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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/28

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ABBESSES — ABDIAS


de connaître judiciairement, tout comme les seigneurs évêques, en causes criminelles, civiles et bénéficielles, de donner les dimissoires pour les ordinations, des patentes pour prêcher, confesser, exercer charge d’âmes, entrer en religion, le pouvoir de confirmer les abbesses, d’établir des censures… et enfin de convoquer le synode… ». Ibid., col. 581. Quant aux lettres patentes de la même abbesse pour la confession, nous en avons sous les yeux un original, dûment scellé du sceau du monastère, signé de l’abbesse, contre-signé du prêtre-secrétaire, avec la référence de la numérotation registrale. Elles autorisent, toujours en vertu de bulles et concessions apostoliques, le prêtre Guillaume N*** à célébrer et à prêcher dans toutes les églises de la juridiction abbatiale, et à confesser les fidèles de l’un et de l’autre sexe de ladite juridiction.

De telles facultés surprennent à première vue. A les serrer de près, on voit aisément qu’il ne s’agit pas, en l’espèce, de juridiction spirituelle proprement dite, juridiction qu’aucune femme ne peut avoir dans l’Église, mais tout simplement d’actes d’administration et de dépendance. L’abbesse de las Huelgas, comme celle de Fontevrault, qui avait cent clochers sous son autorité, permettait aux prêtres de célébrer ou de prêcher dans ses églises, de même qu’elle commandait aux vingt-cinq chapelains de son église abbatiale, ainsi qu’aux autres prêtres attachés à ses autres églises ou hôpitaux, titulo servitorio.

Quant à la charge d’âmes et au pouvoir de confesser, il faut sans doute y voir, à défaut des bulles toujours invoquées, jamais citées, ni même nettement indiquées, un simple privilège de désignation. L’abbesse nommait le sujet, et le Saint-Siège, par le seul fait de cette nomination, conférait à ce sujet nommé les pouvoirs voulus. Pour le droit de convoquer le synode, nous avouons ne trouver aucune explication plausible. Convoquer un synode, le présider, le diriger, en signer les actes : tout cela constitue, au premier chef, des actes de juridiction proprement dite et suppose, en plus, le pouvoir des clefs, et entre, de plein droit, dans la catégorie des facultés qui, selon la parole des canonistes, dedecent conditionem muliebrem. L’abbesse, même munie ad rem d’un privilège formel, indubitable, n’aurait pu l’exercer que par l’intermédiaire d’un vicaire. En dehors de cette hypothèse, il convient, croyons-nous, d’appliquer, en l’espèce, le plusculum sibi tribuisse de dom Martène.

L’abbesse des cisterciennes de Conversano, en Italie, dut à plusieurs reprises revendiquer devant le Saint-Siège non pas des facultés, mais des prérogatives au moins égales à celles de sa consœur de las Huelgas, et les preuves qu’elle invoquait eurent assez de force pour obtenir, contre le clergé de son territoire, une sentence de la S. C. du Concile, en date du 19 juillet 1709, sentence favorable, en somme, à ses revendications, soit pour la nomination par l’abbesse d’un vicaire général, chargé de gouverner, en son nom, le territoire abbatial, soit pour les hommages à chaque nouvelle abbesse. Cf. Analecta juris pontificii, t. XXIII, col. 723. Tout le clergé se rendait à l’abbaye en habits de chœur : l’abbesse, en mitre et en crosse, était assise devant la porte extérieure sous un baldaquin : chaque membre du clergé passait devant elle en faisant la prostration et en lui baisant la main. La sentence susdite maintint les hommages, sauf quelques détails de forme : la mitre et la crosse simplement déposées sur une crédence à côté de l’abbesse ; le baiser de révérence, non plus sur la main nue, mais sur la main gantée ou recouverte de l’étole abbatiale ; et, au lieu de la prostration devant l’abbesse, le clergé put se contenter de l’inclination.

