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    1. MOZARABE (MESSE)##


MOZARABE (MESSE), REMARQUES GÉNÉRALES

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l’ordre indiqué ; il pose la patène sur le calice et dit : Ave in evum celestis potus : qui milii ante omnia et super omnia dulcis es. Corpus et sanguis Domini nostri.Tesu C.hristi custodiat corpus et animani meam in vitam eternam. Amen.

Il prend le précieux sang et dit l’oraison : Domine Deus meus Pater et Filius et Spiritus sanetus : fæ me te semper querere et diligere : et a te per liane sanctam communionem quam sumpsi numquam recedere : quia tu es Deus et prêter te non est alius in secula seculorum. Amen.

I.c chœur chante Rejecti corpore et sanguine, etc. Le prêtre va au coin de l’autel et récite une oraison qui débute comme le chant précédent : Rejecti Christi corpore et sanguine, etc. C’est la prière d’action de grâces qui se termine par la doxologie : Per misericordiam luam, etc. P. L., col. 120, cf. aussi col. 554, 561, 564, 566, et Liber ordinum. col. 241, 242 ; Liber mozarabicus, p. xxiii.

Le diacre intervenait à la communion, par l’avis : Locis vestris accedité. Chacun devait prendre sa place selon un ordre strictement établi, haut clergé, bas clergé, hommes, femmes ; il donnait à chaque fidèle une part du sang, car la communion avait lieu sous les deux espèces. L’antienne Guslate est appelé ad accède nies.

Le Liber mozarabicus et le Liber ordinum contiennent parfois après les prières de communion une oratio completuria, ou simplement completuria qui rappelle la postcommunion romaine. On en trouvera plusieurs exemples, Liber ordinum, col. 272, 273 : Liber moz., col. 343, et p. xxiii et xxxv, et à l’Index au mot completuria.

La fin de la messe est ainsi annoncée : Le prêtre salue le peuple par le Dominus sit., etc. Le diacre annon-e : Solemnia compléta sunt in Aomine Domini nostri Jesu C.hristi, votum nostrum sit acceplum cum pace. R. Deo gratias. P. L., loc. cit., col. 120. Au Liber mozarabicus le diacre dit Missa acla est (p. xxxv).

IV. Remarques générales.

1° Analogies entre la liturgie morazabe. et la liturgie gallicane. - La première remarque portera sur les analogies entre la liturgie mozarabe et la liturgie gallicane. Nous les avons notées au passage dans cet article. Elles sont de telle nature qu’elles ne s’expliquent pas par quelques emprunts et échanges entre les deux liturgies, ce qui ne devrait pas nous étonner, l’Espagne chrétienne ayant été du ve au viii’siècle en rapports fréquents avec la Gaule, surtout par la Septimanie. Il faut aller plus loin et dire que, d’un côté et de l’autre des Pyrénées, c’est au fond la même liturgie avec quelques variantes qui portent sur des points secondaires. Le style lui-même et les amplifications présentent des caractères Identiques.

Ces ressemblances ont frappé depuis longtemps les liturgistes ; ils sont d’accord sur le fond de la question et la discussion ne porte que sur un point, est-ce la liturgie gallicane qui procède de la liturgie mozarabe ou celle-ci de la première ? Les avis sont partagés. Nous n’entrerons pas dans cette discussion qui ne nous intéresse qu’indirectement et qui du reste n’a pas encore été suffisamment étudiée.

2° Analogies entre la liturgie mozarabe et la liturgie romaine. - Elles sont moins frappantes au premier aspect. Ce que nous remarquons avant tout dans la liturgie romaine, c’est sa simplicité, l’austérité de ses formes, la concision et la force de son style ; au contraire, nous avons noté, dans l’étude qui précède, l’emphase, la prolixité, la complication, la surabondance des formules et des rites de la liturgie mozarabe. Il est évident que les deux liturgies ont vécu à part l’une de l’autre, se sont développées chacune selon son esprit, et l’histoire civile et politique de l’Espagne wisi gothique confirme cette impression. Ces différences entre Rome et Tolède iront-elles jusqu’à nous obliger de conclure que les deux liturgies ont une origine différente et n’appartiennent pas au même groupe" ? Certains l’ont cru, qui attribuent à la liturgie mozarabe et à la liturgie gallicane une origine orientale, laquelle les classerait toutes deux dans une famille étrangère à la liturgie romaine. Cette conclusion ne nous paraît pas s’imposer et l’opinion tend de plus en plus à s’établir parmi les liturgistes, que les différences entre ces diverses liturgies latines ne sont pas aussi fondamentales qu’on le dit, et qu’au contraire il existe entre elles des caractères qui les rapprochent.

Il y a d’abord ce fait essentiel qui différencie les liturgies latines des liturgies orientales. Le système même de leur composition est différent. En Orient, les oraisons de la messe sont invariables ; c’est toujours la même messe dite tous les jours de l’année, saut de rares exceptions ; les lectures seules varient. En Occident, au contraire, nous avons des liturgies à embolisme ; le calendrier influence la composition des messes ; les parties les plus essentielles : collecte, préfaces, quelques prières même du canon, postcommunion, toutes ces formules varient selon les époques liturgiques et les fêtes, aussi bien que les lectures. Il y a là un système que l’on reconnaît au premier coup d’œil dans les liturgies latines et qui est étranger à l’Orient.

Le fait de la similitude des paroles de la consécration est une autre analogie de grande importance.qui s’expliquerait difficilement si ces liturgies étaient d’origine différente. Les liturgies latines ont adopté la formule qui pridie, tandis que les liturgies orientales l’ont remplacée par celle de I’in qua nocle tradebatur. Sur ce point nous l’avons dit, malgré les changements survenus dans la suite, la liturgie mozarabe ne fait pas exception.

On trouverait bien d’autres analogies dans le vocabulaire, dans le calendrier, les époques liturgiques, notamment la forme du carême, le cursus de l’office, etc. Chacun de ces points devrait être traité en détail, si c’était ici le lieu. Mais encore une fois la question n’est pour nous que secondaire. Contentons-nous de dire que les derniers travaux des liturgistes tendent plutôt à reconnaître entre les liturgies latines des liens de parenté plus étroits. Les différences de style s’expliquent par le fait que les compositions mozarabes sont plus récentes que les romaines, lesquelles remontent d’ordinaire au vr et même au v siècle. Au contraire en Espagne, si quelques formules remontent à cette époque, les longues illationes, les Port pridie et autres compositions sont du vie, vu’, même du viii* siècle, dans un pays qui ne gardait pas les traditions classiques de Rome, mais où régnait le goût des amplifications de rhétorique avec tous ses abus.

3° La liturgie latine primitive. Mais si l’on dégage la liturgie mozarabe, aussi bien que la liturgie romaine, des additions ou superfétations desvm* et ix o siècles ; si l’on essaie de remonter au vp et au ve siècle, on entrevoit une époque où les liturgies latines étaient beaucoup moins éloignées les unes des autres, et où elles présentaient malgré leur diversité un même visage, qualem decet esse sororum.

l.a physionomie de cette liturgie latine antérieure au VIP siècle, reste sans doute encore assez obscure, mais on peut distinguer cependant quelques traits généraux :

1. 1.’avant-messe se compose de trois lectures et de chants ou psalmodie qui d’ordinaire suivent chacune des lectures et d’une oraison. Ces chants ou psalmodie

comprennent « les versets de psaumes sous la forme de répons ou d’antienne. I.’Alléluia et le Gloria in exeelsis Deo ou un autre cantique en font aussi partie ;