Aller au contenu

Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.1.djvu/630

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

MESSE, SYNTHESE THÉOLOGIQUE : LA MÉTHODE

1246

priori : Ubi distinguitur (oblatio ab inunolatione), oporlebit ut in aligna actions consistât ad deditionem ac dedicationan seu consecrationem signiftcandam apta. El. i, p. 11. Ut la seule raison qu’on apporte de cette assertion, est celle-ci : Ciun sit sacrificium in génère donationis, neeesse est ut sensibiliter peragatur aliqu i activa doni prsesentatio seu redditio, kl., ibid. Mais précisément cette raison trouve une application suffisante dans une parole, une attitude, un signe sensible accompli par le prêtre, marquant ainsi soi intention d’offrande et de donation. Si l’assertion du P. de la Taille paraît convenir au plus grand nombre des sacrifices rituels des Juifs et surtout à leurs sacrifices sanglants, affirmée du sacrifice ancien en général, et sans restriction, elle ne laisse pas d'être contestable. Lepin, op. cit., p. 081. Nous ajouterons : affirmée du sacrifice du Calvaire, elle oblige l’auteur à adopter un sentiment où difficilement un théologien pourra le suivre. En conséquence, une troisième remarque s’impose.

c) Sur l’oblation rituelle du sacrifice de la croix à la cène. — Ce point ne touche qu’indirectement la question de l’essence du sacrifice de la messe, mais il lui est cependant intimement uni ; car, si la thèse du P. de la Taille était vraie, il faudrait marquer (on l’a fait plus haut, voir col. 1243) des différences profondes entre la cène et la messe, ce que ne saurait admettre la presque unanimité des théologiens. Voir, sur l’identité substantielle de la cène et de la messe, Billot, résumé ici même, col. 1164. Mais, de plus, il est difficile de concevoir que le sacrifice de la croix ne soit sacrifice véritable que par l’oblation rituelle qui en aurait été faite à la cène, dans la consécration du pain et du vin au corps et au sang du Sauveur. On lira la solide réfutation de la position adoptée par le P. de la Taille dans Lepin, op. cit., p. 689-697. Sans doute, le P. de la Taille concède qu’a priori et de jure, le Christ pouvait choisir, pour rendre sensible son oblation, sexcentos alios rilus ; toutefois, de facto, il a choisi le rite de la cène. Néanmoins, cela laisse supposer que, de facto, la passion n’eût pas été un sacrifice complet sans la cène. Et, sans reprendre ici la discussion au point de vue scripturaire et traditionnel, il suffira de constater que « ce n’est pas vers cette conclusion que nous achemine la lecture du concile de Trente, sess. xxii, c. i. Denzinger-Bannwart, n. 938, lequel suppose un sacrifice fait sur la croix, représenté à la cène et à la messe : Ut Ecclesiœ… relinqueret sacrificium quo cruentum illud semel in cruce peragendum reprœscntaretur… obtulit… ac Apostolis… tradidit, et eisdem… ut offerrent prsecepit, lequel s’exprime comme s’il distinguait deux oblations, l’une faite sur la croix, l’autre faite à la cène : Etsi semel seipsum in ara crucis… Deo Patri oblaturus eral… iamen… in cœna novissima…, corpus et sanguincm suum sub speciebus panis et vini Deo Pcdri obtulit. L’auteur ne semble pas avoir assez tenu compte de ces textes du c. i, quand, en s’appuyant sur le c. ii, il s’elTorce d’en tirer un argument qu’il qualifie luimême de simplement probable. Des réflexions analogues doivent être faites à propos des textes de saint Thomas dont le P. de la Taille invoque l’autorité en sa faveur. Le Docteur angélique pose formellement la question qui nous intéresse, Sum. theol., III, q. XLviu, a. '.', : L’trum passio Christi operata sit per modum sacrificii ? Il répond affirmativement, et donne ses explications et ses preuves, m lis sans allusion à la cène, ni in corpore articuli, ni dans lerlium, où l’occasion s’en offrait, 'l’ont comme les théologiens récents, il en appelle à la liberté du Christ dans l’acceptation de sa mort, liberté prédite par les prophètes, et ne semble pas requérir une oblation qui soit un rite sensible formellement distinct des dou leurs de la passion. Cf. IIP, q. xxii, a. 2, ad l un>. Or, le 1'. de la Taille, el. iii, p. 45-46 ; V, p. 71, cite quelques textes de sui.it Thomas et, sans tenir compte de ceux que nous venons de rappeler, en lire des conclusions favorables à sa propre thèse, par des raisonnements qui " : t leur valeur, mais qui restent étrangers à la pensée de sai it Thomas… » Ami du Clergé, 1923 p. 7071. Il n’est point difficile d’ailleurs de trouver dans le récit de la passion, dans les paroles et dans les gestes du Sauveur, des signes non équivo [ues de son oblation, même en ne tenant pas compte des paroles consécratoires prononcées à la cène. Voir Barrais, Le sacrifice du Christ nu Calvaire, dans la Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1925, p. 158159.

