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MONOPH/YSITE (ÉGLISE COPTE), LITTÉRATURE THÉOLOGIQUE


baptismaux (sic) ; 2° ils omettent l’onction du chrême au moment de baptiser ; 3° ils ne récitent pas de prières sur l’eau des fonts baptismaux, referment sur elle les portes, et qui veut y baptiser y baptise jusqu’à ce qu’elle sente mauvais ; alors ils la répandent et en font d’autre ; 4° ils ne communient pas le baptisé, mais lui mettent dans la paume de la main du sel avec un peu de salive. La quatrième innovation a trait à l’offrande (Corban) : 1° Elle est azyme. Contre l’azyme Pierre produit quatorze arguments pour réfuter les Francs ; 2° Elle est froide, vieille d’un jour, deux jours et plus, voire de plusieurs mois. Cinquième innovation : le prêtre, chez eux, célèbre deux et trois messes sur le même autel. Sixième innovation : leurs prêtres, avant la messe, se rincent trois fois la bouche et se nettoient les dents avec leurs doigts. Septième innovation : ils ordonnent le prêtre, alors qu’il est encore jeune garçon. La huitième : ils prohibent le mariage du prêtre. La neuvième : leurs prêtres fréquentent les femmes non mariées sous prétexte de ministère. La dixième : le prêtre, chez eux, est cavalier, va à la guerre et verse le sang. La onzième : ils rompent le jeûne les deux jours du lundi et du mardi, au début de la sainte quarantaine (avant le mercredi des Cendres). La douzième : ils rompent continuellement le jeûne le mercredi et y mangent de la viande. La treizième : ils jeûnent le samedi. La quatorzième : ils mangent le sang, la chair morte et étouffée, ou celle qui a été déchirée par les bêtes fauves. La quinzième : leurs évêques mangent de la viande et leurs moines, de la graisse. La seizième : ils mangent les sacrifices des Juifs. La dix-septième : ils délaissent le Corban ( = la communion) des années durant. La dix-huitième : le pape, quand il dit la messe, ne boit le sang qu’avec un chalumeau (fîstula), qui a été fabriqué pour lui en or ou en matière pareille. La dix-neuvième sur le mariage ; elle est double : 1° les hommes se choisissent des femmes sans prière ni couronne et en ont des enfants ; puis, s’il leur plaît, ils sont couronnés (= mariés), et s’il ne leur plaît pas, ils n’y sont pas obligés ; 2° ils autorisent les quatrièmes noces. La vingtième : ils usent d’images à l’instar d’idoles (allusion à l’usage des statues). La vingt et unième : ils administrent aux fidèles un second baptême. La vingt-deuxième : ils s’abstiennent de baptiser leurs esclaves et les captifs qui sont chez eux, dans l’idée que ce serait un empêchement à se faire servir par eux. La vingt-troisième : ils se rasent la barbe. La vingt-quatrième : ils entrent dans les bains sans caleçon. La vingt-cinquième : ils entrent aux bains avec les femmes. La vingt-sixième : ils mettent à mort quiconque les contredit ou les désapprouve. La vingtseptième : ils ont altéré et dénaturé les textes des Écritures. »

Cette énumération nous donne une idée assez exacte de la polémique copte contre les dissidents. Les griefs portés contre les autres confessions sont tout aussi importants. On reproche, par exemple, aux melkites de dire la messe en souliers, « erreur partagée par les Arméniens, les Syriens, les Francs et leurs pareils » ; aux Syriens, « leur conviction que la nuit précède le jour ».

C’est encore au xiie siècle, exactement en 1188, que Abou-Salih Sàdid Ibn Bana, d’origine arménienne, écrit une Histoire des 48 monastères et églises d’Egypte, pleine de renseignements sur l’histoire et la vie intérieure de l’Église copte. Éditée par B. Evetts avec notes de A. J. Butler : Abu Salin el-Armeni : The churches and monasteries of Egypt attributed to Abu Salih the Armenian, Oxford, 1895 (Anecdota Oxoniensia : semitic séries, p. vu).

