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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/497

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AMBROISE (SAINT)

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t. xvi, col. 1101-1121. Après le massacre de Thessalonique, décrété dans une heure de fièvre furieuse pour venger la morl de quelques fonctionnaires impériaux, Ambroise avait arrêté Théodose à l’entrée de son église et lui avait imposé la pénitence publique. Episl., iiP. L., t. xvi, col. 1160-1164.

Théodose mourul le 17 janvier 395, et Ambroise ne lui survécu ! que deux ans († 4 avril 397).

II. Ecrits.

La tournure d’esprit d’Ambroise est toute romaine ; lis questions morales et pratiques occupent de préférence l’évêque de Milan. Il traite souvent les questions dogmatiques, les devoirs de sa charge et les nécessités du temps l’exigeaient ; mais il ne s’élève pas aux spéculations ingénieuses ou sublimes auxquelles s’est plu saint Augustin ; il suffit d’ordinaire à Ambroise de développer l’argument scripturaire et traditionnel. De testimoniis plura contexam, a-t-il dit dans un de ses plus importants traités. De fide ad Gratianum Augustum, 1. I, Prolog. 4, P. L., t. xvi, col. 529. Parmi les Pères, ses devanciers ou ses contemporains, il connaît surtout Clément d’Alexandrie, Origène, Didyme, saint I tasile.

L’éloquence et le style d’Ambroise ont été appréciés par des mailles., , Saint Ambroise, dit Fénelon, suit quelquefois la mode de son temps. Il donne à son discours les ornements qu’on estimait alors. Mais, après tout, ne voyons-nous pas saint Ambroise, nonobstant quelques jeux de mots, écrire à Théodose avec une force et une persuasion inimitables ? Quelle tendresse n’exprime-t-il pas quand il parle de son frère Satyre ! Nous avons même dans le bréviaire romain un discours de lui sur la fête de saint Jean, qu’Hérode respecte et craint encore après sa mort : prenez-y garde, vous en trouverez la tin sublime… » Troisième dialogue sur l’éloquence. « On sent en lui, dit Villemain, plus occupé de la langue et du style d’Ambroise, une belle tradition de l’antiquité. Les deux écrivains dont l’imitation est la plus sensible et souvent trop marquée dans le génie d’Ambroise, sent Tite-Live et Virgile. J’y joindrais volontiers Cicéron et Sénèque. Sans doute, les souvenirs de leur langue sont étrangement mêlés ; mais il n’y a pas moins quelques beaux reflets de l’antiquité dans le style inégal de leur disciple chrétien, et ce qui manque dans la forme est couvert par l’excellence du fond. » Villemain, article Saint Ambroise dans la Biographie universelle de F. Didot, Paris, 1855. « On trouve… jusque dans les passages les plus austères, des locutions qui semblent venir de Lucain, de Térence, et même de Martial et d’Ovide. Mais c’est surtout Virgile… qui fut le poète aimé de saint Ambroise, s’il faut en juger par le nombre considérable d’emprunts plus ou moins déguisés qu’il lui fait. » R. Thamin, Saint Ambroise et la morale chrétienne au iv siècle, c. vu.

1° Ecrits exégétiques. — Ces écrits, qui constituent une partie considérable de l’œuvre d’Ambroise, ont d’abord été des homélies. L’évêque de Milan n’a pas d’ordinaire pour but d’exposer le sens littéral de l’Écriture, auquel il préfère les sens allégoriques et moraux. Il s’inspire d’Origène, il s’inspire volontiers aussi de l’hilon, à ce point que maintes fois on a rétabli le texte assez mal conservé du juif alexandrin à l’aide des endroits parallèles d’Ambroise. Mais tout en appliquant l’un et l’autre la méthode allégorique à l’interprétation des Écritures, ils ne découvrent pas les mêmes doctrines sous l’écorce de la lettre.

