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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/593

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AMYRAUT — ANABAPTISTE


légué de la province d’Anjou, il assista en 1631 au synode de Charenton et fut chargé de présenter à la cour les plaintes des protestants sur les infractions faites aux édits royaux rendus en leur faveur. Sa modération dans cette circonstance et son zèle pour maintenir ses coreligionnaires dans l’obéissance au roi lui valurent l’estime de Richelieu. Deux ans plus tard il était admis à enseigner la théologie et en 1634 publiait un livre sur la Prédestination qui souleva de vives protestations parmi les calvinistes. Le système développé par Amyraut dans cet ouvrage a reçu le nom d’universalité hypothétique et est une réaction contre l’étroitesse du dogme calviniste, en faveur des droits de la liberté morale. Il eut à défendre ses doctrines devant divers synodes : il triompha facilement de ses adversaires et le synode de Loudun (1659-1660) le chargea de donner une nouvelle et définitive édition de La discipline des églises. Les nombreux écrits d’Amyraut, quoique ayant eu pour la plupart diverses éditions, sont devenus très rares. Nous citerons : Traité des religions contre ceux qui les estiment indifférentes, in-8°, Paris, 1631 ; Traité de la prédestination, in-8°, Saumur, 1634 ; Echantillon de la doctrine de Calvin, in-8°, Saumur, 1637 ; De la justification contre le sentiment de M. de la Milletiire, in-8°, Saumur, 1638 ; De providentia Dei in malo, in-4°, Saumur, 1638 ; De l’élévation de la foi et de l’abaissement de la raison en la créance des mystères, in-8°, Saumur, 1641 ; Defensio doclrinæ Joannis Calvini de absolulo reprobationis décréta adversus scriptorem anonymum, in-4°, Saumur, 1641 ; Disscrtatwnes theologicse : i a De œconomia trium personarum, 2 a de jure Dei in creaturas, 3 a de gratta universali, 4 a de gratia parlicidari, 5 a ad II Corinth., c. A/, 3, de serpente tentatore, in-8°, Saumur, 1644 ; Paraphrase sur l’Epitre aux Romains, in-8°, Saumur, 1644 ; Paraphrase sur l’Epitre aux Hébreux, in-8°, Saumur, 1644 ; Paraphrase sur l’Epitre auxGalates, in-8°, Saumur, 1645 ; Observations sur les Épitres aux Colossiens et aux Thessaloniciens, in-8°, Saumur, 1645 ; Considerationes in epistolani ad Ephesios, in-8°, Saumur, 1645 ; Paraphrase sur l’Epitre aux Pliitippiens, in-8°, Saumur, 1646 ; Paraphrase sur les Epi 1res catholiques de saints Jacques, Pierre, Jean et Jude, in-8°, Saumur, 1646 ; Exercitatio de gratia universali, in-8°, Saumur, 1646 ; Discours de l’état des fidèles après la mort, in-4°, Saumur, 1646 ; Declaralio fidei circa errores arminianwrum, in-8 ii Saumur, 1646 ; Apologie pour ceux de la religion, in-8°, Saumur, 1647 ; De secessionc ab ecclesia romana deque pace inter evangelicos in negotio religionis constituenda, in-8°, Saumur, 1647, écrit à l’occasion des nombreuses divisions des protestants ; Disputatio de libéra hominis arbitrio, in-12, Saumur, 1647 ; Considérations sur les droits par lesquels la nature a réglé les mariages, in-8°, Saumur, 1648 ; Considerationes in cap. vu Epist. D. Pauli ad Bomanos, in-12, Saumur, 1648 ; Spécimen antmadversionum in exercilaliones de gratia universali, in-4°, Saumur, 1648 ; Spécimen ammadversionum in easdem e.rercitaliones, in-8°, Saumur, 1648 ; Paraphrase sur les Epitres aux Corinthiens, in-8°, Saumur, 1649 ; Traité de la vocation des pasteurs, in-8°, Saumur, 1649 ; l’araphrase sur les Actes, in-8°, Saumur, 1li. r >0 ; Discours de la souveraineté des rois, in-4°, Paris, I650 ; Paraphrase sur l’évangile de saint Jean, in-8°, Saumur, 1651 ; Morale chrétienne, 6 in-8°, Saumur, 1652-1660 ; Du gouvernement de l’Eglise contre ceux qui veulent abolir l’usage et l’autorité des synodes, in-8°, Saumur, 1653 ; Thèses de peccalo in Spit-itum SanCtum, in-’i", Saumur, 1668 ; Exposition des chap. VI et t // de l’Epitre aux Domains et du chap. V de la l rc aux Corynthiens, in-12, Charenton, 1659 ; Apologie de saint Etienne à ses juges, in-8°, Saumur, 1660 ; De mysterio TrinitalU deque vocibus ac parapkrasibus qiii/>us tam in Scriptura quam apud patres explicatur, dissertatio

