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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/30

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ABDIESU

devint évêque de Senjar, puis, avant 1291, métropolitain de Soba (Nisiba). Il mourut en 1318. Lui-même a dresseé le catalogue de ses œuvres. Assémani, Bibliotheca orientalis, t. iii a, p.325, sq. ; Badger, The Nestorians and their rituals, Londres, 1852, t. ii, p. 379. Plusieurs sont aujourd’hui perdues. Il indique :  ! ses Commentaires sur l’Ancien et le Nouveau Testament ; 2° le ktàbâ qaloliqos, sur l’économie de l’incarnation ; 3° le klâbà skolastiqos, contre les hérésies ; 4° le Livre de la Perle, sur la vérité de la foi chrétienne, œuvre théologique importante, en cinq sections, qu’il écrivit en 1298, et traduisit en arabe en 1312 ; analysée dans Assémani, B. O., t. m a, p. 352-360 ; A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio, t. x, p. 317-366 ; Badger, The Nestorians, p. 380-422 ; 5° Collection de canons synodaux ou Nonwcanon, analysée dans Assémani, B. O., t. m a, p. 332-351 ; Mai, loc. cit., p. 1-388 ; 6° Douze traités sur toutes les sciences ; 7° Commentaire de la lettre d’Aristote à Alexandre sur l’alchimie ; 8° le Jardin des délices, Paradisus Eden, collection de quinze poèmes, où il imite en syriaque le genre des Séances de Hariri (édité par G. Cardahi, Beyrout, 1889) ; 9° le sah marwarid, la Perle du roi, composé en arabe, et qui serait le livre des gestes du roi Maru, ou bien la traduction arabe du Livre de la Perle, suivant W. Wright, A short history of Sijriac literalure, Londres, 1894 p. 285-289 ; Encyclopsedia britannica, t. xx, p. 855 ; 10° le Traité des mystères de la philosophie grecque ; enfin des antiennes et prières pour diverses circonstances, des lettres, énigmes, problèmes et paraboles. Nous avons encore de lui l’Exposé de la foi nestorienne (Bibl. nat., fonds syriaque, n. 315, p. 72-74), la Confession de foi orthodoxe des nestoriens, qu’il aurait écrite en 1298 (Badger, loc. cit., p. 49-51), un Poème sur le calendrier ecclésiastique (Bibl. nal., ancien fonds, n. 104), des homélies sur divers sujets et sur les défunts, et le Catalogue des livres, nomenclature des auteurs ecclésiastiques de l’Orient et de l’Occident. Badger, p. 361-379. Cet important ouvrage forme la base du troisième volume de la Bibliotheca orientait* d’Assémani. On peut regretter qu’Abdiésu se soit contenté d’une brève énumération, sans fournir de détails sur les ouvrages qu’il mentionne et sur leurs auteurs. Bans ses ouvrages poétiques, on peut lui reprocher des obscurités de sens et des recherches d’expression, nécessitées sans doute par le genre de composition qu’il adoptait, à l’imitation de ses modèles arabes, genre sinon en harmonie avec nos goûts, du moins très en faveur parmi les Orientaux. Quoi qu’il en soit, Abdiésu a démontré par son propre exemple que la langue syriaque n’est dénuée ni de grâce ni de souplesse.

En théologie, son exposé doctrinal est remarquable autant par la précision logique que par la concision et la simplicité relative de l’argumentation. Beaucoup de points de son enseignement sont irréprochables ; d’autres pèchent par inexactitude ; d’autres enlin, en petit nombre, sont manifestement erronés. Il se sépare de la vérité catholique sur le point capital de la distinction de deux personnes en Jésus-Christ. Imbu dès l’enfance de cette erreur, Abdiésu la fait paraître dans tous ses ouvrages, soit qu’il en traite ex professo, soit qu’il applique logiquement à d’autres sujets les conséquences de ses principes théologiques.

Sa doctrine sur l’existence de Dieu, les attributs divins et la Trinité, dans la première section du Livre de la Perle, est la doctrine catholique : « Tous les chrétiens l’accordent, dit-il, à recevoir le concile de Nicée. » Il conclut le quatrième chapitre de cette première section par cette sentence : « Lorsque nous disons de Dieu qu’il est invisible, incompréhensible, immuable, nous faisons voir non ce qu’il est, mais ce qu’il n’est pas. » Mai, p. 320.

