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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/656

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ANGE DANS LES ÉGLISES ORTHOD. — CHEZ LES SYRIENS

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1 nople. Le 6 et le 29 septembre, on célèbre l’anniversaire du miracle de saint Michel à Chônes. Voir la littérature du sujet dans la Bibliolhcca hagiographica græca des bollandistes, in-8o, Bruxelles, 1895, p. 93. Saint Gabriel est spécialement fêté le 26 mars et le 13 juillet ; le Il juin, les moines de l’Athos célèbrent la synaxe du même saint Gabriel èv tô> SSeï, en mémoire d’une curieuse apparition de l’archange. Nicodème, op. cit., t. iii, p. 99101 ; Échos d’Orient, t. ii, 1899, p. 227-230. Chose curieuse, saint Raphaël n’a pas de fête spéciale, mais il figure sur les images avec les anges apocryphes Uriel et Jérémiel. Cette dernière particularité m’amène à dire un mot de l’iconographie. Le Guide de la peinture parle peu des anges en général ; mais il revient souvent sur saint Michel. L’archange peut être représenté avertissant Agar, empêchant Abraham d’immoler son fils, apparaissant à Gédéon, annonçant la naissance de Samson, apparaissant à David et tuant 70000 hommes, massacrant les soldats de Sennachérib, consolant les trois enfants, nourrissant Daniel, délivrant Constantinople des Perses, sauvant son église de Chônes. On le représente aussi avec saint Gabriel sauvant un enfant des flots, par allusion à un miracle opéré au mont Athos en faveur d’un enfant que les moines avaient jeté à la mer. Cf. Martinov, op. cit., p. 273. Le Guide de la peinture détermine avec soin les légendes dont les images peuvent être accompagnées, ’Epu.7)vgia tÔ)v ÇtdYpâcpwv, in-8o, Athènes, 1885, passim et surtout § 549, 558, 559. Sur l’iconographie particulière de saint Michel, voir Fr. Wiegand, Der Erzengel Michæl un ter Berûcksichtigung der byzantinischen, allitalischen und romanischen Kunst, in-8o, Stuttgart, 1886.

L’angélulogie grecque est encore à écrire, au moins à partir de Phutius. En dehors des ouvrages cités au cours de l’article, on pourra consulter, sur la doctrine même de Photius, Hergenrôther, Photius, Patriarch von Constantinopel, in-8o, t. iii, Ratisbonne, 1860, p. 431-430 ; ces pages pleines d’érudition forment un des meilleurs chapitres de la théologie positive ; Métrophanes de Smyrne, contemporain de Photius, Éloge des archanges Michel et Gabriel, publié dans 1’'ExxXqffian’xfi’k’i.-ffiii’t, 2’série, t. iv, 1887, p. 386-393 ; Michel Psellus, De omnifaria doctrina et De operalione dsemonum, passint, P. G., t. cxxii ; Nicétas Acominatos <xu" siècle), Éloge des archanges Michel et Gabriel, édit. Possinus, in-8% Toulouse, 1637 ; P. G., t. cxl, col. 1221-1245 ; Macaire Chrysokephalos, Discours sur les neuf chœurs des anges et sur les saints Michel et Gabriel, dans le recueil de ses quatorze discours : A6-<<n Ttavi-, Yuçmo S’, in-4° Cosmopolis (— Vienne), p. 54, 63 ; Manuel Paléologue, Dialogus de angelis et hominibus, P. G., t. clvi, col. 133-148 ; Nicodème, lu-.’/ÇaoïiT^, -, Zante, 1868, t. I, p. 241, note. Les nombreux ouvrages de Nicodème contiennent sur notre sujet une foule d’indications ; voir, par exemple, les tables alphabétiques du Kfjro ; ^afixiuv, in-4° Venise, 1819, et de 1°EoçtoiSç6 ; i.[ov, in-4o, Venise, 1836. Les prédicateurs modernes ont aussi traité le sujet dans leurs discours, mais il y a fort peu à prendre chez eux. Le métropolite de Moscou, Philarète, a pourtant deux sermons qui méritent d’être lus, Choix de sermons et discours, in-8o, t. i, Paris, 1866, p. 441-456. Signalons enfin les nombreux Catéchismes orthodoxes, en particulier celui de D. N. Bernardakis à cause de son caractère officiel, ’lejà xaTvi/_r]<ri ; , in-8° Constantinople, 1876, p. 72-75.

L. Petit.

VI. ANGÉLOLOGIE chez les syriens. — I. Noms des anges. II. Création et nature des anges. III. Opérations et fonctions des anges. IV. Hiérarchie des anges. V. Nombre des anges. VI. Erreurs sur les anges.

