Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/628

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1197

ANGE D’APRES LES PERES

1198


Depuis le {{rom-maj|IV)e siècle.

Pour ce qui regarde le texte de la Genèse, la traduction « fils de Dieu » au lieu de « anges de Dieu » s’imposa à la longue ; et, grâce à J. Africain, Chron., H, P. G., t. x, col. 66, dans ces fils de Dieu on vit des hommes. Telle fut, en particulier, l’opinion de l’auteur des Dialogues, attribués à saint Césaire, Dial., i, q. xlviii, P. G., t. xxxviii, col. 918 ; de Basile de Séleucie, Or., vi, 2, P. G., t. lxxxv, col. 90 ; de Philastre, Hser., 108, P. L., t. xii, col. 1226 ; de Chrysostome, In Gènes., homil. xxii, 2, 3, P. G., , t. lui, col. 187 ; de Cyrille d’Alexandrie, In Gènes., il, 2, P. G., t. lxix, col. 51-53 ; Adv. Jul., ix, P. G., t. lxxvi, col. 951 ; Cont. anthr., 17, P. G., t. lxxvi, col. 1107 ; de Théodoret, In Gènes., q. xlvii, P. G., t. lxxx, col. 147.

Parmi les Pères latins, saint Hilaire, qui dit les anges spirituels de leur nature, In Psal., cxxxvii, 5, P. L., t. ix, col. 786, conclut néanmoins à une certaine substance corporelle, à cause du principe de localisation. Nam et animarum species, sive obtinenlium corpora, sive corporibus exulantium, corpoream tamen naturee suse substantiam sortiuntur, quia omne quod creatum est, in aliquo sit necesse est. In Matlh., v, 8, 58, P. L., t. ix, col. 946. Saint Ambroise pose ce principe général : Nos autem nihil matcrialis compositions immune alque alienum putamus, præter illam solam venerandse Trinitalis substantiam. De Abrah., Il, 8, P. L., t. xiv, col. 482. Saint Jérôme écarte l’idée d’un corps grossier et charnel, mais il admet une enveloppe éthérée, aérienne ; car nos corps, après la résurrection, doivent briller comme ceux des anges. Epist., lxxv, 2, P. L., t. xxii, col. 687.

Saint Augustin connaît l’interprétation donnée au passage de la Genèse. Une première fois, il pose la question sans la résoudre : Utrum possint angeli, cum spiritus sint, corporaliter coire cum feminis ? De civ. Dei, xv, 5, P. L., t. xli, col. 468. Il la reprend, ibid., xv, 23, pour dire que les anges sont des esprits, car il est écrit, Ps. ciii, 4 : Qui facit angelos suos spiritus. Mais il n’ignore pas le sens donné au psaume ciii, 5, par Tertullien, Adv. Marc, ii, 8, P. L., t. ii, col. 294Origène, De princ, 1. II, c. viii, 3, P. G., t. xi, col. 222, et Jérôme, In Dan., vii, P.L., t. xxv, col. 532. Faut-il voir dans les ministros suos ignem urentem un corps, ou simplement le feu de la charité ? Il répond : Ambiguum est. Ce qui l’embarrasse, ce sont les apparitions des anges racontées par l’Écriture. Aussi n’ose-t-il rien affirmer : Non hinc aliquid audeo definire. En tout cas, il ne croit pas au commerce charnel des anges. Il avoue que les anges, dans leurs apparitions, avaient un vrai corps. Scrm., xii, 9, P. L., X. xxxviii, col. 104. Il avoue également qu’ils se nourrissent du Verbe. De lib. arb., iii, 30, P. L., t. xxx, col. 1286. Les anges sont des esprits : ont-ils un corps ? Il ne sait, il laisse la question sans solution. Epist., xcv, 8, P. L., t. xxxiii, col. 355. On sent qu’il est sous l’influence des Pères qui l’ont précédé ainsi que de la philosophie néo-platonicienne. A la suite d’Origène, il en vient à regarder les anges comme composés d’esprit et de matière. Dans le De Trinitate, il, 7, P. L., t. xlii, col. 853, il dit que les anges peuvent corpus suum, eux non subduntur sed subditum regunt, in species quas velint accommodatas alque aplas actionibus suis, mutare alque vertere, et il se demande, ibid., iii, 4, col. 870-871, si, pour paraître, ils ont emprunté une forme corporelle à la créature ou s’ils ont simplement transformé leur corps pour l’accommoder à leur mission ; mais il ne veut pas trancher la question de savoir s’ils agissent manente spirituali sut corporis qualitate, ou si ipsa propria corpora transforment in quod voluerint, accommodate ad id quod agunt. Ibid. Malgré tant d’hésitations, saint Augustin prête un corps aux anges : Cum essent corpus, non caro, Serm., ccclxii, 17, P. L., t. xxxix, col. 1622, mais pas un corps semblable à celui de l’homme, car celui-ci, en comparaison, est un corps mort, même quand il est uni à l’âme. In Psal., lxxxv, 17, P. L., t. xxxvii, col. 1094. Et c’est à ce corps des anges que doit ressembler le corps de l’homme ressuscité ; il sera alors aérien, éthéré, £p(s£., ix, 3, P. L., t. xxxiii, col. 72, céleste, spirituel, angélique. In Psal., cxlv, 3, P. L., t. xxxvii, col. 1185, et Relract., I, 26, P. L., t. xxxii, col. 626.

