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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/625

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ANGE D’APRÈS LA SAINTE ÉCRITURE — D’APRÈS LES PÈRES

devant son trône, Tob., XII, 15, parmi lesquels Raphaël, ibid., et Gabriel. Luc, I, 9. Mais il en est des millions d’autres qui l’entourent et le servent. Dan., VI, 10 ; Apoc, V, 11 ; VII, 11. Ils chantent ses louanges, Is., VI, 3 ; Apoc., IV, 8 ; V, 11,12 ; VII, 11 ; se prosternent la face contre terre pour l’adorer, Apoc, VII, 11 ; font brûler de l’encens sur l’autel qui est devant son trône. Apoc, VIII, 3. Images sensibles empruntées tantôt à la cour des rois d’Orient, tantôt au culte du temple, pour exprimer les hommages que les esprits bienheureux rendent au Très-Haut.

2o Fonctions auprès des créatures.

Les anges sont, vis-à-vis des créatures, les exécuteurs des décrets du Tout-Puissant. Gen., XVI, 7 ; XIX, 1 ; XXI, 17 ; XXII, 15 ; Num., XXII, 22 ; Jud., II, 1 ; VI, 11 ; XIII, 3 ; II Reg., XXIV, 6 ; I Par., XXI, 12 ; Tob., III, 25 ; Dan., XIV, 33 ; I Mach., VII, 41. Dieu se sert de leur ministère pour faire connaître ses volontés, Gen., XXII, 15 ; Num., XXII, 35 ; Jud., VI, 12 ; XIII, 13 ; III Reg., XIII, 18 ; IV Reg., I, 3 ; Zach., I, 9 ; et pour assurer les succès des missions qu’il confie aux hommes. Gen., XXIV, 7,40 ; Exod., XXIII, 20,23 ; XXXII, 35 ; XXXIII, 2. De leur côté, les hommes attribuent fréquemment au secours des anges les faveurs qu’ils ont reçues de Dieu. Gen., XLVIII, 16 ; Judith, XIII, 20 ; Dan., III, 95 ; IV, 22 ; II Mach., XV, 23. L’Ancien Testament parle d’anges qui sont chargés des intérêts des divers peuples, Dan., X, 13,20, en particulier de Michel, l’ange du peuple juif, Dan., X, 51 ; XII, 1 ; Jude, 9 ; le Nouveau semble dire que les anges, sous le commandement de Michel, protègent l’Église universelle, Apoc, XII, 7 ; et même, suivant une interprétation, qu’il y en a un qui est préposé à la garde des églises particulières. Apoc, I, 20 ; II, 1 sq. L’Ancien Testament racontait comment les anges venaient en aide aux hommes, même pris individuellement. Tob., III, 25 sq. Les fidèles du Nouveau Testament croient que chaque homme a un ange gardien, Act., XII, 15, et cette croyance est ratifiée par le Sauveur. Matth., XVIII, 10. Beaucoup d’écrivains rationalistes admettent que la doctrine des anges gardiens dérive du mazdéisme et qu’elle aurait été introduite chez les Juifs, à la suite de la captivité de Babylone. Mais on en trouve les premiers éléments dans les plus anciens livres de la Bible ; car, au point de vue doctrinal, il n’y a pas de différence entre l’histoire d’Agar et celle de Tobie. D’ailleurs la conception des anges ou fravashis est bien différente dans le mazdéisme de celle des anges dans la Bible. Les fravashis sont des âmes des morts qui restent avec les vivants. Les anges de la Bible n’ont jamais rien eu de la nature humaine, et leur habitation ordinaire est le ciel. Revue de l’histoire des religions, septembre-octobre, 1899, p. 271,272. La diversité de ces conceptions montre que l’angélologie biblique n’a pas été empruntée à l’angélologie du mazdéisme.