A. Lucidi, De visitatione sacrorum liminum, 2e édit., Rome, 1878, t. II, III, passim ; Petra, Comment. ad constitut. apostolicas, Venise, 1741 ; Ferraris, Prompta bibliotheca, Paris, Migne, aux mots Abbatissa, Moniales, Electio ; Barbosa Augustinus, Collectanea doctorum, tam veterum quam recentiorum, in jus pontificium universum, Venise, 1711, t. V, in sextum Decretalium ; Jean-Baptiste De Luca, Theatrum veritatis et justitiae, Venise, 1706, t. XIV, De regularibus et monialibus ; Fagnan, Comment. in Decretal., Venise, 1697, in l. Ium et IIIum Decretalium, passim ; Thomassin, Vetus et nova Eccles. disciplina, Venise, 1773, passim ; Bizarri, Collectanea S. C. Episc. et Reg., Rome, 1885, contient plusieurs décrets de la S. C. des Évêques et Réguliers, relatifs aux attributions des abbesses, à leur élection et à leur confirmation ; Laurain, De l’intervention des laïques, des diacres et des abbesses dans l’administration de la pénitence, Paris, 1897.

PIE de Langogne.

ABBOT Georges, né à Guildford (comté de Surrey), le 29 octobre 1562. Fils d’un ouvrier sans fortune, il parvint jusqu’aux plus hautes dignités de l’Église anglicane. Il acheva à Oxford les études qu’il avait commencées dans sa ville natale. Docteur en théologie en 1597, doyen de Winchester en 1599, il fut élu, en 1600, vice-chancelier de l’université d’Oxford. Il fut un des auteurs de la traduction anglaise de la Bible dite « version autorisée », publiée sous les auspices de Jacques Ier. En 1608, il suivit à Édimbourg, en qualité de chapelain, le trésorier d’Écosse, comte de Dumbar, et l’aida par ses conseils à rétablir dans le pays la hiérarchie épiscopale. Ce succès valut à Georges Abbot la bienveillance du roi d’Angleterre, qui le fit successivement évêque de Lichfield (1609), de Londres (1610), et enfin archevêque de Cantorbéry (1613). Indulgent envers les puritains, il fut intolérant pour les catholiques. « Tout son christianisme, dit Clarendon (Michaud, Biographie universelle), consistait à détester et à avilir la papauté. Dans ce genre, plus on montrait de fureur, plus on lui inspirait d’estime. » Lorsque Marc-Antoine de Dominis, archevêque apostat de Spalatro, vint chercher un refuge en Angleterre, Abbot l’accueillit avec faveur et reçut de lui en échange le manuscrit de l’histoire du concile de Trente, de Fra Paolo Sarpi. Georges Abbot finit par perdre les bonnes grâces du roi ; il mourut le 4 août 1633. Laud, un de ses adversaires les plus décidés, lui succéda sur le siège de Cantorbéry. Les œuvres de Georges Abbot sont presque toutes écrites en anglais. Ses principaux traités théologiques sont : 1° Quæstiones sex, totidem prælectionibus in schola theologica Oxoniæ pro forma habitis, discussæ et disceptatæ anno 1597, in quibuse sacra Scriptura et Patribus quid statuendum sit definitur, in-4°, Oxford, 1598 ; 2° Persecution of the protestants in the Valteline, in-fol., Londres, 1631 ; 3° Judgment on Bowing at the name of Jesus, in-8°, Hambourg, 1632 ; 4° une réfutation du Dr Th. Hill qui avait abandonné l’anglicanisme pour rentrer dans l’Église romaine.

Lingard, Histoire d’Angleterre, trad.de Roujoux, Paris, 1834, t. ix ; Niceron, Mémoires, Paris, 1731, t. xv ; Michaud, Biographie universelle ; Wetzer et Welte, Kirchenlexikon ; 2e édit., Fribourg, 1882 ; Hauck, Realencyclopädie, Leipzig, 1896, art. Abbot.

V. Oblet.

ABDELMELIAS-ELMECHINI. Nous n’avons que très peu de renseignements sur ce personnage. Nous savons seulement que c’était un moine copte, prêtre du monastère de Saint-Macaire dans le désert de Nitrie, près de la grande pyramide et non loin de la ville de Gizeh actuelle. Il publia une députation de Gabriel, patriarche d’Alexandrie, au pape Clément VIII, et une profession de foi qui fut donnée à Rome le 14 janvier 1595, et qui se trouve à la fin des Annales de Baronius.

V. Ermoni.

1. ABDIAS, l’un des douze petits prophètes, nous a laissé une très courte prophétie (21 versets) contre l’Idumée. D’après le texte même, 11, cette prophétie a été écrite après une prise de Jérusalem par des enne-