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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 10.2.djvu/352

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1997 MISSIONS

MITIGATION DES PEINES DE LA VIE FUTURE 1998

Nous ne pouvons donner que de très sommaires indications bibliographiques :

Le Manuel du P. Arens, sur chacun des points touchés, fournit l’essentiel, mais qui serait à compléter par les travaux parus depuis 1923. — Sur les questions générales, il y aurait à consulter le premier volume de la Bibliotheca missionum du P. H. Streit, O. M. I. (Munster, 1916). Les tomes il et m consacrés à la seule Amérique, contiennent 2 966 numéros et s’arrêtent a 1909. Le premier volume de l’Asie vient de paraître. — La Zeitschri/t fur Missionswissenschaft, donne tous les ans la bibliographie des livres et articles publiés dans l’année, un peu dans toutes les langues.

Parmi les revues qui traitent des questions d’ensemble, outre la Zeitsclirift, signalons les Kalholischen Missionen d’Aix-la-Chapelle, la Revue d’Iiisloire des missions de Paris, les Éludes religieuses de Paris, le Bulletin de l’union missionnaire de Bruxelles.

Comme recueils d’articles et de travaux variés, onliia avec profit les Comptes rendus des semaines missiologiques de Louvain, et la série de conférences données à l’Institut catholique de Paris, V Apostolat missionnaire de la France, 5 volumes parus.

Répertoires généraux : Acla apostolieæ Sedis, depuis 1908 ; Annuario pontificio, Rome ; Annuaire pontifical catholique, fondé en 1898, Paris, Bonne Presse (vicariats et préfectures apostoliques) ; Missioncs catholiiie, Rome, 1906 et 1922.

Sur la géographie des missions : C. Streit, S.V.D., Kathôlischer Missionsallas, Steyl, 1906, et Atlas hierarchicus, Paderborn, 1913 ; L. Grammatica, Testo y atlanli di gcografia ecclesiasticae missionaria, Bergame, 1927 ; Mgr Boucher, Petit allas des missions catholiques, Paris, 1928.

Statistiques récentes, dans Arens (1924), dans la Zei’fschrifl, passim. Voir encore Revue de l’histoire des missions, passim, et, sous la signature du P. Lesourd, la Chronique, surtout à partir du 1 er mars 1926. Ibid. l’article de A. Brou, La géographie des missions, 1 er juin 1924.

Toute la collection des Dossiers d’action missionnaire (Louvain), quoique rédigée un peu hâtivement, est ù consulter (partie historique, partie descriptive, partie doctrinale, partie pratique).

J.-B. Piolet.

MISSON Joseph (1699-1717), naquit à Naraur le 8 septembre 1699 ; il fit ses études à la Faculté des Arts de l’université de Louvain, où il suivit les cours de philosophie et les leçons du célèbre canoniste Van Espen ; puis on le trouve curé d’Ellezèles, en Hainaut, dès les premiers jours de 1725. Dans ses sermons et dans quelques écrits, il expose les thèses jansénistes ; en 1729, il reçut des avertissements à cause de ces idées, mais Misson s’éleva en invectives contre ses supérieurs ecclésiastiques, et il fut traduit avec son vicaire, Josse Bagenrieux, devant l’oiTicialité de Cambrai. Le procès fut instruit et une sentence du 13 avril 1733 déposa les deux prêtres. Les écrits de Misson furent livrés aux flammes ; alors Misson se retira dans son diocèse d’origine, à Namur, et, après avoir retracté ses erreurs, il reprit le ministère paroissial dans ce diocèse. Il mourut en 1747. Misson avait composé un certain nombre d’écrits dans lesquels il soutenait les erreurs de Jansénius ; mais la recherche de ces ouvrages, lors de la condamnation en 1733, fut faite avec tant de diligence, que M. Ernest Matthieu, l’auteur de la vie de Misson, dans la Biographie nationale belge, a dû avouer qu’il lui avait été impossible de retrouver les traces d’aucun écrit de Misson.

Biographie nationale de Belgique, t. xiv, Bruxelles, 1897, col. 901-902.

J. CarreyRe.

MITIGATION DES PEINES DE LA VIE

FUTURE. — I. Mitigation des peines de l’enfer. IL Mitigation des peines du purgatoire (col. 2007).