La pensée de saint Augustin sur cette spiritualité relative des anges ne saurait faire doute, car on la retrouve dans l’un de ses meilleurs disciples, Fulgence de Ruspe (468-533). Celui-ci affirme bien que les anges ne sont pas associés à des corps terrestres, De fui. ad Petr., 30, 31, P. L., t. XL, col. 762, 763 ; mais il croit à leur composition. Plane ex duplici eos (les anges) esse substantia asserunt ynagni et docli viri, id est ex spiritu incorporeo, quo a Dei conlemplatione nunquam recedunt, et ex corpore, per quod ex tempore hominibus apparent. Ce corps est éthéré, de feu pour les anges, d’air pour les démons. De Trinit., ix, P. L., t. lxv, col. 505.

Un contemporain d’Augustin, bien que connaissant la doctrine de Chrysostome et repoussant la fornication des anges, Cassien, dit : Licet pronuntiemus nonnullas esse spirituales naturas, ut sunt angeli, archangeli, cmterœque virtutes, ipsa quoque anima nostra, vel cerle aer iste subtilis, tamen incorporese nullatenus xstimandse sunt. Habent enim secundum se corpus, quo subsistunt, licet multo tenuius quamnos ; nam sunt corpora secundum Aposloli sententiam ila dicentis : et corpora cælestia et corpora terrestria. Coll., vii, 13, P. L., t. xlix, col. 684.

Au {{rom-maj|V)e siècle, Fauste de Riez, en Gaule, écrit : Et quia non solum anima, sed eliam angelorum invisibilis cselestisque substantia, sicut localibus sputïis continetur, ita auctore suo corporca esse… approbatm-, Epist., iv, P. L., t. lviii, col. 8’*7 ; et Pierre Chrysologue, en Italie, dit du démon qu’il n’a ni membres ni sens, cum tennis et aerea natura carnem nesciat… velut aura spirans. Serm., lii, P. L., t. lii, col. 345. Enfin Gennade, De eccles. dog., xi et xii, rappelle ces deux principes qui dominent toute la question, chez les latins : Nihil incorporeum et invisibile natura credendum, nisi solum Deum, et Creatura omnis corporea est. Angeli et omnes cselestes virtutes corporeæ, licet non carne subsistant. P. L., t. xlii, col. 1215, 1216.

Tout différent est le langage des Pères grecs à partir du iv « siècle. Ici, les anges sont proclamés incorporels, immatériels, spirituels, à<îû>f/.aToi, auXoj, irvejjxaTa. Homélie sur la Théophanie, P. G., t. x, col. 1180 ; Tite de Bostra, Cont. Man., i, 21, P. G., t. xviii, col. 1090 ; Didyme, De Spir.Sanc, i, 5, 6, P. G., t. xxxix, col. 1037. Eusèbe de Césarée les appelle XoyiOTjv x-rïffiv, à^cojxàTO’j ; voepâç, auXa xoù wxvtri xaOapà TuveûjxaTa. Dem. evang., iv, 1, P. G., t. xxii, col. 252. Il observe que le feu, par lequel ils sont désignés dans le psaume, n’est pas un feu matériel et terrestre, ni même une substance comme l’air, mais une métaphore, car ils sont des natures spirituelles et raisonnables, voepa xa Xoyixa’i oOaiai. Prsep. evang., vii, 15, P. G., t. xxi, col. 552. Basile, Hou. quod Deus non sit auctor mali, 9, a soin de distinguer la nature intelligible de la corporelle et de ranger les anges dans la première, P. G., t. xxxi, col. 349 ; il la qualifie de simple et d’immuable. In Psal., xliv, 1, P. G., t. xxix, col. 387. Grégoire de Nysse pense comme lui. Pour Chrysostome, l’ange est àTci^aTO ?, même le démon. De laud. Paul., homil. vii, P. G., t. L, col. 509. Il traite d’absurde et de blasphématoire le commerce charnel des anges, à raison de leur incorporéité, In Gènes., homil. xxii, 2, P. G., t. lui, col. 187-188 ; et il explique les angélophanies par l’apparence de formes humaines. De consubst., vii, 6, P. G., t. xlviii, col. 765. Théodoret, comme Chrysostome et pour les mêmes raisons, repousse le commerce charnel des anges. InGenes., q. xlvii, P. G., t. lxxx, col. 148. La manne n’est pas