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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/558

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AMÉRIQUE (ÉTATS-UNIS D’). CATHOLICISME


développement des ordres religieux, la diversité des œuvres auxquelles l’Église devait se livrer, le nombre toujours croissant des institutions qu’elle fondait, le contact de plus en plus intime qu’elle prenait avec les pouvoirs civils et avec la nation, les besoins et les dangers du nouvel état social, le progrès matériel lui-même, exigeaient impérieusement que l’épiscopat tout entier se réunit une troisième fois pour concerter ses moyens d’action et perfectionner encore l’esprit de discipline qui fait sa force. Le souverain pontife Léon XIII fit venir à Rome les archevêques américains pour préparer avec eux le futur concile national qui s’ouvrit en 1881 à Baltimore, sous la présidence de Ms r Gibbons nommé à cet ell’et délégué apostolique du Saint-Siège. Soixantequinze archevêques ou évêques, six abbés mitres, trentedeux supérieurs d’ordres religieux, onze supérieurs de séminaires et plus de cent théologiens formaient ces solennelles assises de l’Église d’Amérique. De cette imposante assemblée est sortie une législation ecclésiastique complète dont le mérite incontestable est son admirable adaptation aux circonstances de temps et de pays. Les questions les plus importantes sur lesquelles elle porte sont : les relations du clergé avec l’épiscopat, les droits des métropolitains, la propriété ecclésiastique, les ordres religieux, l’éducation du clergé, les universités, les séminaires et les écoles, le ministère sacerdotal, la procédure ecclésiastique et les causes matrimoniales. La lettre pastorale que les Pères adressèrent aux fidèles à l’issue du concile insiste sur la soumission qui est due à l’autorité infaillible du souverain pontife, exalte la grandeur du mariage chrétien dans ses prérogatives d’unité et d’indissolubilité, recommande une formation vigoureuse de la jeunesse catholique, met en garde contre les dangers des sociétés secrètes et répudie formellement la prétendue opposition que certains esprits persistaient à voir entre l’Église et le vrai patriotisme. Cf. Acta concilii terlii BaUimorensis, Baltimore, 1886. L’archevêque de Baltimore fut élevé à la dignité de cardinal en 1886 : il est une des grandes figures de l’Église américaine dans cette troisième phase de son histoire. Depuis le concile, de nouveaux sièges ont été créés : celui de Syracuse, dans la province de New-York ; celui de Saint-Augustin, dans la province de Baltimore ; ceux de Concordia, Kansas-City, Wichita, Leavenworth, dans la province de Saint-Louis ; ceux de San-Antonio et de

Brownsville, dans la province de la Nouvelle-Orléans ; celui de Boisy-City, dans l’Orégon ; ceux de Cheyenne et de Lincoln, suffragants de l’archevêché de Dubuque ; ceux de Belleville et de Péoria, dans la province de Chicago ; ceux de Saint-Cloud et Duluth, sous la juridiction métropolitaine de Saint-Paul. C’est au milieu de cet épanouissement de la vie catholique qu’eut lieu en 1889 le centenaire de la fondation du premier diocèse et de l’établissement de la hiérarchie ecclésiastique aux ÉtatsUnis. Le contraste était frappant : au lieu d’un évêque et de quinze mille catholiques, il y avait à ce moment quatorze archevêques, soixante-treize évêques, dix mille prêtres séculiers ou réguliers et près de dix millions de fidèles. A ce brillant anniversaire auquel assistait Ma r Satolli, représentant du saint-siège, se rapportent deux faits importants qui ne sont pas les moindres preuves de l’épanouissement de l’Église américaine : le premier congrès catholique laïque sous la direction de l’autorité ecclésiastique, et la fondation de l’université catholique de Washington, dont le concile national de Baltimore avait émis le vœu en 1852. Dans le congrès, où se réunit l’élite des fidèles, plusieurs graves questions furent étudiées en commun, entre autres celle de la presse, de l’organisation des associations religieuses et de la coopération des laïques aux œuvres du clergé. Léon XIII mit le couronnement à cette merveilleuse évolution du catholicisme en Amérique par la création d’une délégation apostolique permanente à Washington (1892). Ma’Satolli, devenu depuis cardinal, fut le premier représentant du saint —siège aux États-Unis. Cette délégation est strictement ecclésiastique et non diplomatique. Le délégué n’est pas accrédité auprès du gouvernement de Washington, mais auprès des archevêques et des évêques de la République américaine. Les autorités civiles ont toujours rendu de plein gré à Mar Satolli et à son successeur, Ma r Martinelli, de l’ordre des augustiniens, les honneurs que réclame leur haute situation, comme elles le font d’ailleurs envers tous les dignitaires de l’Église romaine ; mais les relations entre les deux pouvoirs sont officieuses plutôt qu’officielles et n’entraînent aucune conséquence diplomatique.

La statistique qui suit mettra sous les yeux du lecteur les progrès accomplis par l’église catholique d’Amérique, dans les diverses phases dont nous venons d’esquisser l’histoire.

Archevêques

Evêques avec diocèse

Evêques coadjuteurs

Prêtres séculiers et réguliers

Eglises

Séminaires séculiers

Séminaires réguliers

Collèges’…

Pensionnats de filles

Écoles paroissiales

Institutions charitables

Nombre des enfants dans les institutions catholiques

Population catholique

Population totale

1789

33

30 000 3 929 214

1829

1

10

?

361 000

12 806020

183Ï

6 26

»

1385

1411

10

»

47 100

1 113

?

1980000 27 236 000

1870

5054 5527

16

20

87

468 2180 310

?

7 067 000 44060000

1900

14

71

8 11 636 10 339

30

79 178 662 3811 1078

980 610 10129 677 72 000 000

Voir le Catholic directory, de 1900. Il donne pour la population catholique une augmentation de 222 000 âmes sur l’année 1898.

Après avoir parcouru l’histoire de l’Église américaine pendant un siècle, il paraît évident que ses conquêtes ne

tiennent pas au fait purement extrinsèque de l’immigration européenne. Mais jusqu’à quel point le progrès estil réel ? N’y a-t-il pas eu des pertes considérables qui pourraient faire douter de l’avenir du catholicisme dans cet immense pays protestant ? Cahensly donnait pour