y a nécessairement dans le rapport typique de l’un à l’autre plus qu’une antithèse. En tant que créé immédiatement par Dieu et constitué souche physique et chet moral de l’humanité surélevée, destiné à devenir le père et l’éducateur d’une race nombreuse et, en vue de cette mission, orné de dons insignes et tout à lait exceptionnels, Adam est, par rapport de similitude, la figure de celui qui devait être conçu dans le chaste sein de la "Vierge Marie, grâce à une action immédiate du Saint-Esprit, constitué par Dieu chef des hommes et leur maître par excellence, orné même dans sa nature humaine des dons les plus sublimes de science et de sainteté. Si la personnalité divine, qui prime tout en Jésus, fait que la réalité surpasse infiniment la figure, celle-ci n’en reste pas moins vraie, bien qu’imparfaite. Aussi Tertullien émet-il une idée aussi juste qu’élevée, quand il nous montre le divin ouvrier s’attachant avec un amour de prédilection à la formation du premier corps humain, et fixant en même temps son regard sur le second Adam, le Christ, comme sur un idéal qu’il entrevoyait déjà dans l’avenir : Quodcumque limus exprimebatur, Christus cogitabatur homo futurus. De resurr. carn., c. vi, P. L., t. ii, col. 802. Cf. Prudence, Apotheosis, vers 1028 à 1041, P. L., t. lix, col. 1002. Pour garder à cette idée toute sa beauté, il n’est pas nécessaire de recourir à cette supposition singulière, faite par les Juifs et rapportée par Eugubinus dans sa Cosmopoeia, Gen., i, Venise, 1591, fol. 40, à savoir que le Fils de Dieu aurait dès lors pris une forme hur.iaine pour façonner lui-même de ses mains et à son propre modèle le corps de son premier ancêtre.

Adam est encore figure de Jésus-Christ sous un autre aspect, tiré de son rapport non plus au genre humain, mais à Eve son épouse. Gen., ii, 21-24. Le premier homme endormi d’un sommeil extatique, pendant que Dieu forme la première femme d’une de ses côtes, c’est Jésus-Christ, endormi sur la croix du sommeil d’une courte mort, pendant que l’Église sort de son côté entr’ouvert par la lance du soldat. Tertullien, De anima, c. xl, P. L., t. ii, col. 725 ; S. Augustin, In Jua., tr. IX, n. 10, P. L., t. xxxv, col. 1163 ; S. Thomas, Sum. theol., ! % q.xcn, a. 2, 3. Adam, se trouvant pour la première fois en face d’Eve, reconnaissant en elle l’os de ses os et la chair de sa chair, et s’écriant dans la pleine conscience du grand mystère qui s’est accompli : « C’est pourquoi l’homme laissera son père et sa mère, pour s’attacher à son épouse, et ils seront deux en une seule chair, » c’est sous une figure prophétique le Christ aimant l’Église son épouse jusqu’à tout quitter et à mourir pour elle. Ephes., v, 25-32 ; S. Augustin, loc. cit. Aussi, après avoir rappelé les paroles d’Adam, saint Paul ajoute : « C’est là un grand mystère, je veux dire dans le Christ et dans l’Eglise. »

Remarquons enfin que, dans son rapport typique au Christ rédempteur, Adam n’est pas complet sans Eve. Dans l’ordre de la chute et du péché, Adam et Eve ne forment, à proprement parler, qu’un groupe, celui de nos premiers ancêtres, celui des vaincus de Satan, comme dans l’ordre de la rédemption et du salut, Jésus et Marie, sa mère, ne forment aussi qu’un groupe, celui de nos seconds ancêtres, celui des vainqueurs de Satan. Mais cette considération, riche dans la littérature patristique, est en dehors de notre sujet. Voir Eve.

1° Sur la création d’Adam et son élévation à l’état surnaturel : S. Thomas, Sum. theol., 1% q. xc-xcv ; Suarez, De opère sex dierum, 1. III ; Bellarmin, De gratta primi hominis ; Gotti, tr. X, De homine, q. m ; Mazzella, De Deo créante, disp. IV ; Palmieri, De Deo créante, part. II, c. ii, a. 1 ; Christ. Pesch, Praslect. dogmat., t. iii, De Deo créante, sect. iv, a. 1.

