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803 ALEXANDRIE (CONCILES D’) — ALEXANDRIE (ÉCOLE JUIVE D’)

la Revue des questions histor., 1874, t. xv, p. 329-380, puis 2 vol. in-8°, Paris, 1881 et 189 ! ) : Le concile do Nicée d’après les tejetes coptes et les diverses collections canoniques.

X. Le Bachelet.

III. ALEXANDRIE (École juive d’). — I. Œuvres principales. II. Auteurs. III. Importance.

Alexandrie, fondée en 33’2, reçut depuis la prise de Jérusalem par le premier Lagide (320) des prisonniers juifs et ensuite des émigrants volontaires qui ont constitué le noyau de la colonie juive. Le montagnard de la Judée, échappant au monde fermé où il a vécu jusqu’alors, va se trouver dans un des milieux les mieux informés de l’antiquité (musée, bibliothèques du Brucheion et du Sérapeion) ; il fera pour s’y adapter et y être accepté un effort persévérant. Sans doute, on ne peut pas montrer qu’il y ait eu à Alexandrie une école juive, comme il y a eu plus tard, au sens strict du mot, une école néo-platonicienne et une école chrétienne, mais il y a eu, chez les Juifs alexandrins, un état d’esprit nettement caractérisé qui paraît être bien plutôt l’expression de l’opinion collective du groupe (opinion formée dans les proseuques, les synagogues et les écoles voisines), que le résultat d’initiatives individuelles.

I. Œuvres principales. — Les efforts des Juifs alexandrins vont à faire donner à leur histoire et à leur religion, contenues dans la Bible, la place d’honneur dans l’encyclopédie alexandrine. A cette fin, les Juifs se mettent à compiler et à comparer, comme les savants grecs d’alors, leurs modèles, avec la même méthode incomplète, et sans critique, et avec un parti pris d’apologie nationale en plus : conditions dont il importe de tenir compte pour apprécier les renseignements que les Juifs nous ont transmis. D’abord, il fallut traduire les Livres saints. Le nombre de ceux qui lisaient l’hébreu diminuait de plus en plus. La traduction fut faite et eut bientôt son histoire, légendaire pour une bonne part, écrite par un Juif sous un nom grec ; c’est le récit de Pseudo-Aristée. Voir Septante. Une littérature apologétique commença bientôt.

En premier lieu, il fallait expliquer le silence des historiens grecs sur Israël, faire entrer V histoire juive dans l’histoire générale. C’est l’œuvre d’historiens dont les noms et des extraits nous sont donnés par Josèphe, et, d’une manière plus détaillée, par Eusèbe. Il nous reste dans Eusèbe, Prsep. ev., 1° du EUp’i’Io-jSouwv tîjî’Atgupc’a ; d’Eupolème deux fragments : le premier, IX, XVII, P. G., t. xxi, col. 705-709, sur Abraham, maître des Phéniciens et des Egyptiens, et sur les généalogies primitives : Atlas est le même personnage qu’Hénoch, etc. ; le second, IX, xxvi, col. 728, sur Moïse maître des Juifs, des Phéniciens et enfin des Grecs ; 2° du IIep’IovSaùov d’Aristée (distinct de Pseudo-Aristée), un fragment, IX, xxv, col. 728, qui est une amplification de l’histoire de Job, fils d’Ésau et de Bassara ; les interlocuteurs de la Bible deviennent des rois et des tyrans ; 3° des’Iovàaïxâ d’Artapan, IX, xviii, col. 709, une histoire fabuleuse d’Abraham ; du Ilep’i’IouSaîwv du même auteur, d’abord, IX, xxiii, col. 725, l’histoire de Joseph, le héros d’Egypte, qui, le premier, mesure, partage et cultive les terres, dote les déshérités, etc., et de plus, IX, xxvii, col. 727735, L’histoire de Moïse, le Musée des Grecs, le maître d’Orphée el « les Egyptiens, l’inventeur des hiéroglyphes ; 4° d’un ouvrage, sans litre connu, de Démétrius, IX, xxi, col. 713-721, une chronologie plus complète et plus précise que celle de la Bible, donnée à propos de l’histoire de Jacob ; 5° du Ilspi’Iouôac<j>v de Cléodème dit aussi Malchas, IX, xx, col. 713, l’histoire d’Abraham père d’Afer, d’Assur et d’Afran, compagnons d’Hercule en Afrique, et par eux père des Assyriens et des Africains ; ides’EÇïjYiQffeif "rii ; McoUasco ; ypaçr, ; d’Aristobule, VII, xiv, col. 5’i-8 ; XIII, xii, col. 1097-1104, une tentative pour rattacher à la révélation juive toute la science païenne. Platon a étudié à fond (7r£pt£tpyaau.évo ; ) la loi juive et

