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AMOS — AMOUR (FRERES DE L’)

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dantun chant d’espérance : sans doute le jour de Yahveh sera terrible, Yahveh ne parlera plus pour consoler son peuple, Israël périra sous les ruines de ses sanctuaires, et la vengeance divine s’acharnera contre le pécheur fugitif, lisons-nous dans la première strophe ; mais, ajoute la seconde, Dieu ne vannera ainsi que la paille, des jours viendront où il relèvera la maison de David et en réparera les brèches ; il la fera même dominer sur Édom et sur toutes les nations ; Israël captif reviendra jouir dans son pays d’une paix inaltérable et d’une abondance merveilleuse.

IV. Prophétie messianique.

Cette dernière partie d’Amos peut être entendue soit d’une restauration d’Israël, soit d’une restauration religieuse où interviendra la race de David et dont bénéficiera le monde entier. Le Talmud de Babylone, Sanhédrin, fol.96 b, met en relation cette restauration de la maison de David avec les textes de Daniel, vii, 13, 14, où il est parlé du « fils de l’homme apparaissant sur les nuées des cieux et recevant la puissance éternelle et universelle. » Cf. Jacob Lévy, Wôrterbuch i’iber die Talmudim und Midraschim, Leipzig, 1883, t. iii, p. 422. Les Actes adoptent aussi le sens messianique, xv, 16, 17, dans les discours de saint Jacques, et sont suivis par tous les anciens. Il faut noter d’abord que la restauration politique n’eut jamais lieu pour les dix tribus. Leurs déportés furent dispersés par les rois deNinive dans différentes provinces de l’empire assyrien, où on perd leurs traces. Quelques-uns purent se joindre plus tard aux Juifs captifs en Babylonie, et revenir en Palestine après l’édit de Cyrus, mais ce fut le très petit nombre, et ils trouvèrent la Samarie occupée par une population toujours hostile aux Juifs. La dernière strophe d’Amos doit donc être prise dans le sens religieux, comme le montrent les textes de très peu postérieurs d’Osée, spécialement il, 20-25, et xiv, 4-9, qui termine sa prophétie en assurant que tout n’y est pas littéral : Quis sapiens ? et intelliget ista ; intelligens ? et sciet liæc ! xiv, 10. Amos annonce la paix et l’abondance des biens spirituels du règne du Messie, sous la figure d’une fécondité miraculeuse et ininterrompue : la même métaphore se retrouve avec le même sens dans la plupart des prophètes, spécialement Osée, loc. cit. Isaïe la développe, en l’appliquant également au temps messianique et en la représentant comme l’abolition des malédictions primitives contre Adam et contre la terre, XI, 1-10 ; lxv, 16-25. Joël la reprend, en l’expliquant par l’abondance de l’effusion de l’Esprit divin, ii, 21 ; iii, 3. — Ensuite Amos nous montre toutes les nations invoquant le nom de Dieu, et Édom même soumis à la maison de David : cette mention inattendue d’Edorn a aussi le sens allégorique communaux autres prophètes et à la tradition juive, où Edom figure en général l’ennemi de Dieu et de son règne, l’idolâtrie opposée au judaïsme et au christianisme. Is., lxii, 10 ; lxiii, 6 ; Ezech., xxxv ; xxxvi, etc. Amos termine sa prophétie en insinuant que ce nouvel état religieux ne subira plus d’éclipsé comme le mosaïsme ; c’est le regni ejus non erit finis, répété si souvent dans les autres prophéties messianiques de l’Ancien Testament.

V. Texte, versions et commentaires.

L’authenticité’et la canonicité d’Amos n’ont jamais été contestées. Son texte hébreu actuel n’a subi aucune altération importante : même quand les Septante en diffèrent, on voit qu’ils avaient sous les yeux le même texte que nous, et qu’ils l’ont seulement ponctué quelquefois d’une façon différente. L’hébreu renferme certains mots étrangement ortbographiés, où l’on voit généralement des « provincialisme ^ » d’Amos, qui lui attiraient de saint Jérôme la qualification de pastur et rusticus, imperitus sermone ; mais comme au contraire le style d’Amos et sa composition sont excellents, on se demande si ce ne seraient pas de simples fautes des copisles, Eichhorn, Einleit., 1824, t. iv, p. 318 ; Cornely, Inlroductio, t. ii, part. 2, p. 551, n. 1.