L’évêque de Milan emploie aussi le procédé allégorique dans l’explication du Nouveau Testament, au risque de nous déconcerter quelquefois. Voir son commentaire de uni Luc, P. L., t. xv, col. 1649, 1793, 1794. Le commentaire est ingénieux et touchant ; mais on est loin du texte. Dans l’énumération des œuvres exégétiques d’Ambroise,

au lieu de l’ordre chronologique difficile à déterminer avec certitude, nous suivrons, comme les éditeurs bénédictins, l’ordre des livres de l’Écriture. Nommons d’abord les six livres de YHexæmeron, P. L., t. xiv, col. 123-274. Neuf sermons prêches en six jours i’u carême, entre les années 386 et 389, forment la base d’un ouvrage où saint Ambroise, imitateur de saint Basile, mais imitateur libre, met aussi à profit, au témoignage de saint Jérôme, des ouvrages aujourd’hui perdus d’Origène et de saint llippolyte. Ambroise y décrit avec une grâce poétique les divers aspects du monde visible ; il y est surtout moraliste ; aussi se sert-il, dans un but éthique, de traits fabuleux que lui avait transmis l’histoire naturelle des anciens.

Le De Paradiso, P. L., t. xiv, col. 275-314, les deux livres De Caïn et Abel, P. L., t. xiv, col. 315-360, le De Noe et arca, P. L., t. xiv, col, 361-il6, furent probablement écrits vers 380 ; d’après Kellner, le De Noe et arca serait de la fin de 386. Le De Paradiso, où Ambroise réfute les manichéens, et donne des faits de l’histoire primitive, une explication allégorique et mystique, a, moins que les autres ouvrages, le caractère homilétique. L’élément parénétique domine dans les livres De Caïn et Abel. C’est probablement au cours des années 388 et 390 qu’Ambroise a écrit De Abraham, en deux livres, P. L., t. xiv, col. 419-500 ; De Isaac et anima, P. L., t. xiv, col. 501-535 ; De bono mortis, P. L., t. xiv r col. 539-568 ; De fuga sœculi, P. L., t. xiv, col. 569-5^6 ; De Jacob et vita beata, en deux livres, P. L., t. xiv, col. 597-638 ; De Joseph patriacha, P. L., t. xiv, col. 641672 ; De benediclionibus palriarcharum, P. L., t. xiv, col. 673-694. Aux yeux d’Ambroise comme aux yeux de l’hilon, les patriarches sont tes lois vivantes et raisonnables, ejuj/u^oi xcù /oyixot vd[x.ot ; l’évêque les admire et il les propose à l’imitation des catéchumènes et des baptisés. La préoccupation allégoriste et mystique l’a rendu quelquefois bien indulgent. Sed non ita illam defendimus, ut istum accusemus : imo utrumque excusemus : non autem nos, sed mysterium quod copulæ illius fruclus expressit, a-t-il dit de Juda et de Thamar, dans son commentaire sur saint Luc. P. L., t. xv, col. 1596. Le sens mystique prévaut dans le De Isaac et anima : Isaac, époux de Rébecca, est la figure du Christ s’unissant à l’âme humaine. Le De bono mortis n’est qu’une suite du livre sur Isaac ; Ambroise y enseigne à faire par la mortification l’apprentissage de la mort, laquelle est pour l’âme une heureuse délivrance. Vnde et nos du/m in corpore sumus, usum mortis imitantes ablevemus animam nostràm ex istius carnis citbili, et tanquam île isto exsurgamus sepulchro. De bono morlia, e. v, P. L., t. xiv, col. 548. C’est à propos de la fuite de Jacob en Mésopotamie, qu’Ambroise a écrit son De fuga sœculi, cité par saint Augustin, 1. II Contra Julianum, c. iivi 1’. L., t. xnv, col. 689, et 1. IV Contra duas epislolas Pelagii, c. ii P. L., ibid., col. 633. Le De benediclionibus palriarcharum est l’explication mystique des bénédictions prononcées par Jacob mourant sur ses douze fils.

Le livre De Elia et jejunio, plein de fines ou énergiques peintures qui mettent à nu les mœurs d’alors, P. L., t. xiv, col. 697-728, fut prononcé ou compose â l’approche du carême (c. i, col. 697) ; il préconise le jeûne. Le De Nabuthe Jezraclita, P. L., t. xiv, col. 731756, rappelle aux riches avides les menaces divines ; le De Tatou, P. L., t. xiv, col. 759-794, décrit et flétrit l’effroyable crime de l’usure. Les deux premiers écrits sont postérieurs â 386.

Dans les quatre livres De interpellatione Job et David, 1’. J.., t. xiv, col. 797-850, lesquels d’après les bénédictins ont été composés vers 383, Ambroise répète les plaintes de ces personnages bibliques sur la faiblesse et la misère de l’homme ; il répond avec les propres paroles de Job et de l’auteur du psaume LXX aux doutes-