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MICHEL LE SYRIEN
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piques : une réfutation des Albigeois, écrite à Antiol’Iie eu 1178. pour servir au concile du Lalran, dont il ne nous est rien resté, Chronique, p. 718, trad., t. iii, p.. 378, et un écrit sur la nécessité de la confession avant de communier, pour confondre Marc ibn al-Qanbar et redresser l’usage de l’Église égyptienne, p. 27(i, trad., t. iii, p. 379 sq. Renaudot, op. cit., p.. r >0 sq., a cru retrouver cet ouvrage dans les mss. arabes de la Bibliotbèquc Nationale de Paris, 184 et 185 (ancien fonds 79 et 85), mais il semble plutôt que cet O/nis de præparalione ad communionem s’inspire de Michel sans en avoir reproduit tout le texte. Chabot, introd., p. xviii. Mentionnons aussi la profession de foi du patriarche : Barhébræus raconte que, lors du premier séjour de Michel à Antioche en 1168, les Grecs ayant excité une controverse au sujet de la foi, il écrivit un libelle contenant l’exposé du symbole, libelle qui fut porté à Constantinople et loué par l’empereur. T. i, col. 549. En fait, nous possédons deux professions de foi au nom de Michel, mais aucune en syriaque. Une première, encore inédite, existe dans une traduction arabe faite sur le syriaque par un métropolite syrien du nom de Moïse, qui pourrait bien être le Moïse de Mardin dont il sera question plus loin. Le Vatican, arab. 83, volume formé de petits fascicules isolés et de fragments reliés entre 1681 et 1089, contient deux copies de cette traduction, dont l’une, fol. G7-76 v°, surchargée d’assez nombreuses ratures, paraît la minute de l’autre, fol. 52-66. Le titre porte seulement : « Foi orthodoxe, que Mai-Michel, patriarche syrien, envoya en réponse à Manuel, empereur des Grecs. » C’est peut-être le libelle de 1168, mais rien ne permet de le déterminer. L’autre profession de foi n’existe qu’en grec, insérée dans la Disputalio secunda Theoriani, que le cardinal Mai a publiée d’après les mss. Vatic. gra-e. 1105, 1114, 2220 et Ottob. grœc. 109, dans Scriptorum veterum nova collcclio, t. vi, Home, 1832, p. 388-397, réimprimée dans P. G., t. cxxxiii, col. 279-285. Il est possible que le texte de cette profession de foi ait été reproduit dans le Chronicon de Rahmani avec les instructions remises à Bar-Wahboun, tronquées malheureusement par une lacune de 8 feuillets. Quoi qu’il en soit, retenons que les deux professions de foi, la grecque et l’arabe, sont complètement différentes.

Aucun de ces ouvrages n’aurait apporté au patriarche’Michel la renommée dont il jouit depuis quelques années. Son titre de gloire, pour notre époque avide de documents historiques, est sa Chronique, ignorée de Joseph Simon Asséinani, Bibliotheca orienlulis, t. ii, Borne, 1721, p. 151-156, bien qu’elle ait été explicitement citée par Barhébneus, qui lui doit beaucoup. L’est par un texte arménien, traduit partiellement par Dulaurier, Journal asiatique, TV* série, t.xii, p. 281344 ; t. xiii, p. 315-376, intégralement par V. Langlois, Chronique de Michel te Grand, Venise, 1868, que l’on connut d’abord en Europe l’œuvre historique de Michel. Cette circonstance jeta dans un grand trouble l’excellent historien de la littérature syriaque que fut V. Wright ; ne trouvant pas dans la traduction de Langlois les passages cpie Barhébræus citait sous le nom de Michel, il en vint à supposer deux ouvrages différents, d’une part l’original de cette version arménienne, dont il existait, lui assurait-on, un exemplaire à Deir Za’farân, et, de l’autre, une chronique ecclésiastique entièrement perdue. The Encyclopædia Britannica, 9- (’dit., t. xxii, Edimbourg, 1887, p. 851, col. 2. n. 51) ;.t short history of si/riac literalure, Londres, 1891. p. 252. n. 1. Ce bruit qu’avait recueilli Wright se rapportai ! sans doule à la découverte que Mgr Rahmani venait de faire en l’église des Saints-Pierre et-Paul à Orfa d’un exemplaire syriaque de la Chronique de Michel. En 1891. la Société asiatique de

Paris décidait de lui fournir les moyens pour publier un texte si important, Journal asiatique, IXe série, t. iii, 1894, p. 135 sq. A son défaut, l’édition a été réalisée par M. l’abbé J.-B. Chabot, d’après une nouvelle copie préparée pour lui en 1899. Le texte syriaque, formant un volume de 777 p. in-4°, est une reproduction photographique de cette copie ; la traduction comprend trois volumes de respectivement 325, 547 et 538 pages, Paris, 1899-1910. Une table générale forme avec l’introduction un fascicule de lx, — 79* p., Paris, 1924.