Les Septante, même quand ils diffèrent de l’hébreu actuel, avaient sous les yeux le même texte que nous, ils l’ont seulement ponctué différemment, mais souvent à tort : le mot ban-noquedim du titre, bien rendu par saint Jérôme in pastoribus, est lu’èv Axxapstv ; ils ont mis, iii, 11, T’jpo ; xu%Xô6ev, au lieu de inimicus in circuitu, ayant lu lior, Tyr, au lieu de har, ennemi ; v, 26, Mo).iy pour régis vestri. Cf. Act., ix, 7. Les Septante ont aussi quelques endroits mieux rendus que dans la Vulgate, vi, 1 : Væ despicientibus Sion ; vii, 14 : Non eram proplieta ego… sed pastor eram, et tulit-.me Dominus. Voir aussi les nombreuses corrections d’Aquila, Symmaque, Tbéodotion, etc., dans Field, Hexapla, t. ii, p. 965. On s’accorde généralement à reconnaître le mérite de la traduction de saint Jérôme, mais à force d’être littérale elle devient obscure.

Les principaux commentateurs anciens sont saint Cyrille d’Alexandrie, Théodore de Mopsueste, et saint Jérôme ; les récents, Knabenbauer et Cornely pour l’explication et l’introduction. Voir aussi Trochon, Hartung, 1898, Van Hoonacker, 1908, etTouzard, Le livre d’Amos, Paris, 1909. E. Pannier.


AMOUR DE DIEU, voir Charité.


AMOUR DU PROCHAIN, voir Charité.


AMOUR (Frères de l’), secte d’anabaptistes connus aussi sous le nom de familistes, parce qu’ils se donnaient le nom de Family of love. Ils remontent à un anabaptiste hollandais nommé David Joris (1501-1556), homme sans éducation qui voulut fonder une secte spéciale. Il prétendit avoir des visions, fut persécuté dans son pays et vint à Bàle, où il mourut riche sous un faux nom. Sa succession religieuse fut recueillie par un nommé Henri Nicolas, plus fanatique encore que son maître. Il voulait détruire toutes les religions pour en établir une nouvelle. Il vint en Angleterre vers la fin du règne d’Edouard VI, et y fit beaucoup d’adeptes. Voici les principaux points de la doctrine des frères de l’amour. Ils n’admettaient pas de vraie connaissance du Christ ou des Ecritures en dehors d’eux. A leurs yeux, Moïse représentait la loi, le Christ, la foi, eux, l’amour. Us prétendaient avoir atteint une sorte de déification par communion avec Dieu ; quant à ceux qui étaient étrangers à leur secte, ils les appelaient non déifiés, non illuminés. Leur interprétation de la doctrine chrétienne était tout allégorique ; ils niaient la réalité de l’incarnation et du dernier avènement ; ils n’admettaient ni la résurrection des corps, ni le jugement dernier : tout cela, pour eux, n’était qu’allégories ; ils étaient très immoraux et prétendaient que ce qui était péché pour les autres ne l’était pas pour eux. Beaucoup d’entre eux mettaient en question s’il y avait un ciel et un enfer en dehors des plaisirs et des peines de la vie présente. Aussi les traitait-on d’épicuriens.

Le gouvernement prit des mesures pour les combattre. Le 3 octobre 1580 une proclamation d’Elisabeth fut lancée contre eux, où leurs livres étaient qualifiés d’obscènes, hérétiques et séditieux. Ce que la reine leur reprochait surtout c’était h de tenir cette opinion, que devant tout magistrat ecclésiastique ou civil, ou devant toute autre personne qui ne faisait pas profession d’appartenir à leur secte, ils pouvaient pour se justifier nier quoi que ce fût, avec serment ou autrement ». De la sorte, ils ne pouvaient être condamnés sur leurs aveux, bien que beaucoup fussent connus pour des apôtres de la secte. L’abjuration de leurs erreurs leur fut imposée. Us disparurent peu à peu, et finirent par se fondre avec les puritains.

Une secte d’autres fanatiques appelés Rankers, qui firent parler d’eux sous la République 1 1649-1660), semble avoir eu des rapports avec les familistes. Leur morale