La négation de l’union hypostatique, à plusieurs reprises insinuée dans les œuvres d’Abdiésu par des expres tions telles que « methgalyûthâ d-babsar », apparitio in carne, « nésîbûthâ d-rïsïthan, » adsumptio primiliarum nostrarum, est défendue dans l’Exposé de la foi nestorienne, la Confession orthodoxe et le Livre de la Perle, iii, 1. « L’union peut se faire par mélange ou confusion : telle l’union de l’eau et du vin ; artificiellement ou par construction comme l’union du bois ou du fer dans la fabrication d’un outil ; par volonté ou affection : ainsi s’unissent un souverain et son lieutenant pour porter un commandement ou une défense [de telle sorte que quiconque désobéit à l’un désobéit à l’autre] ; par adhérence ou connexion : telle est l’union de l’homme et de la femme dans le mariage, selon l’expression de l’Ecriture. Gen., il, 24. Or, pour les jacobites, l’union se l’ait par mélange, dans la personne et dans la nature. Selon les melchites, les romains et les francs, l’union est dans la personne, non dans la nature ; c’est l’union de construction. Mais dans la foi nestorienne, l’union de la chair créée et du Verbe qui l’habite, Perle, in. 1, Mai, p. 324, consiste en union d’adhérence. Elle nous est représentée par la lumière du soleil éclairant une perle parfaite : celle-ci devient pareille au soleil qui l’éclairé, sans qu’il reçoive aucune diminution. Le Verbe éternel, et l’humanité prise de la vierge Marie constituent les deux natures, kyânë, l’une éternelle, l’autre temporelle ; les deux personnes, qnùmln, la personne divine et la personne humaine, s’unissent en une seule volonté, un amour, une puissance, une seule gloire, un seul Fils, un seul Christ, l’unique parsùpà, 7rpoaa)7tciv, du Fils. C’est en vertu d’une distinction basée sur les termes de la langue syriaque que les nestoriens ont toujours soutenu qu’ils ne reconnaissent pas en Notre-Seigneur deux personnes distinctes. Le mot qnùmâ signifie « individu, personne, lui-même », et aussi, comme ùnoa-tueic, « substance. » La théologie orientale l’a emprunté au Nouveau Testament, Joa., v, 26 ; Hebr., i, 3 ; parsùpà, transcription de 7tpô(ico7rov, signifie, en terme de théologie et de grammaire, « personne, personnalité ». « De ce que la langue grecque, dit Abdiésu, n’a pas la distinction de ces deux termes, le concile de Chalcédoine fut amené à déclarer qu’il y a dans le Christ non seulement une seule parsùpà, upda-tonov, mais une seule qnûniâ. » Perle, iii, 4, Mai, p. 328. Mais la nature et la personne divine sont, avant comme après l’union, un esprit éternel et sans composition ; la nature et la personne humaine sont un corps temporel et composé. Comme l’union ne détruit pas les attributs distinctifs de la nature et de la personne, qnùmà, le Christ existe en deux natures et deux personnes, qnùmin, unies dans la seule parsùpà du Fils.

Dans un remarquable chapitre sur la division des confessions chrétiennes, Perle, ni, 4, Abdiésu proteste contre l’usage fait de l’appellation de nestoriens. Les Syriens orientaux n’ont nullement changé leur foi pour recevoir celle de Nestorius, qui ne fut jamais leur patriarche, mais celui de Byzance, et dont au surplus ils ignoraient la langue. Mais entendant parler de son enseignement, ils le reconnurent conforme à la foi qu’eux-même avaient toujours gardée, et refusèrent d’analhématiser Nestorius. Ils ne marchèrent cependant pas à sa suite, car c’est lui plutôt qui les suivit. Mai, p. 329.

L’énumération des sept sacrements, ou mystères, râzë, Perle, IV, ne présente en réalité que cinq des sacrements de l’Église. —1° Abdiésu met en première ligne le sacerdoce, qui opère et distribue tous les autres. Il distingue les neuf ordres hiérarchiques des patriarches, métropolitains, évêques, archidiacres, périodeutes, prêtres, diacres, sous-diacres, lecteurs, en corrélation avec la hiérarchie angélique ; mais par les canons conciliaires et les textes d’ordination des nestoriens, il est certain que les ordres de l’épiscopat, de la prêtrise et du diaconat ont été seuls institués par le Christ ; les autres sont des fondions ou des titres qui se confèrent sans