La chronique de Michel, qui s’étend de la création du mondeà l’annéell95, revêt une importance exceptionnelle du fait qu’elle est fondée, pour la période postérieure au concile d’Éphèse, sur un nombre important d’ouvrages, tous jacobites, dont presque aucun ne nous est parvenu en tradition directe. M. Chabot a montré dans un schéma très clair l’influence des sources de Michel sur les diverses parties de sa chronique, introd., p. xxv. Les principales sont : Eusèbe, de la création à Constantin ; Socrate et Théodoret, de Constantin au concile d’Éphèse ; Zacharie le Bhéteur, de ce concile à Justin II (565) ; Cyrus de Batna jusqu’à la mort de Tibère II (582) ; Denys de Tell-Mahré, de Maurice à la mort de Théophile (842) ; Ignace de Mélitène, de Michel II à Alexis I" (1118) ; Basile d’Édesse, de 1118 à 1143 ; puis les contemporains de Michel, Jean de Kaysoum et Denys bar Salibi. Les compléments ont été empruntés à Jean d’Asie pour la période Constantin-Tibère II, à Jacques d’Édesse et Jean de Litarba à partir du début, et Ignace de Mélitène depuis Constantin. Michel a d’ailleurs utilisé beaucoup d’autres documents pour des points particuliers, chroniques comme celle d’Andronicus, apocryphes comme la chronique d’Asaph, les vies des prophètes du pseudo-Épiphane, les Ple’rophories de Jean de Mayouma, les Tu.Y)U.ocTa de Jean Philopon, des actes de conciles, des biographies, des chroniques locales, etc. En appendice, la chronique contient plusieurs listes chronologiques, qui sont très précieuses, en particulier celle des patriarches monophysites d’Antioche depuis Sévère, avec l’indication des synodes tenus par eux et les noms des évêques qu’ils ont ordonnés à partir de Cyriaque (793).

Si importante à nos yeux, la chronique de Michel semble n’avoir eu dans l’Église syrienne qu’un médiocre succès ; il est vrai que les temps qui suivirent son pontificat furent particulièrement troublés par les invasions mongoles et tous les mouvements qui s’ensuivirent dans l’Asie antérieure. Quoi qu’il en soit, le ms. d’Orfa est unique, ayant été copié en 1598 sur un exemplaire écrit par l’évêque Moïse de Saura, ou de Mardin, qui fut l’envoyé du patriarche Ignace à Paul III en 1548. Celui-ci avait entre les mains l’autographe du patriarche Michel, déjà illisible en certains endroits et mutilé. Nous savons par Barhébneus que l’original de la Chronique, ainsi cpie le pontifical de Michel, avait été emporté à Urom-klay par le patriarche Ignace David, qui s’y était réfugié auprès du catholicos arménien, et qu’il fut remis après la mort de ce patriarche (1252) au couvent de Màr-lïarsaumâ, où Barhébrseus le consulta en 1255. T. i, col. 693, 728.

Au xvin siècle, le contenu du manuscrit d’Orfa fut traduit en arabe par le métropolite de Damas, llannaas-Sadadi (t vers 1782). Il existe plusieurs mss. karsounis de cet le traduction, qui n’est à peu près d’aucun secours (jour l’intelligence du syriaque : à Deir Za’farân, à Sadad, au couvent jacobile de Saint-Marc à Jérusalem, à Kharpout, enfin au Musée Britannique. Le Vatican, arab. s :.’» est une copie en caractères arabes d’un ms. de Mgr Clément David, copié lui-même sur le ms. de Londres, lorsqu’il était encore à Mossoul.

Le remaniement arménien a été composé eu 12 18. tandis cpie l’original de Michel se trouvait à Hrom-