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MEYRONNES


d’autres auteurs. Francisais de mayro super I.ucam ; quelques lignes plus bas, il renvoie au même, ubi supra, alléguant un passage qui paraît cependant être du sermon de Meyronnes pour la même solennité, dans lequel il commente précisément le texte de saint Luc.

Le Docteur illuminé était, nous l’avons vii, un zélé protagoniste de l’immaculée conception de Marie. Il avait composé un Traclatus difjusus de conceptione B. M. V. qu’édita Pierre d’Alva y Astorga, dans ses Monumenta seraphica pro immaculata conceptione, Louvain, 1664, en le faisant précéder des passages du commentaire in IIIum Sententiarum, où il enseigne la doctrine aujourd’hui défi.iie par l’Église, ainsi que des sermons dans lesquels il la prêchait aux fidèles.

Se référant à une indication du Firmamenium triant ordinum ou Spéculum minorum, Venise, 1513, que nous n’avons pas retrouvée là où il est question de Meyronnes, et sur un vague ferunt etiam edidisse super Décrétâtes de Ridolfi, Sbaraglia attribue à Meyronnes une Lectura quædam super Décrétâtes, qu’il n’a pas mieux indiquée. L’inventaire de la bibliothèque de Calliste III, ms. 362, de Merton Collège, mentionne une Expositio super illud capitulum Decretalium de summa Triniiate et fuie catholica, cap. Firmiter (Mélanges Elirle, t. v, p. 173, n. 56), auquel on pourrait ajouter VFxpositio super Cum Martha, de celebratione Missarum, déjà citée.

Il nous reste encore à parler de la Determinatio paupertatis Christi et apostolorum, que nous avons mentionnée dans la biographie de Meyronnes. Ce traité, dont il existe plusieurs mss. avec des incipil différents, est demeuré inédit et il n’a fait, autant que nous le pouvons savoir, l’objet d’aucune étude spéciale. Nous en avons examiné le texte dans le ms. 684 (fol. 32-64) de la bibliothèque d’Assise, dont le texe estbien plus soigné que celui du ms. de Paris, et voici la conclusion à laquelle nous nous sommes arrêté. Rappelons d’abord qu’il se rattache à la question, si âprement débattue sous le pontificat de Jean XXII, de la pauvreté prescrite aux frères mineurs par leur règle. Des questions pratiques on était arrivé aux questions théoriques. Pour les spirituels, la règle se confondant avec l’observation littérale de l’Évangile, ils se demandaient quelle avait été l’étendue de la pauvreté du Christ et des apôtres. Avaient-ils possédé quelque chose en commun ? Outre l’usage de fait des choses nécessaires, en avaient-ils la propriété, le droit à l’usage ? Jean XXII par sa déerétale Ad conditorem canonum, du 8 décembre 1322, établissait que les mineurs ne pouvaient avoir le simple usage de fait, et que ce simple usage ne peut exister pour les choses usu consumpli biles ; par celle Cum inter nonnullos, du 12 novembre 1323, il déclarait hérétique l’opinion qui soutenait que le Christ et les apôtres n’avaient eu aucune propriété, mais le simple usage de quoi que ce fût. La Determinatio paupertatis de Meyronnes est postérieure à cette seconde déerétale : elle fut écrite en Avignon, où l’auteur ne pouvait être avant la fi i de 1323, et c’est à elle qu’il fait allusion dai s le court prologue quand il dit : Quæstionis pars negatiua persanctam malrem Ecclesiam fuit solemnitcr declarata et in sacris canonibus conscripta. La pars negatiua quæstionis est celle qui rejetait la totale désappropriatio du Christ et des apôtres et que condamnail le document po lifical. Il entre aussitôt en matièree disait que de nombreuses instances avaient été Faites pour obte ir l’annulation de la bulle, et, sa 1 s autre préambule, il liasse en revue qliai re-vingts argume ts mis en ava t pour établir celle para negativa, < ! il répo d à chacun faisant voir en quoi il pèche, keec instantia. heec. ratio peccal. A la suite de cette discussio, qui occupe les deux tiers de l’opuscule, il expose auta i d’arguments pour établir la pauvreté absolue du Christ et des

apôtres, et après le dernier il s’arrête brusquement sans tirer aucune conclusion de cette longue suite de raisonnements. Nous serions facilement amené à croire que Meyronnes fut au nombre des théologiens que Jean XXII déclare avoir consultés avant d’écrire sa déerétale Quia quorumdam, du 13 novembre 1324, par laquelle il confirme les précédentes. De là cette mention respectueuse de la bulla summi Ponlificis Christi Vicarii, confirmant miri/ice la vérité lucide determinatam, que cependant il contredit, avec l’indépendance d’un docteur auquel on a demandé son opinion. C’est peut-être à cette attitude de Meyronnes en face du pape qu’il faut attribuer le départ pour l’Italie de notre auteur, départ dont on ne connaît pas les causes. Sans doute l’étude des autres mss. apporterait-elle quelque lumière sur ce que nous proposons comme une simple conjecture.

