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MORIN (JEAN) — MORT, UNIVERSALITÉ

L’Oratoire de France au XVIIe et au XIXe siècle, Paris, 1865, p. 272 ; Richard Simon, Sciographia vitæ Johannis Morini Blesensis, en tête des Antiquitates Eccl. orientalis, satire non seulement du P. Morin, mais de la congrégation de l’Oratoire que l’auteur avait quittée ; il parle encore du P. Morin dans l’Histoire critique du Vieux Testament, p. 464.

A. Molien.

2. MORIN Jean-Baptiste, (1583-1656), né à Villefranche-en-Beaujolais, le 23 février 1583, fit ses études à Aix et à Avignon, s’occupa d’astrologie et de médecine ; il fut accueilli favorablement par les cardinaux Richelieu et Mazarin. Il mourut à Paris le 6 novembre 1650. La plupart des écrits de Morin se rapportent à l’astronomie et à l’astrologie : il soutint, contre Copernic et contre Gassendi, l’immobilité de la terre. Cependant il a écrit un ouvrage intitulé Quid sit Deus ? dans lequel il prétend réfuter les diverses formes de l’athéisme, en employant une méthode géométrique, et il le réédita sous le titre : De vera cognitione Dei ex solo naturæ lumine per theoremata adversus ethnicos et atheos, mathematico more denuntiata, in-12, Paris, 1655. Il a aussi publié une Refutatio compendiosa erronei ac detestandi libri de Præadamitis, in-12, Paris, 1657.

Moréri, Le grand dictionnaire historique, édit. de 1759, t. vii, p. 786-788 ; Barral, Dictionnaire historique, littéraire et critique, t. iv, p. 552 ; Desessarts, Les siècles littéraires, t. iv, p. 445 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. iii, p. 88-105 ; Préface de l’Astrologia gallica, La Haye, 1661, publiée après la mort de Morin.

J. Carreyre.

1. MORT.I. Définition. II. Cause. III. Effets. IV. Moment.

I. Définition. — 1o Sens analogiques. — La mort s’opposant à la vie, le terme « mort » revêt des significations différentes en raison des « vies » différentes auxquelles on l’oppose. Ainsi : 1. la grâce sanctifiante étant la vie surnaturelle de l’âme, la privation de cette grâce est appelée mort. Eph., ii, 5. — 2. La perte de la vie glorieuse du paradis, c’est-à-dire la damnation éternelle est appelée la seconde mort. Apoc., xx, 6, 14 ; cf. Sap., i, 12. — 3. Par opposition à la vie de péché, la vie sainte est appelée mort en ou avec Jésus-Christ. Rom., vi, 2 sq.

2o Sens propre. — La mort, prise en son sens propre, est la séparation de l’âme immortelle d’avec le corps. Cf. Eccl., xii, 7 ; I Reg., xv, 32. Aussi la sainte Écriture la désigne-t-elle sous des noms qui affirment cette séparation : dissolutio. Phil., i, 23 ; II Tim., iv, 6 ; depositio tabernaculi, II Pet., i, 14 ; terrestris domus dissolutio, exspoliatio ; peregrinatio a corpore. II Cor., v, 1, 4, 8. La liturgie a conservé plus d’une de ces expressions dans l’office et la messe des défunts.

II. Cause. — Par rapport à sa cause, la mort peut être envisagée soit philosophiquement, comme conséquence naturelle de l’union de l’âme immortelle au corps corruptible : soit historiquement comme suite pénale du péché originel. Dans les deux cas, elle s’affirme comme une loi universelle de l’humanité.

1o La mort, conséquence naturelle de l’union de l’âme au corps. — -La nature humaine est composée d’une âme immortelle, substantiellement unie à un corps mortel. Donc, par là-même que le corps est mortel, l’union substantielle de l’âme et du corps doit un jour se rompre, et chacun des deux éléments suivra alors sa destinée propre. À ce point de vue, l’homme est naturellement mortel : « Est dit naturel ce qui a sa cause dans les principes de la nature. Or, les principes essentiels de la nature sont la forme et la matière. La forme de l’homme est l’âme raisonnable, de soi immortelle ; et, en conséquence, la mort n’est pas naturelle à l’homme, si l’on ne considère que sa forme substantielle. Mais la matière de l’homme est le corps, lequel, composé d’éléments contraires, est, par là même, de toute nécessité, sujet à corruption. C’est à cet égard que la mort est naturelle à l’homme. » S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ 86, q. clxiv, a. 2. C’est donc à juste titre que l’Église a condamné la prop. 78 de Baïus : « L’immortalité du premier homme n’était pas un bienfait de la grâce, mais une condition naturelle. » Voir Baïus, t. II, col. 72.