Les autres remarques qui pourraient être faites sur la thèse du P. de la Taille concernant directement la question du sacrifice de la messe, doivent être renvoyées à la discussion générale.

V. Critique des systèmes et essai de synthèse

    1. THÉOLOGIQUE##


THÉOLOGIQUE. — I. LA MÉTHODE A SUIVRE. — On a

pu constater, par l’exposé des systèmes théologiques, combien peu consistantes, en regard du dogme, se trouvent les définitions proposées du sacrifice en général par les théologiens. Poser d’abord une définition du sacrifice, pour en montrer ensuite la vérification dans le sacrifice de la messe, c’est vouloir éclairer le certain par l’incertain. C’est précisément parce que la plupart des théologiens ont voulu trouver dans la définition du sacrifice la justification de leurs systèmes qu’ils se sont divisés en opinions contraires. L'Église, d’ailleurs, ne s’est jamais souciée de nous donner une définition authentique du sacrifice ; et donc, même si sur ce poiiit on pouvait espérer trouver par des moyens humains la vérité, cette vérité ne saurait encore être proposée comme règle de notre croyance.

A notre avis, il faut donc laisser de côté la définition du sacrifice en général. Nous savons, par la foi, que la messe est un sacrifice véritable et proprement dit. Elle doit donc vérifier la définition du sacrifice en général, quelle que doive être d’ailleurs cette définition. Mais, puisque les diverses définitions essayées ne sont pas satisfaisantes, nous ne nous en occuperons pas ici. L'Église n’a pas d’enseignement sur le sacrifice, mais elle a un enseignement explicite sur le sacrifice de Jésus-Christ au Calvaire el à l’autel. C’est de cet enseignement explicite qu’il faut partir, pour tirer des conclusions certaines ou très probables. Nous ajouterons même que les témoignages de l'Écriture et de la Tradition ne peuvent être invoqués ici que subsidiairement ; ni l'Écriture, ni les Pères n’ont entendu formuler un système théologique sur l’essence du sacrifice sanglant de la croix ou du sacrifice non sanglant de l’autel. Les interprétations qu’on pourrait apporter de la doctrine qu’ils nous proposent seront toujours et forcément des interprétations, où un élément préjudiciel entrera pour une part plus ou moins considérable.

C’est donc à la seule règle de la foi qu’il faut recourir pour trouver les principes sur lesquels nos déductions ont le droit de s’appuyer. Celle règle de foi a été formulée au concile de Trente. Sans doute, elle ne contient aucune assertion qui directement nous permette de proposer une solution définitive ; elle nous donne cependant des points de repère suffisants et pour éliminer les opinions irrecevables, et pour discerner iolutiôn très probable.

Nous n’avo is p is à reproduire i' i I les

texte i (cuv je la ses

, c. i et u ; can : 1.2 et 3. Voir ci-dessus col. 1128-1137. Mais il faut y joindre le c. m de la session xiii, lequel, bien que ne se rapportant pas direc-