Nous arrêtons ici cette exposition des œuvres du docteur illuminé, auquel on attribue encore d’autres opuscules qui ne ditïèrent peut-être que par le titre de ceux dont nous avons parlé. Nous renverrons celui qui désirerait de plus amples détails à la magistrale étude que M. Ch. V. Langlois vient de consacrer à François de Meyronnes, dans V Histoire littéraire de la France, t. xxxvi, p. 305 sq., qu’une bienveillante communication de l’auteur nous a permis d’utiliser avant l’apparition du volume. Nous ferons toutefois quelque réserve sur son jugement d’ensemble. « Frère François, écrit-il, grand admirateur de Platon, d’Augugustin et du pseudo-Denys, comme de Duns Scot, n’était pas homme à faire subir à la pensée d’un maître une élaboraton personnelle au point de la transformer. Disciple dévoué, mais sans l’originalité et la puissance qui fécondent et offusquent, François de Meyronnes apparaît en somme, avec François de la Marche et Landulf Caracciolo, comme un des épigones qui se sont le plus activement employés à défendre — surtout contre Auriol — (et nous ajouterons contre Ockam), à systématiser, peut-être à médionïser, et, par conséquent à propager le scotisme. » Qu’il ait puissamment contribué à propager le scotisme en le systématisant : oui. Qu’il l’ait pour cela médiocrisé : non. Ce sera le fait de ses successeurs.

Acia Sanctorum, sept. t. vii, die 27, De S. Elzeario, Comm. pra-v., n. 8, Vita anonyma, n. (il ; Archivant franciscanum historicum, t. v, 1912, p. 89-92 : cf. t. VI, 1913, p. 23 ; A. du Moustier, Marlyrologium franciscanum, 26 juillet, Paris, 1638 ; Barthélémy de Pise, Liber conformilatum, dans Analecta franciscana, 1906, t. IV, p. 305-339, 523, 540 ; P. M. Bihl, The catholic Encyclopædia ; Denillcet Châtelain, Chartularium universitatis Parisiensis, t. n a, p. 273 ; P. M. Campi, Historia ecclesiastica di Piacenza, p. m et 46, Plaisance, 1662 ; Chronologia historien legalis scraphici ordinis, 1. 1, p. 148, Naples, 1650 ; Corpus jaris, Décrétâtes Cregorii IX, lib. I, De summa Triniiate et fuie catholica, lit. i, c. 1 ; lib. III, tit. XII, De celebratione missarum, c. 6 ; Extravagantes Joannis XXII, tit. xiv, De verborum significatione, c.3-5 ; Extravagantes communes, I. V, De picnilentiis et remissionibus, c. 2 ; De Wulf, Histoire de ta philosophie médiévale, p. 531, Louvain-Paris, 1912 ; P. Duhem, Le système du monde… de Platon à Copernic, t. v, p. 231, Paris, 1917 ; F. Ehrle (card.), Die Ehrenlitcl der scholastischen Lclirer des Mittelallcrs, dans Sitzungsberichte der bayer. Akademic… philolog. und liisior. Klasse, Munich, 1919, 9. Abhandlung ; A Franz, Die Messe im deutsclien Millelaller, p. 493, l’ribourg-en-Br. , 1902 ; P. C Eubel, Bullarium franciscdnum, t. v, Rome, 1898 ; P. Féret.L<i faculté de théologie de Dans, Moyen Age, I, ii, Paris, 1896 ; E. IloecdeL, S..)., Richard

de Middleton, Louvain-Paris, 1925, p, 126-131 ; Jean de Saint-Antoine, Btbliotheca uniuersa franciscana : Hurter, IVoTienc/ator, 3e édit., t. ii, col, 521 ; P. W. Lampen, Fr, de M eyronnes, dans La France franciscaine, t.ix, 1926, p. 215 ;

I*. K. Lonçpré, ’-" philosophie ilu / ?. Duns Seot, Palis, 1924,

p. 229 ; Monumenta historiapalriæ, Scriptores, Turin, 1839, t. ii, col. 705, 731 ; A. l’agi, Annales ecclesiasttci, an. 1190, annot., ii, édit. île Lucques, t. xix, p. 619 ; /). Anlontt