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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/333

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AGONIE DU CHRIST. LA SUEUR DE SANG — AGOSTINI

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creux des aisselles, etc., de voir suinter sans aucune lésion de continuité de la peau, à travers les pores de cet organe, des gouttelettes d’un sang très vif, très rouge et d’une consistance naturelle. A mesure que ces gouttelettes transsudaient, elles étaient remplacées par d’autres qui, s’échappant ainsi à travers la peau, s’étendaient sur toute sa superficie, formaient une espèce de rosée et une véritable sueur. Lorsque la malade se leva, les draps, les chemises, tout était teint de sang, ce qui annonçait que la sueur avait été générale. » Chez cette malade l’hémathydrose revenait par accès séparés par plusieurs mois d’intervalle et l’auteur dit de l’un d’eux que « l’etfusion de sang par l’organe cutané y fut générale et excessivement abondante ». Annales cliniques de Montpellier, novembre 1874.

Est-il nécessaire de citer d’autres exemples ? Je ne le crois pas, pas plus que je ne crois utile de rechercher si le sang ainsi exhalé à la surface du corps sort réellement des glandes sudoripares, si le phénomène mérite réellement le nom de sueur de sang. Les auteurs ont abondamment discuté là-dessus et donnent d’excellentes raisons pour prouver que parmi les glandes de la peau ce sont les sudoripares qui paraissent le mieux disposées pour la production du phénomène, grâce à la délicatesse de leur structure et à leurs relations vasculaires, mais ils manquent de preuves matérielles, c’est-à-dire qu ils n’ont pas constaté au microscope la présence du sang dans les conduits de ces glandes. Cela importe peu dans l’espèce : « L’hémorragie, dit Parrot, ibid., a pour siège un organe sécréteur, voilà le fait important : quant à déterminer la variété de glandes par lesquelles le sang s’échappe, c’est là une question secondaire. » IL Conditions où elles se produisent. — Il est beaucoup plus intéressant, ici, de déterminer les conditions dans lesquelles on a observé l’hémathydrose. Or, sous ce rapport, l’analyse des observations démontre qu’elle est intimement liée à des troubles du système nerveux ou aux impressions morales. « C’est au milieu du tourbillon symptomatique tout à la fois si complet et

i si varié des maladies essentiellement nerveuses qu’on la voit apparaître. Presque toujours elle est associée à d’autres accidents et au plus habituel sans contredit de ces accidents, la douleur. Quelquefois l’hémorragie et la douleur ont un foyer commun, mais elles ne se concentrent pas toujours sur un même point et ont au contraire, pour siège, des parties plus ou moins éloignées. Dans certains cas l’hémorragie se manifeste isolément, hors de toute connexion avec des phénomènes névropathiques. Les femmes y sont plus sujettes que les hommes. Rare dans l’enfance, cet accident paraît être particulier à la jeunesse et à l’âge adulte ; je ne sache pas qu’on l’ait observé dans la vieillesse. Un tempérament nerveux, une nature impressionnable, un caractère irascible y prédisposent singulièrement. Parmi les causes déterminantes, la frayeur, la colère, la crainte, un violent chagrin, une contrariété vive, la joie, les grandes jouissances et les grandes douleurs, en un mot les perturbations morales de toute sorte tiennent le premier rang. » Parrot, ibid.

Ces constatations faites, peut-on aller plus loin et préciser le mécanisme de l’action nerveuse dans la production de l’hémathydrose ? Jusqu’à présent ce phénomène n’a pu être réalisé expérimentalement, bien que la sécrétion sudorale ait (té l’objet de recherches nombreuses de la part des physiologistes. Ceux-ci ont démontré que le fonctionnement des glandes sudoripares, c’est-à-dire la production de sueur, est avant tout I un acte d’activité cellulaire propre aux cellules épithéliales qui tapissent les canaux de ces glandes et réglée par des nerfs spéciaux dits nerfs excito-sécrétoires. Les nerfs excito-sécrétoires peuvent agir seuls ou conjointement avec les nerfs vaso-moteurs dont le rôle consiste à augmenter ou à diminuer la quantité de sang dans le réseau vasculaire des glandes sudoripares. S’ils agissent seuls, la peau reste pâle et il y a sueur froide, phénomène qui n’exclut pas d’ailleurs l’action vaso-constrictive : dans ces conditions l’hémathydrose n’est pas possible, puisque les capillaires sanguins des appareils sudoraux ne sont pas distendus. L’hémathydrose n’est possible que si l’action nerveuse vaso-dilatatrice a congestionné ces capillaires au point d’eu déterminer la rupture ; alors le sang s’épanche dans l’atmosphère conjonctive de la glande, brise la mince barrière épithéliale qui la sépare du canal glandulaire, et par ce canal vient sourdre à la surface de la peau.

