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MEZIN

MJCHAELIS

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La Révolution interrompit ses travaux. L’abbé Mézin refusa de prêter serment à la Constitution civile du clergé et dut prendre le chemin de l’exil, où il mena une vie des plus misérables, ne trouvant à se fixer nulle part. Il rentra en France en août 1802, vécut médiocrement à Paris, où il mourut, le 6 février 1818, dans une maison de retraite, où il avait été placé par deux Lorrains généreux. Il n’avait pu continuer ses publications ; du moins eut-il la satisfaction d’avoir formé des élèves qui devinrent des maîtres au séminaire de Nancy réorganisé.

P. Michel, Biographie historique et généalogique des hommes marquants de l’ancienne province de Lorraine, Nancy 1829 ; II. J. Thiriet, L’abbé Mézin, doyen de la Faculté de théologie de Xancq, Nancꝟ. 1884.

L. Marchai..

    1. MICHAELIS Sébastien##


MICHAELIS Sébastien, dominicain français, et célèbre réformateur de son ordre, en France (1543-1618).

I. Sa vie, sa réforme. — S. Michaëlis naquit à Saint-Zacharie, petit bourg de Provence, alors du diccèse de Marseille, vers 1513. En 1560 environ, il vint à Marseille, demander l’habit au couvent des frères prêcheurs. Si l’ordre de saint Dominique pouvait alors se glorifier de savants maîtres (Cano, Soto, Banez…), de glorieux missionnaires qui étendaient merveilleusement son action dans le Nouveau Monde (saint Louis Bertrand), l’état lamentable de beaucoup de provinces, en particulier des provinces d’Allemagne, d’Angleterre, de France, ne justifiait que trop les tristes paroles d’un maître général, en 1558 : Est hæc œtas nostra ferrea simul et lerrea. — Novice, le frère Michaëlis embrasse déjà résolument cette vie religieuse, dont plus tard il devait être l’ardent défenseur ; il se livre à l’étude des saintes Lettres, apprenant chaque jour, par cœur, un passage de l’Écriture, qu’il devait finir par posséder d’une façon remarquable : si jamais la Bible venait à se perdre, disait-on, le P. Michaëlis pourrait mieux que personne rétablir ! e texte sacré.

Envoyé au couvent de Toulouse (1561-1565), où il est témoin des horreurs de la guerre religieuse de 1562, il y étudie la philosophie et la théologie, se distinguant comme dialecticien. Il aime beaucoup les Pères et copie les passages de leurs écrits qui l’ont le plus frappé. Peu après, il fait un séjour au couvent de Saint-Jacques à Paris, pour compléter ses études etsuit, en même temps, les cours d’hébreu du célèbre Génébrard (1537-1597). En 1568. il est au couvent d’Avignon ; en 1570, à celui de Toulouse, où il enseigne d’abord l’Écriture sainte, ensuite la philosophie. Promu maître en théologie, en 1574, on le trouve viceinquisiteur à Avignon, en 1582. Élu déflniteur de la Province occitaine, en 1588, il se rend, l’année suivante, 1589, au chapitre général de l’ordre, tenu à Borne, où le P. Beccaria, maître général, accueille favorablement la requête, par laquelle le P. Michaëlis demande la réforme de sa province. A son retour, il est nommé provincial, au chapitre d’Avignon (sep tembre 1589). Pourtanl l’heure de la réforme n’est pas encore venue ; et ce ne sera même qu’à la fin de sa charge (1591), que le provincial pourra commencer cette œuvre ardue, quand on lui eut accordé le couvent, presqu’entièrement ruiné, de Clermont de Lodève (ou Clermont -l’I léraull) peur y tenter un essai avec quelques religieux.

Humbles mais consolants débuts (1591-1602) ; âpres luttes (1602-1608), succès enfin (1608-1618) : telles sont les trois étapes par lesquelles passa celle œuvre de la réforme, qui s’identifie désormais avec la vie même du réformateur.

