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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/76

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ABRAHAM ECCHELLENSIS — ABRAXAS, NOM DE DIVINITÉ

gande à Rome, et à Paris où il fut appelé en 1630 pour travailler aux versions arabes et syriaques qui ornent la splendide Bible polyglotte de Lejay (1629-1646). Il collabora à l’édition des textes syriaques et arabes et à la version latine de ces textes avec Gabriel Sionita et quelques autres ; il eut avec ses collaborateurs des démêles assez longs. On les trouve exposés dans les trois savantes lettres qu’il adressa à ceux qui dépréciaient sa collaboration à la Polyglotte. Il retourna à Rome en 1642, revint à Paris en 1645 et quitta définitivement cette ville en 1653 pour retourner dans la ville éternelle où il mourut en 1664.

Il nous a laissé beaucoup d’ouvrages qui révélèrent de nombreuses sources orientales inconnues avant lui. Les ouvrages d’Ecchellensis ont perdu beaucoup de leur valeur depuis que l’acquisition par les bibliothèques d’Europe d’anciens manuscrits syriaques et arabes ont permis aux savants de donner des textes plus corrects et de mieux élucider l’histoire de l’Orient chrétien. Abraham Ecchellensis publia à Paris en 1641 sa Synopsis de philosophie arabe. Il avait approfondi cette matière à Rome et avait apporté à Paris la copie de deux manuscrits du Vatican, des œuvres philosophiques de Jacques d’Édesse, d’Athanase de Balad, de Grégoire Bar-Hébræus et d’Ibn-Sina (Avicenne). Cette copie se trouve aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale. Zotenberg, Cat. mss. syr., 248, 249. Quelques années plus tard, en 1646, il y ajouta Le chemin de la Sagesse : Sermita sapientiæ, sive ad scientias comparandas methodus, nunc primum latini juris facta, in-8°, Paris, 1646, tiré d’un manuscrit arabe anonyme. Cet écrit est de Borhan-Ed-Din ; le texte a été publié par Roland avec la traduction d’Ecchellensis, Utrecht, 1709. L’année suivante, il fit paraître une traduction latine d’un traité arabe sur les propriétés et les vertus médicales des plantes et des animaux, sous ce titre : De proprietatibus et virtutibus medicis animalium, plantarum ac gemmarum, tractatus triplex Habdarrahami asiatensis ex arabo lat. fact., in-8°, Paris, 1647.

Entre temps il avait mis au jour plusieurs écrits théologiques. En 1641, il donna en latin vingt lettres de saint Antoine, le grand anachorète égyptien, traduites sur une version arabe faite vers l’an 800 par un moine d’Égypte. Ces lettres sont reproduites dans Migne, P. G., t. xl. Ce même tome de la Patrologie contient les Règles, Sermons, Documents, Admonitions et Réponses de saint Antoine, traduits également de l’arabe en latin par Ecchellensis et publiés à Paris en 1646, avec une Vie du Père des moines, pleine de légendes. L’année précédente, l’infatigable maronite avait donné en latin, d’après les sources arabes, d’importants documents sur le concile de Nicée, entre autres les canons disciplinaires que toutes les Églises orientales attribuent à ce concile et qui sont inconnus des Grecs et des Latins : Concilii Nicæni præfatio cum titulis et argum., canon, et constit. ejusdem, quæ hactenus apud orient. nationes exstant, nunc primum ex arab. in lat. versa, in-8°, Paris, 1645. En 1653, avant de quitter Paris pour retourner définitivement à Rome, il publia, d’après une source arabe-copte, une Chronique orientale, dont la partie la plus intéressante contient l’histoire des califes d’Égypte et des patriarches coptes d’Alexandrie jusqu’au xiiie siècle. Il y ajouta un supplément important sur l’histoire des Arabes avant Mahomet. Ces deux ouvrages furent réimprimés par Cramoisy en un volume in-folio sous ce titre : Chronicon orientale nunc primum latinitate donatum, cui accessit supplementum historiæ orientalis, Paris, 1685.

