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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 1.djvu/781

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APOCRYPHES (LIVRES) — APOLLINAIRE

Paris, 1845. Cf. Migne, Dictionnaire des apocryphes, 2 in-4°, Paris, 1856-1858. Dès lors, les apocryphes du Nouveau Testament ont été partagés en quatre classes : les Évangiles, les Actes des apôtres, les Épîtres et les Apocalypses, et ils ont été édités séparément. A. Hilgenfeld, Novum Testamentum extra canonem receptum, Leipzig, 1866 ; 2e édit., 4 fasc, 1876-1884. Pour les Évangiles, voir Tischendorf, Evangelia apocrypha, Leipzig, 1853, 1876 ; Cowper, The apocryphal Gospels, Londres, 1867 ; 4e édit., 1874 ; Robinson, Coptic apocryphal Gospels, Cambridge, 1896 ; pour les Actes, Tischendorf, Acta Apostolorum apocrypha, Leipzig, 1851, réédité par Lipsius et Bonnet, 1891-1898 ; Wright, Apocryphal Acts of the Apostels, 2 in-8o, Londres, 1871 ; Guidi, Gli Atti apocrifi degli Apostoli nei testi copti, arabi et etiopici, in-8o, Rome, 1888 ; O. von Lemm, Koptische, apokryphe Apostelacten, 2 in-4o, Saint-Pétersbourg, 1888-1892 ; et pour les Apocalypses, Tischendorf, Apocalypses apocryphæ, Leipzig, 1866. Les ouvrages particuliers ont été indiqués déjà, col. 362, 1491, ou le seront dans les articles spéciaux de ce Dictionnaire.

III. Intérêt que les apocryphes présentent pour les théologiens. — Bien que les apocryphes ne soient que fiction et n’ajoutent pas un point nouveau au dogme catholique, bien que plusieurs d’entre eux soient l’œuvre des hérétiques, la théologie cependant peut en tirer profit. Déjà Origène, In Matth. comment. series, 28, P. G., t. xiii, col. 1637, l’avait compris. Il s’en servait « n’ignorant pas que beaucoup de ces écritures secrètes ont été composées par des impies, qui font sonner très haut leur impiété… Il faut de plus observer attentivement que nous ne recevons pas tous ces apocryphes, qui sont mis sous le nom des saints, parce que les Juifs en ont fabriqué, peut-être pour détruire la vérité de nos Écritures et pour établir des dogmes faux. Mais nous ne rejetons pas ceux qui servent à prouver nos Écritures, car c’est le propre du sage d’entendre et de réaliser la parole : « Éprouvez tout, retenez ce qui est « bon. » Toutefois, parce que tous ne peuvent pas, comme de bons changeurs, discerner le vrai du faux, ni s’en tenir à la vérité et s’éloigner de toute apparence mauvaise, personne ne recourra, pour confirmer le dogme, aux livres qui sont en dehors des Écritures canoniques ». Saint Jérôme, Epist., cvii, ad Lætam, n.12, P. L., t. xxii, col. 877, était plus circonspect ; il recommandait de ne pas lire les apocryphes, parce qu’ils contiennent beaucoup d’erreurs et qu’il faut une grande prudence pour chercher l’or dans la boue. L’hérétique Priscillien, Liber de fide et de apocryphis, édit. de Schepss, Corpus script. eccl. latin., Vienne, 1889, t. xviii, p. 44-56, avait foi entière dans les apocryphes ; il prétendait que la vérité du dogme se trouvait en dehors des livres canoniques, que ces derniers citaient les apocryphes et leur reconnaissaient une valeur historique. Le canon du concile de Braga, rapporté plus haut, condamnait l’erreur des priscillianistes. Fulbert de Chartres, qui connaissait plusieurs apocryphes, n’y ajoutait pas foi, parce que les Pères les ont mis hors des Écritures canoniques. Tractat. in xii, 1, Act. apost., 19, P. L., t. cxli, col. 303 ; Serm., iv, ibid., col. 320 ; Serm., vi, ibid., col. 327. Après avoir distingué les différentes espèces d’apocryphes, mentionnées plus haut, Vincent de Beauvais, Speculum majus, gen. prolog., 9 et 12, Douai, 1624, p. 7-8, 10, sans accorder aucune autorité à ces livres, reconnaît qu’il est permis de les lire et de croire ce qui dans leur contenu n’est pas contraire à la foi catholique, encore que la vérité n’en soit pas certaine. C’est ainsi que lui-même en cite quelques extraits, sans se porter garant de leur vérité ; il les rapporte comme les paroles des philosophes et des poètes, qu’on peut admettre, salva fide. Bien que fictive et extra-canonique, la littérature apocryphe fournit un précieux appoint aux sciences ecclésiastiques. Elle sert à l’histoire du dogme et à celle des hérésies. Ainsi les apocalypses juives nous font connaître les idées messianiques, la doctrine sur les anges et les fins dernières qui avaient cours chez les Juifs aux environs de l’ère chrétienne. Voir col. 1479-1491. Les Évangiles apocryphes confirment plusieurs dogmes chrétiens. Le Hir, Études bibliques, t. ii, p. 102-104 ; Variot, Étude sur l’histoire littéraire, la forme primitive et les transformations des Évangiles apocryphes, Paris, 1878, p. 481-493 ; Birch, Auctarium codicis apocryphi N. T., p. liv-lxi. Les Actes apocryphes nous ont révélé l’éthique des gnostiques chrétiens de la fin du iie siècle. Voir col. 354-362. Ces résultats expliquent et justifient la publication de tant d’écrits apocryphes et la vogue qu’ils ont auprès des théologiens modernes.