l’a prise comme guide (x « ty)xoXo-j6y)<te). Suivent ensuite des vers apocryphes d’Orphée et d’Aratus, sur le Verbe et la Puissance de Dieu ; 7° des fragments d’histoire, composés dans les genres poétiques chers aux Grecs : IX, xxvm-xxik, col. 736-748, des extraits d’une tragédie d’Ezéchiel sur la sortie d’Egypte ; IX, xx, xxiv, xxxvii, col. 712, 725, 756, quelques vers d’un poème d’un Philon Ilepi’IepouoXviJ.wv ; IX, xxii, col. 721-725, une longue citation du poème de Théodote Ilepi’IouSaitov. Nous avons de plus, 8° un fragment de Pseudo-Hécatée, dans Mùller, Fragm. Iiist. grsec, t. ii, p. 393-396. L’auteur idéalise les rapports d’Alexandre avec les Juifs ; il cite des vers de Sophocle sur Abraham ; enfin si les Grecs n’ont pas parlé de l’histoire juive, c’est qu’elle est sainte et inaccessible aux profanes.

En second lieu, il fallait dissiper les préjugés grecs et faire accepter la doctrine juive et les livres de l’Ecriture qui la contiennent. Cette préoccupation a été de la première heure ; on la constate dans les écrits de Pseudovristée. L’interprétation allégorique de l’Ecriture et la théorie de la Sagesse de Dieu seront les grandes ressources de l’apologétique judéo-alexandrine. Eusèbe, Prsep. ev., VIII, ix, P. G., t. xxi, col. 625-636, nous donne la lettre du grand-prètre Éléazar sur le sens allégorique, lettre qui se rattache à la légende des Septante. L’auteur de ce morceau s’applique à montrer le sens caché et spirituel des prescriptions matérielles de la loi, qui sont uniquement le symbole d’idées morales et religieuses et par suite acceptables pour l’esprit railleur et le genre de vie émancipé des Grecs. Les mêmes idées sont développées dans les deux fragments d’Aristobule et appliquées aux expressions figurées de la Bible : le bras, le visage, les pieds de Dieu, Prsep. ev., VIII, x, P. G., t. xxi, col. 636-650, et le repos de Dieu au septième jour, loc. cit., XIII, xii, col. 1097-llOi. Pour la conciliation de la métaphysique grecque et du monothéisme biblique, les Juifs alexandrins attachaient beaucoup d’importance à l’idée de la Sagesse. En dehors des livres de l’Écriture postérieurs au livre de Job, et avant Philon, nous voyons cette idée apparaître dans Aristobule, Prsep. ev., VII, xiv, col. 518.

II. Auteurs.

Eupolème, Aristée, Artapan, Démétrius sont cités par Eusèbe, d’après le IIep’Io-jSsa’aw perdu d’Alexandre Polyhistor, qui écrivait de 90 à 75 avant Jésus-Christ. Le poète Philon est cité d’après Polyhistor et Josèphe. La citation de Cléodème dans Eusèbe est copiéede Josèphe, Ant. jud., I, xv. L’historien grec Hécatée vivait sous le premier Ptolémée ; l’auteur des retouches et interpolations tendancieuses faites à son œuvre, se place environ vers l’an 100 avant Jésus-Christ : c’est Pseudo-Hécatée. Quant aux vers apocryphes cités par Pseudo-Hécatée et par Aristobule, il semble bien qu’ils aient été empruntés par ces auteurs à des collections antérieures. Sur l’authenticité des œuvres d’Aristobule, les critiques sont divisés. Deux questions se posent. D’abord notre Aristobule qui dédia son œuvre à Ptolémée Philométor (181-1I6), Eusèbe, Chron. ad Olymp., 151, P. G., t. xix, col. 505, et Clément d’Alexandrie, Stromi., i, 22, P. G., t. viii, col. 893, est-il le même que l’Aristobule de II Mach., I, 10, Juif alexandrin, de famille sacerdotale, maître ou conseiller d’un roi d’Egypte qui serait Ptolémée V Épiphane (204-181) ? Cette identification, admise par Eusèbe, Prsep. ev., VIII, IX, P. G., t. xxi, col. 630, et Clément d’Alexandrie, Slroni., v, 14, P. G., t. ix, col. 145, est très vraisemblable. En second lieu, Aristobule est-il un personnage authentique, ou simplement une invention d’un écrivain postérieur désireux d’antidater son œuvre ? On n’a rien dit de tout à fait décisif pour prouver la seconde alternative, Richard Simon, Histoire critique <lu Vieux Testament ; Hody, DeBibliorwm textibus, l705 ; Willrick, Juden undGriechen vor der makkabaischen Erhebung, 1895 ; la première doit donc être maintenue, et peut être appuyée