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NEST0R1ENNE (L’ÉGLISE) SOUS LES SASSANIDES


y trouve la fondation de Deir Qoni par’Abdâ, et celle du couvent de Slibâ, puis une notice sur’Abdiso’, disciple de’Abdâ, qui aurait fondé plusieurs monastères, dont un dans une île voisine de Bahraln, et un autre près de Hirâ, après avoir été sacré par le catholicos Tomarsâ évêque de Deir Mehmaq. P. O., t. v, p. 307-312 [195-200]. Les patriarches Ahai et Yahballâhâ P r étaient moines de Deir Qoni. Ibid., p. 321 [209] et 324 [212].

La disparition de la partie de la Chronique de Séert qui contenait l’histoire des années 422 à 484, nous prive de renseignements sur les autres fondations qui peuvent avoir eu lieu dans la suite du v siècle ; le premier fondateur qui apparaît ensuite est Abraham de Kaskar. La Chronique raconte son ministère à Hirâ, son voyage en Egypte, son séjour à l’école de Nisibe et en tin sa retraite au mont Izalâ. P. O., t. vii, p. 133-135 [41-43]. Son homonyme, Abraham de Netbpar, a sa notice, lui aussi, ibid., p. 172-175 [80-83 ]. Les deux Abraham, qui étaient allés visiter les monastères d’Egypte, sont donnés comme réformateurs : ils i donnèrent une forme nouvelle aux monastères et aux cellules, qui, avant eux, étaient comme ceux de Mar’Abdâ et de ses semblables. » Ibid., p. 172 [80]. Abraham de Kaskar prescrivit la tonsure et changea le costume des moines pour les distinguer des hérétiques, monophysites ou messaliens, ibid., p. 134 sq. [12 sq. ] ; il laissa d’ailleurs une règle écrite, que Job, disciple d’Abraham de Nethpar, traduisit en persan, et dont le texte syriaque a été édité avec traduction latine par J.-B. Chabot, Regulæ monaslicæ sœculo VI ab Abrahamo fundalore et Dadjesu reclore convenlus Sijrorum in monte Izla conditæ, dans Rendiconli délia R. Accademia dei Lincei, classe di scienze morali, slorichee filologiche, ser. V, t. vii, p. 38-59. Son successeur, Dadiso’, y ajouta plusieurs prescriptions. Ibid., p. 77-102. Babaï, qui gouverna ensuite le couvent surnommé le Grand-Monastère, eut une part prépondérante dans la direction des diocèses de la Mésopotamie septentrionale, pendant la longue vacance qui suivit la mort du catholicos Grégoire.

Les fondations qui se multiplient alors sont dues pour la plupart aux disciples des deux Abraham. La Chronique de Séerl ne signale pas moins de trente fondateurs pour la période suivante jusqu’à l’Islam. Plusieurs ont fait le pèlerinage des Lieux saints et d’Egypte, et leurs monastères se trouvent dans les sites les plus divers, à la limite du désert occidental ou dans les vallées retirées de la montagne, mais aussi aux portes des villages et des villes, comme ce monastère fondé grâce à la fille de Nu’mân ibn al-Mundir, Alledja, aux portes de la capitale lahmide. P. O., t. vii, p. 155 [63]. Les mêmes noms sont cités par Iso’denah, édit. J.-B. Chabot, Le livre de la chasteté composé par Jésusdenah, évêque de Baçrah, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire de l’École française de Borne, 1896, t. xvi, p. 225-291 et 80 pages de texte syriaque ; mais l’Iso’denah que nous connaissons, texte complet ou résumé, n’est pas la source de la Chronique de Séert, dont les notices sont généralement plus longues et contiennent des données chronologiques, à peu près totalement absentes du Li’yre de la chasteté.- Parmi les couvents issus du Grand-Monastère, le plus important fut sans doute celui de Beit’Abë « la Maison des Pères », dont l’histoire et l’organisation nous sont particulièrement bien connues grâce à la série de notices sur ses supérieurs et moines célèbres, composées par Thomas de Marga, The book of governors, 2 vol., Londres, 1893 (texte syriaque et traduction anglaise). L’éditeur, Sir E. A. Wallis Budge, a brossé, dans son introduction, un excellent tableau du monachisme mésopotamien, t. i, p., cxvii-c.Lvi.