A côté des faits où l’hémathydrose est manifestement sous la dépendance de troubles nerveux ou d’impressions morales, il y en a d’autres où elle s’explique par diverses altérations du sang. C’est ainsi qu’on l’a signalée dans le scorbut, au cours de fièvres malignes et dans l’hémophilie, mais en somme ces cas sont rares et ne font que confirmer la possibilité du phénomène. Nous n’y insisterons donc pas et nous dirons, pour conclure :

III. La sueur de sang du Christ.

1° Le récit de saint Luc n’offre rien d’invraisemblable, puisque d’autres observateurs ont rapporté des faits du même genre.

2° La sueur de sang éprouvée par Notre-Seigneur Jésus-Christ est un phénomène de l’ordre naturel, vraisemblablement provoqué chez lui par l’imminence de la mort affreuse qu’il allait subir. « Et étant tombé en agonie, il priait avec plus d’intensité et la sueur devint comme des gouttes de sang découlant jusqu’à terre. » Luc, xxii, 43, 44.

3° Cette sueur qui coulait jusqu’à terre fut-elle assez abondante pour affaiblir grandement Notre-Seigneur, et doit-on considérer comme non naturelle la force montrée ensuite par lui ? On ne saurait répondre à cette double question parce que l’on ne sait ni la durée de la sueur sanglante, ni sa répartition. Fut-elle générale ou simplement localisée à la face ? Dans la première hypothèse, elle aurait pu évidemment déterminer de l’affaissement, comme toute hémorragie un peu sérieuse ; dans la seconde, l’issue de quelques grammes de sang pouvait suffire à la production du phénomène, constituant ainsi une perte sanguine insignifiante par elle-même, importante seulement en tant que manifestation des angoisses morales du Sauveur.

D r Baraban.



AGOP Jean. Son vrai nom est Jean Holov, de Constantinople. Prêtre arménien qui vivait à Rome dans la seconde moitié du xviie siècle. Voici la liste de ses ouvrages : 1° Thomas à Kempis (traduction de l’Imitation de Jésus-Christ en arménien) ; 2° Méditations chrétiennes ; 3° Le confessionnal [Le tribunal de la pénitence ? ] ; 4° Missel arméno-italien ; 5° Le miroir de la vérité ; 6° Précis de rhétorique ; 7° Nouvelle manifestation de la force ; 8° La lyre de la Vierge ; 9° Réponses [aux objections] ou Apologie ; 10° Explication des Psaumes ; 11° Grammaire arméno-italien ne.

Bibliographie arménienne par le R. P. Zarpanalian, petit in-8°, Venise, 1883, p. 470-471 ; Hœier, Nouvelle biographie universelle,

Plu’is’1862 V. Ermoni.



1. AGOSTINI Boniface, des mineurs conventuels, né à Monte-Olmo dans les Marches, fut maître en théologie et enseigna cette science à Césène, à Viterbe et à Florence. Appelé à Rome et placé à la tête du collège de Saint-Uonaventure, établi par Sixte-Quint dans le couvent des Douze-Apôtres, il remplit cette charge pendant dix-huit ans, après lesquels il fut nommé membre de la Congrégation pour l’examen des évêques. Il publia : Serafici (sic) S. Bonaventurse Ecclesise doctoris, super quatuor sententiarum libros, Theologia Juris et Facti, m summam redacta, a Pâtre Bonifacio de Augustinis a Monteulmi, Piceme provincial ordinis minorum convuntualium S. Francisci… Tomus primus, Rome, 1600,