2o La mort, suite pénale du péché originel. — Historiquement considérée, la nature humaine doit être envisagée telle qu’elle fut constituée par le Créateur. Or, Dieu n’a pas fait la mort, Sap., i, 13 ; il a créé l’homme pour un état d’incorruptibilité, id., ii, 23. S’emparant de cette donnée de la révélation, et faisant écho à la doctrine de saint Paul, l’Église anathématise « quiconque affirme qu’Adam a été créé mortel, en sorte que, pécheur ou non, il serait mort et qu’ainsi sa mort n’a pas été le salaire du péché, mais une nécessité de nature. » Concile de Carthage (dit autrefois de Milève) ; IIe conc. d’Orange, can. 2 ; conc. de Trente, sess. v, can. 1-2 ; Denzinger-Bannw., n. 101, 175, 788-789. Ainsi, il est de foi divine et catholique que Dieu a créé l’homme immortel. Voir Adam, t. i, col.  374 ; Justice originelle, t. vii, col.  Modèle:Formatum:2025. Mais cette immortalité était conditionnelle : Adam pouvait ne pas mourir, s’il restait fidèle à Dieu. Cf. S. Augustin, De Genesi ad litt., l. VI, c. xxv, P. L., xxxiv, col. 354.

En fait, l’homme ayant péché, l’immortalité conditionnelle lui fut enlevée avec les autres dons préternaturels. Dieu prononça expressément la sentence de mort sur l’homme prévaricateur. Gen., iii, 19 ; cf. ii, 17 ; iii, 3. Donc, sous cet aspect, la mort, toute naturelle qu’elle soit à la nature humaine philosophiquement considérée, devient une véritable peine, un châtiment, une « solde » du péché, par lequel elle est entrée dans le monde. Rom., v, 12 ; cf. vi, 23. Ainsi l’homme doit mourir, Heb., ix, 27 ; la mort arrache l’homme à ce qu’il possède ici-bas, Eccli., xli, 1, comble le désir de celui qui veut être réuni au Christ. Phil., i, 23. Si longue que soit la vie de l’homme, l’heure de la mort sonnera ; elle a sonné pour les patriarches dont la longévité était extraordinaire, Gen., v, 4 sq.}} ; elle sonne pour tous les hommes, au plus tard après les tribulations de la vieillesse, Ps., lxxxix, 10 ; Eccli., xviii, 8 ; elle se présente à l’heure qu’on ignore, Matth., xxiv, 48 sq. ; Apoc, iii, 3 ; cf. xvi, 15 ; I Thess., v, 2 ; II Pet., iii, 10 ; et il est insensé de compter sur la vie, si brève, et qui fut pareille à l’ombre, Job, xiv, 1, 2, pour se livrer sans crainte aux plaisirs d’ici-bas. Luc, xii, 19-20.

3o Universalité de la mort. — In omnes homines mors pertransiit, in quo omnes peccaverunt, Rom., v. 12. L’universalité du péché entraîne l’universalité de la mort. Bien que la loi de la mort soit universelle, il existe des raisons de se demander si cette loi ne comporte pas quelques exceptions.

1. La question se pose pour Hénoch et Élie, que l’Écriture représente comme ayant été transportés vivants de cette vie en l’autre. Gen., v, 24 ; IV Reg., ii, 11 ; Eccli., xliv, 16 ; xlviii, 13 ; Heb., xi, 5. Plusieurs Pères pensent qu’Hénoch et Élie ne mourront pas ; d’autres estiment qu’ils mourront à la fin du monde, que l’Antéchrist les fera périr et qu’ils ressusciteront ensuite. Ainsi opinent Tertullien, De anima, col.  50, P. L., t. ii, col. 735, saint Augustin, Serm., xxix, n. 11, P. L., t. xxxviii, col. 1376, interprétant Apoc., xi, 3 sq., au sujet des deux témoins que la bête doit mettre à mort. Sur le retour d’Élie et d’Hénoch avant la fin du monde, sur l’interprétation des deux témoins de l’Apoc. xi, 3, voir Suarez, De mysteriis vitæ Christi, disp. LV, sect. iii ; Palmieri, De novissimis, § 39, 40 ; Stentrup, Soteriologia, th. clx, p. 1021 sq. Bellarmin pense que nier la venue d’Hénoch et d’Élie, avant la