Après la prise de possession de Clermont l’I lérault

(1591), couvent bientôt prospère et au rayonnement

singulièrement fécond, on enregistre sans doute un douloureux échec, en Provence, au couvent de la Sainte-Baume, attenant à la grotte, célèbre par la pénitence de Marie-Madeleine, et vicariat du grand couvent royal de Saint-Maximin, alors en pleine décadence (1597-1598) ; par contre, le vénérable couvent de Toulouse, première maison de l’ordre par son ancienneté, est gagné à la réforme et choisit même le Père Michaëlis pour prieur (1598). En 1600, Albi reçoit les religieux réformés. Mais bientôt vint l’épreuve. En 1602, le P. J. Bourguignon est élu provincial d’Occitaiue. Il n’avait aucun goût pour la régularité, aucune sympathie pour les observants : or, comme le chapitre général de 1600 avait statué que l’œuvre entreprise par Michaëlis devait rester sous la juridiction du provincial pro tempore, cette opposition aurait pu être fatale. Par toute une série de manœuvres, le provincial tenta de faire passer aux yeux du maître général, le P. Michaëlis, pour un séditieux, un schismatique, et réussit à émouvoir l’autorité contre le réformateur. Poussé à bout, ce dernier partit alors pour Rome, afin de rétablir la vérité. D’abord mal reçu, Michaëlis parvint à persuader le maître général de la fausseté des accusations et obtint même le couvent de Béziers, où, revenu en France, il établit la réforme (1603). Cependant, les frères de l’observance durent encore essuyer bien des contretemps : insinuations du provincial pour détourner les religieux réformés ; bref du pape « obtenu par surprise », permettant d’établir au couvent de Toulouse, les études générales de la province, et, par le fait même, d’introduire, au milieu des observants, des religieux noh-réformés (15 novembre 1604) ; insuccès partiel au chapitre général de Valladolid (1605). Il leur fallut attendre jusqu’en 1608. A cette date, en efïet, Michaëlis s’est assuré l’appui du roi de France. Henri IV, au cours d’une visite que lui fit le réformateur, le créa même « prieur de son couvent de Sainte Marie-Madeleine à Saint-Maximin > (1606) ; il a gagné à sa cause les cardinaux français, le pape Paul V lui-même ; il se présente alors au chapitre général de Borne, 1008, et demande que les couvents de Toulouse, Albi, Béziers. ClermontTHérault, Saint-Maximin, Castres et Monlauban, soient érigés en congrégation indépendante du provincial. Le 22 septembre 1608, le Bévérendissime Père Galamini, maître général, délivrait au Père Michaëlis des lettres patentes instituant la Congrégation occitaine réformée, et le nommait lui-même, premier vicaire général de cette congrégation : tous actes qui furent approuvés au chapitre de Paris (1611). (/était le triomphe de la réforme, à laquelle son vicaire ne cessa désormais de donner de l’accroissement, malgré les travaux de ses diverses charges ; pendant neuf ans en effet, il est tout ensemble vicaire général de la Congrégation occitaine réformée (1608-1616), prieur de Saint-Maximin (1606-1616), Inquisiteur d’Avignon et du Coinlat Venaissin (env. 1608-1616).

Le chapitre général de Bill se préoccupa aussi de la réforme du grand et célèbre couvent de Saint-Jacques de Paris. On pensa aussi ! (M à Michaëlis. Mais les religieux de Saint-Jacques le repoussèrent avec opiniâtreté, cl même s’opposèrent de toutes leurs forces à la fondation à Paris d’une maison de son observance. Pourtant, la sainteté, l’érudition, l’éloquence de Michaëlis (il prêcha à Notre-Dame devant toute la cour et un auditoire des plus choisis, le carême de 1012) remportèrent ; el, le 23 mars 1613, un arrêt du Parlement donnait le droi ! de fonder, au faubourg Saint-Honorç, une maison qui fut placée sous le vocable de l’Annonciation. Grâce à la protection des plus hautes personnalités civiles et ecclésiastiques, le couvent acquit rapidement une importance considé-