I. Noms des anges. — Concurremment aec l’appellation de mal’ak, malcCkà, « envoyé, » « messager, » et son synonyme izgaddd qui se substitue même à l’hébreu mal’dk, les Syriens désignent très fréquemment les anges par le nom de’ïr, « vigilant. » Emprunté à la Peshito : Dan., iv, 10-23, Septante eïp, ce mot se trouve dans la première littérature syriaque, représentée par Aphraate (345), Éphrem (376), la Doctrine d’Addai ({{rom|iv)e -{{rom|v)e siècle), les actes des martyrs de la Perse ({{rom|v)e siècle). C’est tantôt un simple synonyme de niaVâk : cf. Aphraate, Démonstration, v, 3, Patrologia syriaca, t. i, p. 188, 13, et

IV Reg, , xix, 34 ; Bar-Hébrœus, Chronic, 4, et Gen., vi, 2 ; un terme génériqne appliqué à toutes les créatures angéliques, Ephrem, Cont. Marcion., serm. liv, Opéra syr., t. il, p. 556 ; Contr. scrutât., serm. v, t. iii, p. 9 ; tantôt une désignation particulière signifiant une catégorie distincte de celle des séraphins ou des chérubins, Éphrem, Scrutât., serm. iv, t. iii, p. 8 ; ibid., II, i, t. iii, p. 166 ; ou encore, conformément à son étymologie, un être « vigilant », ^p^yopoç, Assémani, Bibliotheca orient., 1. 1, p. 100, un angetutélaire, un protecteur. On lui donne alors pour équivalent nàtûrd, « gardien. » C’est en ce sens que les écrivains ascétiques entendent "trûtâ d-mal’akê, « la vigilance des anges. » Sanclorum vitse, cod. Quatremère, 198. L’idée attachée à ce terme est développée par saint Éphrem, serm. I sur la mort du Christ, t. il, p. 400. Voir Morin, Adnot. 22 in Syrorum ordinationes, De sacris ordinationibus, Paris, 1655, p. 491-495. L’appellation syriaque a été transportée en arménien : Zôwartoun. Grégoire Thaumaturge, Homil. in Nativit., Vitra, Analecta sacra, Spicil. Solesmensi, t. iv, p. 135, 14, et 387.

Dans Jacques de Sarug, ’ïrdésigne spécialement l’ange Gabriel, 224, 11. Voir Of/icium feriale Maronitarum, Rome, 1830, p. 330, 10. Les anges sont aussi appelés rûhânê, « les spirituels ; » smaydnc, « les célestes ; » nùrânê, « les ignés. » Ce dernier terme sera expliqué ciaprès.

IL Création et nature des anges. — Ils furent créés avant les cieux, les quatre éléments et la lumière. Abdiésu, Livre de la Perle, ii, 1, Mai, Scriptorum velerum, t. x b, p. 321. Ils sont incorporels et immatériels. Éphrem, Marcion., serm. xlviii, t. il, p. 546. Leur formation n’est pas due à la matière, mais ils furent, comme les âmes, tirés du néant et créés de rien. Ibid., serm. xlviii, p. 544. La nature des anges est « le feu et l’esprit » ; celle des créatures corporelles est « la terre et l’eau ». Éphrem, Scrutât., serm. xxx, t. iii, p. 53. La liturgie nestorienne des saints apôtres dit de même : « l’Armée des esprits, ministres de feu et d’esprit. » Missale chaldaicum, Rome, 1767, p. 282, Renaudot, Liiurgise orientales, édit. 1861, t. ii, p. 584. Voir aussi la liturgie maronite des présanctifiés. Missel maronite, Beyrouth, 1888, p. 140.

Tous les anges sont de même nature : c’est pourquoi nous les appelons d’un même nom ; ainsi désignons-nous toutes les âmes ou tous les hommes par une appellation générique. Éphrem, Marcion., serm. liv, t. il, p. 556. Le lexicographe syrien Bar-Bahlul, au {{rom|x)e siècle, définit l’ange ( ?) « une [créature] raisonnable, agissant sans organes [corporels], et par là différenciée de l’âme qui agit au moyen des organes du corps ». Dans Payne-Smith, Thésaurus syriacus, 1874.

III. Opérations et fonctions des anges. — 1° Science des anges. — Les anges reçoivent la doctrine et la connaissance de ceux qui sont au-dessus d’eux. Ils la leur demandent et leurs questions restent en rapport avec leur condition. Éphrem, Scrutât., 1. I, serm. v, p. 9. Comparée à la connaissance des hommes, celle des anges, ’îrê, est comme le jour comparé au crépuscule ; mais à côté de la science de l’esprit, celle des anges n’est qu’une faible lueur. Ibid. La science des anges de l’ordre le plus élevé n’atteint pas toute la connaissance de Dieu. Ibid., serm. LI, t. iii, p. 39. Ils ne peuvent supporter l’éclat de la divinité. Scrutât., 1. II, serm. i, t. iii, p. 165 ; Aphraate, Demonstr., xvii, 35, p. 663.

2° Office des anges aupri-s de Dieu. — Leur office consiste à louer Dieu et à le servir. Suivant saint Éphrem, les « vigilants » l’adorent en silence, les séraphins le louent, les chérubins le portent. Éphrem, Scrutât. , 1. I, serm. iv, t. iii, p. 8 ; 1. II, serm. i, p. 166. Ils accomplissent leur ministère en silence. Ibid., 1. 1, serm. ni et iv, p. 5, 8. Le langage des anges spirituels, ’îrê d-rûhd, n’est pas semblable à celui des hommes ; c’est