Au xine siècle, Cyrille III Ibn Laqlaq, 75e patriarche (1235-1243), continue malgré lui la tradition des

patriarches réformateurs, les évêques coptes réunis en synode lui imposant certaines réfermes spécialement dirigées contre la simonie et les abus de pouvoir du patriarche. Renaudot, op. cit., p. 582-586. C’est à cette époque que paraissent les trois frères Banaï al’Assâl. Tous trois ont enrichi de leurs écrits la littérature théologique des coptes. Le premier, Aboul Faradj Ibn al’Assâl, a été un exégète. On lui doit une recension arabe des quatre Évangiles et une introduction aux épîtres de saint Paul, avec un aperçu historique sur la vie de l’Apôtre. Le second, Assafî Aboul Fadaïl Ibn al’Assâl, a laissé un livre de controverse, une collection canonique, un abrégé de cette collection, un traité abrégé sur la Trinité et l’Unité. Quant au troisième, nommé Abou Ishaq Ibn al’Assâl, il est l’auteur de l’ouvrgue intitulé : Recueil des fondements de la religion, de La contemplation abrégée, du traité sur les Usages ecclésiastiques, d’un recueil de Sermons, qui paraissent être ceux qu’a publiés, en 1895, le kommos Mikhaïl. Il faut signaler aussi son Vocabulaire copte des Hures liturgiques et de l’Évangile, où les mots sont rangés par rimes et par ordre alphabétique. Il a été publié par Kircher, Lingua xgyptiaca restituta, Rome, 1643, p. 273-493. Cf. A. Mallon, Ibn al’Assal. Les trois écrivains de ce nom, dans le Journal asiatique, Xe série/t.vi (1905), p. 509-529. Le xiii° siècle a fourni également deux historiens : Abou-Sakir Boutrous Ibn ar-Rahib, auteur d’une Chronique universelle allant jusqu’en 1259, et Girgis Ibn al’Amid, dit Al-Makîn (} 1273), auteur d’une Histoire bipartite : avant et après l’Islam. La partie postislamique seule a été publiée par T. Erpen, El Makîn Georgius ben Hamid, coptus jacobita : Historia saracenica, Leyde, 1625.

Le xiv 6 siècle donne trois noms remarquables : le prêtre Macaire, auteur d’une collection canonique ; Sams ar-Ri’âsah Abou’l-Barakat Ibn Kabar, auteur de l’encyclopédie ecclésiastique intitulée Lampe des Ténèbres et de plusieurs autres ouvrages qui sont analysés à l’article Kabar, t. viii, col, 2293-2296 ; Yahyâ (= Jean) Ibn Abî Zakarya, appelé Ibn Sabbâ ou Sabbâg (l’Abou Seba dont parle Renaudot), qui a composé une sorte de Somme théologico-canonicoliturgique intitulée : Djauharat an-nafisah (= La perle précieuse). Elle a été éditée en partie par Périer dans P. O., t. xvi, p. 593-760.

A partir du xve siècle, la décadence commence. Les Coptes ne produisent à peu près plus rien dans le domaine des sciences ecclésiastiques. Signalons encore cependant le Rituel de Gabriel V, 88e patriarche (1409-1428), qui codifie les règles de l’administration des sacrements, de la célébration de la messe, de la prise d’habit monastique, etc. Cf. Renaudot, op. cit., p. 610-611. En ces dernières années, des prêtres coptes se sont occupés d’éditer quelques textes anciens, et le kommos Philothée, archiprètre de la cathédrale du Caire, a publié un catéchisme portant le titre : Tanvvtr al-moubtadiin fi ta’limad-dîn (= Instruction des débutants dans l’enseignement de la religion), 2e éd., Le Caire, 1885, dont Naser Odeh a donné une traduction anglaise : A calechism of the coptic Church by abouna Filothaus, faithfully translated, Londres, 1892. On s’aperçoit en le parcourant que l’archiprêtre Philothée entre, en fait de théologie, dans des précisions qui révèlent l’influence de la théologie catholique.

En dehors de ces ouvrages plus ou moins originaux, la littérature copto-arabe abonde en traductions. Du Xe au xrn° siècle, les ouvrages écrits ou traduits en langue copte, pendant la période précédente, ont passé dans la langue arabe. On y trouve même quelques ouvrages nestoriens, qui ont été expurgés par les traducteurs.