De retour à Rome, il publia la même année le Catalogue des écrivains syriens d’Ébed-Jésus, évêque de Soba ou Nisibe (1291-1318), qu’il confond dans sa Préface avec Abd-Jésu, successeur de Soulaca. Ce Catalogue, qui contient une précieuse bibliographie des écrivains syriens, a été réédité avec d’importantes corrections et notes, au tome iii de la Bibliotheca Orientalis de J. S. Assémani. Bientôt après, de concert avec Léon Allatius, il rédigea sa Concordantia nationum christiatiarum orientalium in fidei catholicæ dogmatibus, Mayence, 1655. Puis il entreprit de réfuter les assertions de Selden et d’autres protestants sur l’origine de la primauté du pape et du pouvoir des évêques. C’est l’objet de l’Eutychius patriarcha alexandrinus vindicatus, in-8°, Rome, 1660-1661. Cet ouvrage est divisé en deux parties : la première, qui fut imprimée après la seconde, traite des origines de l’Église d’Alexandrie et du pouvoir de ses patriarches et de ses évêques ; la seconde a pour titre : De origine nominis papæ nec non de illius proprietate in Romano pontifice adeoque de ejus primatu contra Seldenum. Le nom de pape, selon Ecchellensis, signifie père des pères, et il a d’abord été donné, vers l’an 222, au patriarche d’Alexandrie. Plus tard il fut réservé au pontife romain dont la primauté est affirmée par divers témoignages des Églises orientales. Plusieurs de ces témoignages sont aujourd’hui rejetés par la critique.

Ecchellensis a aussi écrit de doctes lettres au Père Morin sur les Rites orientaux. Elles ont été recueillies par Richard Simon dans Morin, De antiq. Eccles. orient., Paris, 1682. Enfin il donna à Florence en 1661 la traduction latine de la Paraphrase arabe d’Abulphat sur les Sections coniques 5, 6 et 7 d’Apollonius.

J. Lamy.

1. ABRAHAMITES. Hérétiques du ixe siècle répandus en Syrie, et appelés par les Arabes Brachiniah, du nom de leur chef Abraham ou Ibrahim. Ces novateurs niaient la divinité du Christ. Certains auteurs les rattachent à la secte des pauliciens. L. Guilloreau.

2. ABRAHAMITES. Déistes de la fin du xviiie siècle, apparentés de loin aux hussites. Leur centre d’action fut assez restreint : ils ne paraissent pas être sortis de la seigneurie de Pardubitz, dans le cercle de Chrudim, en Bohème, et leurs adeptes, recrutés avec mystère, se composaient en majeure partie de paysans juifs et protestants, parmi lesquels s’étaient fourvoyés quelques catholiques peu éclairés. Ces gens prétendaient revenir à la religion professée par Abraham avant la circoncision : ils n’admettaient ni la Trinité, ni le péché originel, ni l’exercice du culte chrétien, bien qu’ils prissent soin de faire baptiser leurs enfants par les prêtres catholiques et de contracter mariage devant ces ministres, pour éviter les poursuites de la loi civile. Ils croyaient à l’existence de Dieu, à l’immortalité de l’âme, aux peines et aux récompenses futures, sans toutefois reconnaître l’éternité des châtiments de l’enfer. Le Christ n’était pour eux qu’un homme ordinaire et de toute l’Écriture sainte ils n’entendaient conserver que le décalogue et l’oraison dominicale. Leur morale n’était pas non plus des plus sévères. Joseph II se montra peu tendre pour les adhérents de cette secte, et sur leur refus de se classer dans l’une ou l’autre des confessions reconnues par l’édit de tolérance (1780), il enrôla de force les hommes valides qui en faisaient partie dans les corps d’armée de frontières et les dispersa de la sorte en Hongrie, en Galicie, en Transylvanie. Pour conserver ses biens, leur descendance dut embrasser le catholicisme. Il n’en fallut pas davantage pour réduire à néant cette singulière classe de novateurs.

Geschichte der böhmischen Deisten, Leipzig, 1765 ; Meusel, Nachrichten Vemerkungen, Erlangen, 1816.

L. Guilloreau.

ABRAXAS. Nom donné par Basilide (cours du IIe siècle) au chef de l’Ogdoade, el par les antiquaires à certaines pierres servant d’amulettes.

I. ABRAXAS, nom de divinité. Ce mot paraît pour la première fois dans la littérature patristique dans saint