2° Sur le péché d’Adam : S. Augustin, De Gen. ad Int., 1. XII ; De civit. Dei, l. XIII, c. xi-xv, P. L., t. xxxiv, col. 429 sq. ; t. xli, col. 418 sq. ; S. Thomas, Sum. theol, II", II*. q. clxiii-clxiv ; Suarez, De opère, l. III, c. xxi ; 1. IV ; Bellarmin, De amissione gratix, 1. III ; Gotti, loc. cit., q. v ; Mazzella, loc. cit., disp. V, a. 1 ; Palmieri, loc. cit., c. iii, th. lxv ; Christ. Pesch, loc. cit., prop. xxv.

3° Sur le salut d’Adam : S. Irénée, Cont. hær., l. III, c. xxiii, P. G., t. vii, col. 960 ; Philippe de Harveng, Responsio de salute primi hominis, P. L., t. CCIII, col. 593-622 ; Alfonsus a Castro, Adv. hæres., l. II, au mot Adam et Eva, Opéra omnia, Paris, 1578, t. I. p. 108 sq. ; Suarez, De oper. sex dierum, l. IV, c. ix ; Bellarmin, De amissione gratix, 1. 111, c. xii ; Gotti, toc. cit., q. vi, dub. iv ; Noël Alexandre, Hist. ecclesiast., édit. Roncaglia, Paris, 1740 sq., t. I, diss. III, De Adamo et Eva, a. 3 ; t. v, diss. XVII, Adv. Tatianum, a. 1.

4° Sur la sépulture d’Adam au Calvaire : Suarez, In III" Summse, q. xlvi, a. 10, n. 6-10 ; Gretser, Tract, de S. Cruce, l. I, c. XVIII, Opéra omnia, Ratishonne, 1734, t. I ; Duguet, Traité de la croix, Paris, 1733, t. VIII, col. xvil-xviii, Molanus-Paquot, De historia SS. imaginum, Loùvain, 1771, I. IV, c. xi. — Dans le sens opposé : Jean (Niculaï, De sepulchris Hebrxorum, loc. cit. ; Jean Gerhard, Harmonise evangelistnrum, part. IV, Genève, 1645, fol. 197-198.

5° Sur Adam figure de Jésus-Christ : dans l’appendice aux œuvres de saint Ambroise, Serm., xlv, De primo Adam et secundo, P. L., t. xlii, col. 691-692 ; S. Fulgence, Serm., ii, n. 7, P. L., t. lxv, col. 728-729 ; Jacq. Salian, Annales ecclesiast. V. T., ad ann. mundi 930, n. 8-9 ; Bossuet, Élévations sur les mijstères, viii’sem., 2’et 3 1 élevât.

6° Sur la littérature apocryphe et les légendes orientales relatives à Adam : Will. Smith, A dictionary of Christian biography, art. Adam (Books of) ; M" Batiffol, dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, art. Apocryphes (Livres), 6* ; dom Cahnet, Dict. de la Bible, art. Adam ; d’Herbelot, Biblioth. orit, .taie, Mæstricht, 1776, au mot Adam ; David Mill, Dissertatio de mohammedismo ante Mohammeden, dans le Thésaurus d’Ugolini, t. xxiii, p.1130-1131 ; Weil, Bibl. Legenden der Muselmann r.

X. Le Bachelet.

2. ADAM Jean, né à Limoges, le 28 septembre 1605, combattit vigoureusement les jansénistes et les calvinistes, et mourut à Bordeaux, le 12 mai 1684. — Calvin détruit par soi-même et parles armes de S. Augustin, in-8o, Paris, 1650, 1689. — Le tombeau du jansénisme, in-4o, Paris, 1654. — Réponse à la lettre de M. Daillc, ministre de Charenton, in-4o, Poitiers, 1660. — Projet présenté à Messieurs de la religion prétendue réformée, in-8o, Paris, 1C63 ; Poitiers, 1663. — Le triomphe de la très sainte eucharistie, in-8o, Sedan, 1671 ; Paris, 1671 ; Bordeaux, 1672. —Lettre à M. Hesperien, ministre de Soubize, in-8o, Bordeaux, 1675.

De Backeret Sommervogel, Bibl. de la C" de Jésus, Bruxelles, 1890 et 1897 ; t. I, col. 43-47 ; t. VIII, col. 1569.

C. SOMMERVOGEI »