septem parlibus absoluta, in-8°, Saumur, 1660 ; De peccato originis, in-8°, Saumur, 1660 ; Eïp^vixov sive de ratione pacis in religionis negotio constituendæ consihum, in-8°, Saumur, 1662 ; Paraphrasis in psalmos Davidis una cum annotationibus et argumentis, in-4°, Saumur, 1662 ; In oralionem dominicam exercitatio, in-8°, Saumur, 1662 ; In symbolum Apostolorum exercitatio, in-8°, Saumur, 1663.

Walch, Biblioth. thaologica, Iéna, 1757 sq., t. I, p. 239, 254, 271, etc. ; t. ii, p. 494, 496, 541, etc. ; Ch. Ed. Saigey, M. Amyraut, sa vie et ses écrits, in-8° Strasbourg, 1849 ; Gtilestin Port, Dictionnaire géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. I, p. 18.

B. Heurtebize.

ANABAPTISTE. On désigne sous le nom d’anabaptistes (àvà, Pa7rTKT|x6ç) les hérétiques qui rebaptisent les adultes passant dans leur société religieuse, parce qu’ils regardent comme nul ou illégitime le baptême administré aux petits enfants. Historiquement, ce nom s’applique surtout aux ardents sectaires du xvie siècle qui ont associé à cette erreur particulière d’autres doctrines religieuses, sociales et politiques, fort avancées. En fait, I les anabaptistes ont été avec les sociniens, quoiqu’à un titre tout différent, les radicaux de la Réforme protestante. Les sociniens ont abondé dans le sens rationaliste ; les anabaptistes ont poussé jusqu’à l’extravagance le principe de l’individualisme mystique ; ils ont en outre aspiré à renverser tout l’ordre de choses existant de leur temps.

Nous distinguerons quatre périodes dans l’histoire de l’anabaptisme et nous étudierons successivement : 1° la tentative des prophètes de Zwickau et leurs prédications à Wittenberg, 1521-1522 ; 2° le mouvement révolutionnaire dirigé par Thomas Mùnzer et la guerre des paysans, 1522-1525 ; 3° le mouvement révolutionnaire dirigé par Matthys et Jean de Leyde, la fondation et la ruine du royaume théocratique de Munster, 1533-1535 ; 4° la formation des sectes pacifiques qui ne gardèrent de l’anabaptisme que certains principes religieux.

I. Première période : la tentative des prophètes de Zwickau et leurs prédications a Wittenberg, 15211522. — Luther avait fait dépendre la justification de l’homme uniquement des mérites de Jésus-Christ que le chrétien s’appliquait par la foi. Selon lui, les sacrements ne justifiaient donc point : c’était la foi de celui qui les recevait. Un des disciples de Luther, le foulon Nicolas Storch, conclut de ce principe que le baptême des enfants ne pouvait les justifier et qu’il fallait rebaptiser tous les chrétiens, puisque, lorsqu’ils avaient été baptisés, ils étaient incapables de former l’acte de foi par lequel le chrétien s’applique les mérites de Jésus-Christ.

Luther avait prétendu que l’unique source de la doctrine est la sainte Écriture ; or, disait Storch, loin que l’on trouve dans l’Écriture qu’il faille baptiser les petits enfants, il y est dit : Qui CREDIDERIT et baptizalus fuerit, salvus erit. Marc, XVI, 16. L’enfant ne peut croire ; donc, en vertu du texte de l’Ecriture, il ne peut être baptisé. Ceux qui ont été baptisés dans l’enfance n’ont point en réalité reçu le baptême ; donc il faut les rebaptiser.

Luther avait dit qu’il était directement inspiré par l’Esprit-Saint ; Juste Jonas écrivait que « Dieu lui-même semblait, comme au temps du Christ, enseigner directement son peuple par un souflle ardent et soudain de l’Esprit ». Storch affirma que le Saint-Esprit ne refusait à aucun de ceux qui les demandaient ces lumières particulières et extraordinaires, qu’il leur communiquait ainsi non seulement la connaissance de la vérité, mais aussi ses ordres ; de telle sorte que l’inspiration du Saint-Esprit était pour chaque fidèle la règle de la foi et la règle de la conduite.

Ce ne fut là, tout au début, qu’une doctrine d’école : elle fut prêchée à Zwickau, en Saxe, par Storch et par le prédicant Thomas Mùnzer.