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ANIMATION

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q.xci, a. 4, ad l ura ; Suarez, De opère sex dierum, l. III, c i, n. 13, Paris, 1856, t. iii, p. 175 ; Grégoire de Nysse, De opificio hominis, c. xxviii, xxix, P. G., t. xuv, col. 230, 234 ; S. Jean Uamascène, De fide orthod., l. II, c. xii, P. G., t. xciv, col. 918 ; Augustin, De Genesi contra manich., l. II, c. viii, P. L., t. xxxiv, col. 205. Cf. Eschbach, op. cit., p. 186.

II. Arguments tirés de la traditions. —

1° On invoque le témoignage de Pères nombreux qui ont professé, nous l’avons dit plus haut, l’animation médiate.

— Réponse. Des Pères latins surtout ont professé cette doctrine comme l’opinion courante de leur temps, non comme un point de foi ou de morale ; ils ne sont pas unanimes, puisque d’autres Pères, particulièrement chez les Grecs, défendent en grand nombre l’animation immédiate.

2° Le Catéchisme romain se prononce formellement en faveur de l’animation médiate. « Selon l’ordre naturel des choses, dit-il, aucun corps ne peut être informé par une âme humaine qu’après un certain laps de temps. Cum servato naturæ ordine nullum corpus, nisi intra prsescriptum temporis spatium, hominis anima informari queat. » Catech. roman., part. I, in 3° symboli articulo, n. 7. — Réponse. Le Catéchisme romain a certes une grande autorité, mais il ne touche la question de l’animation humaine que d’une façon transitoire et n’a pas l’intention de la résoudre ex professo : il exprime sur ce point l’opinion courante sans vouloir l’imposer comme une vérité doctrinale et nécessaire.

II. Arguments tirés de la théologie. —

1° En 1588, Sixte V, par la bulle Effrœnatam (Bullarium romanum, Turin, 1865, t. ix, p. 39), porte l’excommunication contre tous ceux qui sciemment procurent l’avortement d’un fœtus qu’il soit animé ou inanimé. En 1591, Grégoire XIV, par la bulle Sedes apostolica (Bullar. rom., t. ix, p. 430), enlève l’excommunication portée contre l’avortement d’un fœtus inanimé et la restreint au seul avortement du fœtus animé. Le Saint-Siège suppose donc l’animation médiate. L’avortement du fœtus animé seul est frappé d’excommunication par Grégoire XIV, parce que seul il est homicide. Quant à Sixte V, s’il punit d’excommunication les deux avortements, il a soin de distinguer le fœtus animé et le fœtus inanimé, et l’avortement du second n’est pas puni parce qu’il est homicide, mais parce qu’il empêche un homme de naître, ce qui équivaut à un homicide. Cf. Propositions damnatas ab Innocentio XI, die 2 martii 1079, prop. xxxiv. — Réponse. Les souverains pontifes ne décident nullement la question de l’animation, ils la supposent telle que la résolvaient communément les philosophes et les médecins de leur temps, et ils établissent sagement une législation sur ces idées courantes de la science d’abord. Leges enim soient in rébus ad philosophiam vel medicinam aliasque facilitâtes pertinentibus communiori sensui doctorum, qui cas profitentur sese accommodare. Cangiamila, Embryologia sacra, l. I, c. ix.

2° Le Rituel romain, De sacramento baptismi rite administrandS, dit : Nemo in utero matris clausus baplizari débet. Sed si infans caput emiserit et periculum mortis immineat, baptizetur in capite… At si aliud membrum emiserit, quod vitalem indicetmolum, in Mo, si periculum impendeat, baptizetur. On le voit, pour que le baptême puisse être donné, c’est-à-dire pour que l’Église juge qu’il y a là une âme humaine, il faut des membres, un mouvement vital, choses qui n’existent pas de sitôt. — Réponse. Les prescriptions du Rituel ont été un peu tempérées depuis leur rédaction, et le baptême intra-utérin, par exemple, qui y est défendu, est aujourd’hui communément admis. — Les prescriptions suivantes détruisent l’argument que nous venons d’entendre. Il est dit, en effet, dans ces prescriptions : Si maler prsegnans morlua fuerit, fœtus quamprirnum exlrahatur ac, si vivus fuerit, baptizetur. L’Église n’exige pas ici des membres ni une organisation, mais simplement la vie : or la vie existe dès le premier instant. — Si l’Église s’est montrée réservée, jadis surtout, sur la question du baptême intra-utérin, la raison en est, non dans l’absence de l’âme, mais dans la difficulté pratique d’atteindre le fœtus et d’administrer un sacrement valide. Cf. Plazza, Causa immaculalæ canceptionis SS. Matris Dei Mariée, actio ni, a. 2, Païenne, 1747, p. 314.