Il ne servirait à rien d’instituer ici une comparaison entre la règle du monastère d’Abraham ou les usages de Beit’Abë et la discipline égyptienne : les différences seraient sensibles. Dadiso’impose à ses moines de savoir lire, canon 7, édit. Chabot, p. 82, trad., p. 94 ; cette exigence est d’autant plus remarquable que les maLdéens avaient l’habitude d’apprendre par cœur les textes religieux dont ils ignoraient la lecture, témoin le converti IsVsabran, qui refuse d’abord d’étudier les lettres sous prétexte qu’il retiendrait les psaumes après les avoir entendu réciter. Histoire de .Icsusabran écrite par Jésusijab d’Adiabène, édit. avec analyse en français par J.-B. Chabot, dans Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires, 1897, t. vii, p. 525, trad., p. 191.

Un autre trait caractéristique des moines nestoriens, c’est qu’ils sont très mêlés à la vie de leurs compatriotes, ainsi cet Iso’sabran, qui, après avoir vécu en anachorète itinérant, revient pour fonder un couvent auprès de son village, secourt les tidèles dans la persécution et la misère, et (’mit par mourir martyr en 020. Ces moines se sentent charge d’âmes ; il est dit de Mar Eugène, après son arrivée en Mésopotamie : « Il comprit qu’il devait parcourir le pays avec ses enfants pour convertir les hommes à la vraie foi. » P. O., t. iv, p. 235 [25]. Ainsi font les moines de Deir Qoni, ainsi encore les fils spirituels d’Abraham, les témoignages abondent dans la Chronique de Séert ; c’est bien des monastères que se répand sur la chrétienté persane l’instruction religieuse et la ferveur.

L’école de Nisibe, dont nous avons signalé la fondation et que nous avons reconnue comme la pépinière du haut clergé perse, col. 169, est aussi le centre d’études supérieures d’où la doctrine se répand dans les monastères, suivie de loin par d’autres écoles comme celle de Séleucie. Beaucoup de fondateurs sont passés à Nisibe et l’organisation de l’école y est toute monastique : elle est installée dans un monastère, ses membres sont appelés « frères », les écoliers vivent dans des cellules, participent aux offices monastiques ; ils ne peuvent se marier sous peine d’être exclus de la congrégation ; cf. J.-B. Chabot, L’école de Nisibe, son histoire, ses statuts, dans Journal asiatique, IXe série, 1896, t. vii, p. 43-93.

Cette organisation du travail intellectuel dans les monastères nestoriens fut la meilleure protection pour la chrétienté persane contre l’infiltration messalienne, dont le foyer d’origine était en territoire monophvsite aux environs d’Édesse ; cf. Eucintes, t. v, col. 1454-1465, et Messaliens, t. x, col. 792-795 ; Chronique de Séert, dans P. O., t. v, p. 279 sq. [167 sq. ]. Au début du vie siècle, les messaliens s’agitaient en Adiabène, Chronique d’Arbèles, édit. Mingana, p. 72, 75, trad., p. 153, 156 ; vers la fin du même siècle ils étaient surtout groupés au sud de Nisibe à proximité du Sindjar, Chronicon anonijmum, dans Corpus scriplorumchristianorumorientalium, Scriplores suri, ser. III, t. iv, p. 18, trad., p. 17. Il fallut prendre des mesures contre ces hérétiques : en 576, au synode d’Ézéchiel, Synod. orient., p. 115 sq., trad., p. 374 sq. ; en 585, sous Iso’yahb, ibid., p. 144 sq., trad., p. 106 sq. Babaï le Grand leur fit une guerre énergique. Cf. Thomas de Marga, édit. Budge, p. 51-53, trad., p. 91-95.

Il y a de nombreuses monographies monastiques, dont plusieurs ont été éditées ; cf. R. Duval, La littérature syriaque, p. 142-153, vies des saints et des ascètes, p. 205214, histoires particulières, p. 222-231, analyse d’Iso’denah. L’ouvrage de Thomas de Marga sur le couvent de Beit’Abe a été réédité par P. Bedjan, Liber superiorum, seu bisloria monasliea, Leipzig et Paris, 1901, p. 1-430. Le livre d’Iso’denah se trouve réimprimé dans le mime volume, sous le titre Hisloria fundatorum monasieriorum in regno Persarum et Arabum, p. 437-517. Sir E. A. Wallis Budge a publié trois textes sur Hormizd, le fondateur du célèbre