I. Mitigation des peines de l’enfer. — 1° Dans l’Église latine.. — 1. La croyance à la mitigation des peines de l’enfer obtenue par les suffrages de l’Église ou directement octroyée par la divine miséricorde, existait dans l’Église dès le iv siècle. A-t-elle été em pruntée aux Juifs qui, d’après J. Lévi, auraient cru au repos sabbatique des âmes damnées, dès le iiie siècle de notre ère ? Cf. J. Lévi, Le repos sabbatique des âmes damnées, dans Revue des études juives, 1892, t. xxv, p. 1-13. Quoi qu’il en soit, cette croyance était propagée, au temps de saint Augustin, par divers écrivains. Les uns niaient l’éternité des peines de l’enfer, c’étaient les origénistes et les miséricordieux. Voir A. Lehaut, L’éternité des peines de l’enfer dans saint Augustin, Paris, 1912, première partie. Saint Augustin y fait allusion dans VEnehiridion, n. 112, P. L., t. xl, col. 284-285 : « Que les (adversaires des peines éternelles) pensent, si cela leur plaît, que les châtiments des damnés sont, à certains intervalles de temps, mitigés jusqu’à un certain point. Même ainsi, on peut comprendre que la colère de Dieu, c’est-à-dire la damnation, demeure en eux…, de telle sorte que, dans sa colère, c’est-à-dire sa colère ne cessant pas, Dieu n’arrête cependant pas ses miséricordes. Certes, il ne donne pas une fin à un supplice éternel, mais il apporte un soulagement ou une interruption aux tourments. » Ailleurs, saint Augustin réprouve la croyance à la mitigation des peines ; il se défend d’y souscrire : Quod quidem non ideo confirmo quoniam non resisto. De civitate Dei, t. XXI, c. xxiv, n. 3 ; P. L., t. xli, col. 739. Et il rappelle que l’Église ne prie pas pour les damnés : née nunc oretur pro infidelibus impiisque defunctis. Id., n. 2, col. 737. Aussi le texte de VEnehiridion se comprend facilement : voici, en substance, l’argumentation d’Augustin contre les miséricordieux : Vous voulez à tout prix étendre aux damnés l’application du ps. lxxvi, 10 (Aul obliviscetur misereri Deus ? aut continebil in ira sua misericordias suas ?), voir plus loin ; eh bien ! vous n’avez pas besoin pour cela de nier l’existence, ni même seulement l’étendue de leurs supplices. C’est assez qu ils ne soient pas tourmentés avec toute la rigueur qu’ils méritent. Dans le texte de VEnehiridion, saint Augustin semble faire une plus large concession à la doctrine de la mitigation, mais c’est un simple datum, non coneessum, à des adversaires dont il tient, avant tout, à réfuter la thèse de la négation des peines éternelles.

Au n. 110 du même Enchiridion, Augustin a écrit un texte plus obscur, dont certaines liturgies se sont emparées en faveur de la prière pour les damnés. Il demande aux chrétiens de prier pour tous les défunts sans exception, afin que ces suffrages obtiennent de Dieu soit leur délivrance totale, soit du moins une damnation plus tolérable. C’est le mot damnalio qui fait ici difficulté. Une première interprétation veut qu’il s’agisse ici des âmes du purgatoire. Les âmes recevront, de la pieuse intervention des fidèles, ou la rémission complète de leur peine, ou un soulagement dans leur souffrance. Cette interprétation s’appuie sur le contexte, dans lequel Augustin parle des damnés, valde malis, pour lesquels les suffrages sont de nul effet, n’apportant de consolation qu’aux survivants. P. L., t. xl, col. 283. Une seconde interprétation est celle de l’auteur inconnu qui rédigea les prières liturgiques en faveur des âmes damnées.

2. Dans le sacramentaire de Gellone, manuscrit de la seconde moitié du viiie siècle, on retrouve, en effet, à peine modifiées, les propres paroles d’Augustin, à la fin d’une oraison où l’on demande nettement que soient adoucies les peines de l’enfer : Et si (orsitan ob gravilatem criminum non meretur surgere ad gloriam (c’est donc bien d’un damné qu’il s’agit), per hec sacra oblationis libamina vel tolerabilia fiant ipsa tormenta (c’est bien des tourments de l’enfer qu’il est question). Voir les textes liturgiques dans dom A. Cabassut, Notes et mélanges : la mitigation des peines de l’enfer d’après les livres liturgiques, dans Revue d’histoire ecclésiastique, t. xxiii, p. 65 sq. Ces textes,