IV. Arguments de raison. —

1° Dans l’ordre génératif, le sujet qui doit recevoir une forme en approche par degrés et ne devient capable de cette forme qu’en vertu de ses dernières dispositions. C’est pourquoi, dans la production de l’homme, le corps n’est pas apte à recevoir l’âme intellective tant qu’il n’est pas encore convenablement organisé. C’est ici le cas de dire : « L’hôte n’arrive pas que l’hôtellerie ne soit préparée. » Cf. Liberatore, Du composé humain, c. vi, a. 7, n. 288, Lyon, 1865, p. 277, 278. — Réponse. Dans l’ordre génératif, le sujet doit être préparé sans doute, mais affirmer que le germe au moment de la conception n’est pas préparé, que le corps n’est prêt à recevoir l’âme que formé et organisé, c’est postuler précisément ce qui est à démontrer et faire une pétition de principe. Les partisans de l’animation immédiate trouvent, au moment de la conception, le corps suffisamment disposé, parce que, pour cela, il n’est pas requis, disent-ils, que l’âme puisse exercer toutes ses puissances, mais seulement sa vertu nutritive et sa vertu augmentative dont le rôle est de construire le corps, de lui donner son volume et ses membres. Or, dans l’ovule fécondé, cette vertu nutritive et d’accroissement peut immédiatement s’exercer.

2° La matière première doit passer par tous les degrés de formes substantielles, être matière de plante, puis d’animal, avant d’arriver à la forme supérieure qui est l’âme humaine. — Réponse. Cette affirmation est gratuite et suppose résolu le problème lui-même qu’il s’agit de résoudre. — L’expérience montre le contraire puisque, par la nutrition, des éléments non vivants ou des plantes deviennent de la chair humaine animée par une âme raisonnable, sans que leur matière première ait parcouru tous les stades exigés par la nature de l’embryon. — Enfin, l’on suppose cette matière de l’embryon comme partant du point le plus éloigné, alors qu’au contraire elle a été organisée et préparée par les parents et a commencé par vivre en eux de la vie humaine.

3° La notion même de génération exige l’animation médiate. La génération, suivant saint Thomas, ne suit pas, mais précède la forme substantielle. Elle mène à l’être, lequel est donné par la forme substantielle. Celleci est le terme vers lequel la génération conduit ; sa venue, c’est-à-dire l’animation, est donc postérieure à l’œuvre de la génération, c’est-à-dire de la préparation et de l’organisation du corps. — Réponse. Il ne faut pas confondre la génération avec l’accroissement. L’accroissement commence au moment de la conception. Il se poursuit jusqu’à la naissance et même après sans discontinuer. La génération a précédé la conception qui en est le dernier instant. Elle consiste dans la formation des éléments générateurs de part et d’autre, c’est sur eux que s’exerce la puissance génératrice des reproducteurs et non sur l’ovule fécondé et déjà doué d’une vie propre.

— Vouloir identifier « génération » avec « accroissement » serait trop prouver, puisque alors la génération durerait plus de quarante jours et se prolongerait longtemps après l’heure où, de l’aveu de tous, a certainement eu lieu l’animation. — Enfin, l’œuvre de la génération est totale à la conception, puisque alors le germe fécondé possède, sinon en acte, du moins virtuellement, tout son organisme et toutes ses puissances.

4° L’expérience montre que l’embryon est d’abord plante, puis animal, puis homme. Dans les premiers