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DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

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M

(suite)


MARONITE (ÉGLISE), branche catholique du patriarcat d’Antioche. — Il y aura lieu d’étudier :

I. Ses origines. II. Son histoire (col. 32). III. Sa constitution et son état actuel (col. 120).

I. ORIGINES DE L’ÉGLISE MARONITE. — Pour comprendre les origines et la situation spéciale de cette Église, il convient d’étudier : I. Le personnage de saint Maron, qui a donné son nom au groupement.

II. Le monastère de Saint-Maron, qui en a été le premier centre (col. 2). III. Les maronites dans leurs rapports avec les monophysites (col. 5). IV. Les maronites et leur attitude par rapport au monothélisme (col. 8). V. Enfin, la formation du patriarcat maronite (col. 27).

I. Le personnage de saint Maron.

Un saint anachorète nommé Maron (Maroun) vivait du ive au v c siècle sur une montagne située, selon toutes les apparences, dans la région d’Apamée de la Syrie seconde.

Il menait, en plein air, près d’un temple païen qu’il avait converti err église, une vie de pénitence et de prière. A peine se réfugiait-il quelquefois sous une tente de peaux, afin d’éviter les trop grandes intempéries du climat. Théodoret, Religiosa hisloria, xvi et xxi, P. G., t. lxxxii, col. 1418 et 1431.

Maron, continue Théodoret, fut bientôt connu dans toute la contrée. L’austérité de sa vie et le don des miracles dont il avait été favorisé firent de lui l’une des plus grandes célébrités de cette époque. Les foules envahirent le lieu de sa solitude. Hommes et femmes allaient solliciter sa prière ou partager sa discipline. Op. cil., xvi, ibid., col. 1418. Théodoret qui avait connu bon nombre de ses disciples décrit la vie de quelques-uns d’entre eux, tels saint Jacques le solitaire, saint Limné, sainte Domnina. Op. cit., xxi, xxii, xxx, ibid., col. 1431-1455 et 1491-1494. Il nous apprend que la plupart des solitaires de la région de Cyr s’étaient formés à l’école de notre anachorète, xvi, col. 1418-1419. Il ressort du récit de Théodoret que saint Maron était prêtre ; en effet, il consacra un temple au culte de Dieu ; il bénissait les malades : expressions qui, dans le langage ecclésiastique, s’appliquent d’ordinaire aux personnes revêtues du caractère sacerdotal. D’ailleurs, une lettre adressée, en 405, par saint Jean Chrysostome, de son exil de

DICT. DE THÉOL. CATH.

Cucuse en Arménie, à « Maron, prêtre et solitaire », Mâpwvt Trpea6uTÉpep xcà fjiovâÇovTt, , Epist., xxxvi, P. G., t. lii, col. 630, confirme la conclusion tirée de ce passage de Théodoret. On ne voit pas, en effet, à quel autre anachorète du nom de Maron Jean Chrysostome aurait pu écrire pour demander de ses nouvelles et se recommander à ses prières. Saint Maron était doué d’une science peu ordinaire, qui fit de lui un grand directeur d’âmes. Théodoret, ibid., col. 1418. Lorsque Maron rendit sa belle âme à Dieu, l’on transporta sa dépouille sacrée à l’une des localités voisines où un temple fut élevé et dédié à sa mémoire. Théodoret, ibid., col. 1419.

-Théodoret, l’unique biographe de notre solitaire, ne nous dit rien de la date de sa mort. Il convient de la placer vers 410. En effet, Théodoret, qui fut élevé au siège de Cyr en 423, était déjà évêque de cette ville lorsqu’il retraça la biographie de Maron. D’autre part, Chrysostome écrivait à ce dernier en 405. Or, si l’on a bâti, comme nous l’apprend l’évêque de Cyr, une grande église sous le vocable de saint Maron, il faut supposer un intervalle de quelques années entre sa mort et la construction de cette église ; et on ne se trompera pas beaucoup en plaçant sa mort à la date que nous avons indiquée.

IL Le monastère de Saint-Maron. — Les disciples réunis autour de Maron formèrent le premier noyau de l’Église maronite. Ils établirent le centre de leur vie au monastère dédie à la mémoire de leur maître, à savoir au monastère de Saint-Maron, situé aux environs d’Apamée (Aphamiah, l’actuelle Qal’atal-Modiq, chef-lieu de la Syrie seconde, dans la vallée de l’Oronte). Voir un document syriaque traduit et publié par F. Nau, Opuscules maronites, II, p. 20-25 ; H. Lammens, S. J., Le Liban, 1. 1, p. 118 et t. ii, p. 84. L’emplacement de ce monastère devait être près de l’église élevée en l’honneur du saint. Autrement, en effet, on ne pourrait guère s’expliquer le silence qui enveloppa bientôt ce sanctuaire, devenu pourtant, comme le dit Théodoret, lieu de pèlerinage. Si, au contraire, on admet son annexion au monastère, les documents, parlant de ce dernier, n’avaient plus besoin d’ajouter une mention spéciale de l’église.

Au rapport d’un historien arabe du xe siècle, Mas’oudi. le monastère de Saint-Maron était cons X. — 1