Saint Étienne, Act., VII, 53 ; VII, 53 ; et les Épitres de saint Paul, Gal., III, 19 ; Hebr., II, 2, attribuent la promulgation de la loi mosaïque aux anges. L’Épitre aux Hébreux part de ce fondement pour établir la supériorité de la loi nouvelle donnée au monde par Jésus-Christ. Hebr., I, 11. Elle démontre en même temps, Hebr., I, la supériorité du Christ, fils de Dieu, Hebr., I, 5, sur les anges, qui sont simplement des serviteurs, Hebr., I, 14 ; cf. Matth., IV, 6,11 ; XXVI, 53 ; XXVIII, 2 ; Luc, IV, 2 ; Eph., I, 20,21 ; Col., II, 10, comme si, dès ce moment, il avait été nécessaire de mettre les chrétiens en garde contre l’erreur des gnostiques futurs qui devaient faire du Christ un éon et attribuer ainsi notre rédemption aux anges. Les saints du Christ sont même présentés comme supérieurs aux anges ; car ceux-ci seront jugés par eux. I Cor., VI, 3. Suivant saint Paul et saint Pierre, non seulement la loi chrétienne ne vient pas des anges ; elle est encore ignorée d’eux, tant qu’elle ne leur a pas été manifestée par les révélations faites aux hommes. Eph., III, 10 ; 1 Tim., III, 16 ; I Petr., I, 12. Cependant, les anges restent dans le Nouveau Testament les messagers de Dieu. Matth., I, 20 ; II, 13 ; XXVIII, 2,5 ; Luc, I, 11,26 ; II, 9 ; XX, 43 ; Joa., XX, 12 ; Act., V, 19 ; VIII, 26 ; X, 3 ; XII, 7 ; XXVII, 23. Ils ont été réconciliés par le sang du Christ. Col., I, 20. Ils ont la mission d’assurer le salut des prédestinés, Hebr., I, 14 ; ils combattent le démon qui voudrait perdre l’Église du Christ, Apoc, XII, 7 ; ils se réjouissent de la persévérance des justes et de la conversion des pécheurs, Luc, XV, 7 ; ils accompagnent les âmes dans l’autre vie. Luc, XVI, 22. Au jugement dernier, ils seront les ministres du Christ pour séparer les bons des méchants. Matth., XIII, 49 ; XVI, 27 ; XXIV, 31 ; Marc, VIII, 38.

V. Culte des anges.

Saint Paul met les Colossiens en garde contre ce qu’il appelle la religion des anges. Col., II, 18. Cette religion dérivait peut-être de l’erreur qui semble avoir égalé les anges au Christ, Hebr., I ; elle consistait peut-être aussi à leur rendre le culte d’adoration qui doit être réservé à Dieu et que l’ange de l’Apocalypse refuse de recevoir de saint Jean, Apoc, XXII, 9, comme l’ange à qui Manué offrait jadis un chevreau, lui avait dit de l’offrir en holocauste au Seigneur. Jud., XIII, 15,16. Cependant l’Écriture ne condamne point les honneurs rendus aux anges, comme ministres de Dieu, et les prières qu’on leur adresse. Jacob prie l’ange qui l’a protégé. Gen., XLVIII, 16 ; cf. Ose., XII, 4. Moïse, Exod., III, 5, et Josué, V, 13,14, ôtent leur chaussure par respect pour l’ange du Seigneur et l’Apocalypse nous représente les anges qui offrent à Dieu les prières des saints. Apoc, v, 8.

Suarez, Opera omnia, De angelis, t. II, Paris, 1856 ; Petau, Dogmata theologica, De angelis, t. III, IV, Paris, 1865,1866 ; dom Calmet, Dissertation sur les bons et sur les mauvais anges, en tête de son Commentaire sur saint Luc, Paris, 1715, p. XXVII-XLVIII ; Schwane, Dogmengeschichte : Vornicänischte Zeit, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, § 7, p. 37 sq. ; Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, article Ange, t.I, col. 576 sq. Nous indiquerons parmi les auteurs protestants et rationalistes : Haag, Théologie biblique, in-4o, Paris, 1870, p. 338,411,459,497 ; Stapfer, Les idées religieuses en Palestine, in-12, Paris, 1878, p. 51-65.

A. Vacant.

II. ANGÉLOLOGIE d’après les Pères. — I. Création des anges. II. Nature des anges. III. Nombre des anges. IV. Hiérarchie angélique. V. Séjour des anges. VI. Ministère des anges. VII. L’ange gardien. VIII. Culte des anges.

Pendant les six premiers siècles de l’Église, deux ouvrages ont spécialement traité la question des anges : l’un, de la fin du IIe siècle, Περὶ ἀγγέλων de Clément d’Alexandrie, annoncé dans les Strom., VI, 3, P. G., t. IX, col. 249, peut-être resté à l’état de projet, mais que nous n’avons pas, si Clément a tenu sa promesse ; l’autre, de la fin du Ve siècle ou du commencement du VIe, le Περὶ τῆς οὐρανίας ἱεραρχίας du Pseudo-Denys. Le premier aurait pu nous donner la clef de certaines difficultés qui enveloppent la pensée d’Origène ; le second nous permet de mesurer le chemin parcouru, les progrès réalisés, les solutions acquises, et aussi de constater ce qui manque encore à l’angélologie et le départ qui restera à faire entre des opinions destinées à disparaître et les vues qu’il faudra mettre en pleine lumière. Donc jusqu’au Pseudo-Denys, on peut dire que l’angélologie n’a été ni directement, ni surtout pleinement, abordée par les Pères.

Les Pères, cependant, ont tous parlé des anges, mais en passant, d’une façon incidente. Les renseignements fragmentaires qu’ils nous fournissent permettent d’entrevoir la manière dont ils concevaient le monde angélique plutôt que de s’en faire une idée exacte et précise. Car bien des points ont été laissés dans l’ombre ; et, parmi les questions incomplètement abordées, plusieurs ont été résolues en sens divers. On se trouve en face d’hésitations, d’hypothèses, parfois même d’opinions erronées, dont il devra être fait justice ; peu d’idées