Danko, De sacra Scriptura, Vienne, 1867, p. 72-91 ; Vigoureux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1898, t. i, p. 119-143 ; Dictionnaire de la Bible, Paris, 1892, t. i, col. 767-772 ; Trochon, Introduction générale, Paris, 1886, t. i, p. 471-499 ; Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, t. i, col. 1036-1084 ; Smith, A Dictionary of the Bible, 2e édit., Londres, 1893, t. i, p. 160-197 ; Cornely, Hist. et crit. introductio generalis, 2e édit., Paris, 1894, p. 210-246 ; Chauvin, Leçons d’introduction générale, Paris, 1898, p. 193-198.

E. Mangenot.


1. APOLLINAIRE Claude (Saint), succéda, vers l’an 161, à Papias sur le siège d’Hiérapolis ad Lycum, ville de la Phrygie 1re ou Pacatienne. « Homme digne d’éloge, dit Théodoret, Hæreticarum fabul. compend., l. III, c. ii, P. G., t. lxxxiii, col. 404, également versé dans les sciences humaines et dans les lettres divines. » Eusèbe le met au nombre et, ce semble, à la tête de ce groupe d’évêques qui combattirent vigoureusement, dans son pays d’origine, le montanisme naissant et le condamnèrent dans plusieurs synodes, les premiers dont il soit fait mention dans l’histoire de l’Église, il est vrai, sans date ni lieu certains. Hist. eccl., l. V, c. xvi, P. G., t. xx, col. 464 ; cf. Libell. synodic., dans Mansi, Collect. concil., t. i col. 723, où il est parlé d’un concile qu’Apollinaire célébra dans sa ville épiscopale avec vingt-six autres évêques. Apollinaire composa aussi un ouvrage contre la secte. Eusèbe, op. cit., l. IV, c. xxvii, P. G., t. xx, col. 397 ; cf. Serapion, Ep. ad Caric. et Pontic., dans Eusèbe, op. cit., l. V, c. xix, P. G., t. xx, col. 481. Il avait écrit auparavant un Discours à l’empereur Marc-Aurèle, cinq livres Adversus gentes, deux livres Adversus Judæos, deux livres De veritate. Eusèbe, op. cit., l. IV, c. xxvii, P. G., t. xx, col. 397 ; cf. S. Jérôme, De viris illustr., c. xxvi, P. L., t. xxiii, col. 645. C’est tout ce qui reste, dit Eusèbe, « de tant d’ouvrages mentionnés çà et là. » Le Chronicon paschale, préf., P. G., t. xcii, col. 79, rapporte deux fragments d’un écrit Sur la Pâque ; Théodoret en mentionne un Contre les encratites sévériens, op. cit., l. I, c. xxi, P. G., t. lxxxiii, col. 372 ; Photius avait lu d’Apollinaire un livre De la piété. Biblioth., cod. xiv, P. G., t. ciii. Nous n’avons de ces ouvrages qu’un très petit nombre de courts fragments ; car il est loin d’être certain, bien que Baluze, dans Mansi, Collect. concil., t. i. col. 693, l’ait soutenu contre du Valois dans ses notes sur l’Hist. eccl. d’Eusèbe, qu’Apollinaire soit l’anonyme anti-montaniste longuement cité par Eusèbe, Hist. eccl., l. V, c. xvi-xvii, P. G., t. xx, col. 464-476. Völter retrouve le De veritate ou du moins le Ier livre de cet écrit dans la Cohortatio ad Gentiles du Pseudo-Justin. Le Martyrologe fait mémoire de saint Apostanaire d’Hiérapolis au 8 janvier.

De Otto, Corpus apolog. christ., t. ix, p. 479-495. Cf. Harnack, Geschichte der altchristl. Liter., t. i, p. 243-246 ; Th. Zahn, Forschungen zur Geschichte des neutestamentl. Kanons, Ve part., Erlangen, 1893, p. 99-100, s’occupe du nom, et adopte l’orthographe « Apolinarius ».

C. Vepschassel.