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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/105

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NESTORIENNE (L'ÉGLISE) DANS L1NDE

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Les troubles qui avaient accompagné les élections des catliolicos pendant la longue léthargie du califat abbasside, sous les amir-alumara bouyides ou chiites, disparurent à peu près à partir de l’entrée de Toghrulbeg à Bagdad en 1055. Les troupes de celui-ci. composées de sunnites convaincus, avaient pillé l'église principale et la résidence du catliolicos, mais les chrétiens profilèrent de l’ordre qui suivit cette intervention d’une main énergique.

A part deux périodes, pendant lesquelles les chrétiens sont contraints de porter à leurs vêtements des marques distinctives, ce qui provoque de nombreuses apostasies, Mari, p. 114, 144, trad., p. 101, 123, il semble qu’au total l'Église nestorienne ait coulé des jours tranquilles sous la dynastie abbasside. Sa hiérarchie restait nombreuse : en 31 ans de pontificat. Sahriso' V avail ordonné 75 métropolites ou évêques. Brusquement le 20 février 1258, Houlagou mit fin à cette situai ion. Mais tandis qu’il faisait mettre à mort le calife al-Musta’sim et une grande partie de la population musulmane, le terrible conquérant donnait une des demeures du calife, sur les bords du Tigre, au catliolicos Makkikâ II, qui y fondait aussitôt 1' i Église nouvelle ». Amr et Slibâ, édit. Gismondi, p. 120, trad., p. 60.

Sur l’ensemble de cette période : Mari, p. 62-109, trad., p. 55-134 ; Amr et Sliba, p. 55-121 ; trad., p. 32-90 ; J. Labourt, De Timolheo I … et christianonim orientalinm eondicione sub chalifis abbasidis, Paris, 1904, p. 1-49 ; suites pactes de garantie donnés par les souverains musulmans, L. Cheikho, Les édiis de Mahomet et des ealifes orthodoxes en faveur des chrétiens (en arabe), dans al-Masriq, 1909, t.xii, p. 609-618, 674-682 ; sur Timothée I", O. Braun, Der Kalliolikos Timotheos I. und seine Briefe, dans Oriens christianus, 1901, t. i, p. 138-152 ; Zwei Synoden des Katholikos Timotheos I., ibid., t. iii, p. 283-311 ; notice dans al-Ma.sriq (en arabe), 1923, t. xxi, p. 442 ; sur Sahdona : H. Goussen, Martijrins-Salidona’s Leben und Werke, ein Beilrag zur Geschichle des Kathelizismus unler den Neslorianern, Leipzig, 1897. Beaucoup de détails à prendre sur la première partie de la période dans Thomas de Marga.


V. Les établissements nestoriens dans l’Inde—

7 On a fait allusion ci-dessus, col. 161, à propos de la légende de saint Thomar, apôtre de la Perse et de l’Inde, aux relations politiques de ces deux pays sous les Part lies arsacides. Quelque difficile que soit la navigation dans le Golfe Persique, le trafic y a toujours été considérable, le long de l’une et de l’autre côte. Lorsqu’on arrive dans la mer libre, au delà du détroit d’Hormuz, l’alternance saisonnière des moussons permet de naviguer facilement et rapidement jusqu'à l’extrémité sud de l’Inde et à Ceylan. Dès avant l'ère chrétienne, il y avait un fort courant d'échanges par mer, entre Babylone et l’ExtrêmeOrient — produits énumérés par l’auteur du Périple de la mer Erythrée, voir notes de W. H. Sehoff, The Periplus of the Èrythrgean Sea, New-York, 1912, p. 150-288. Les Perses avaient maintenu la tradition commerciale des Babyloniens, reprise à partir du ixe siècle par les navigateurs arabes. G. Ferrand, Relations de voyages et textes géographiques arabes, persans et turks relatifs ù l’Extrême-Orient du viw au ai///e siècles, Paris, 1913, t. i, p. 2 sq.

Cette route commerciale devint, dès qu’il y eut des chrétiens en Perse, une voie d'évangélisation. La foi progressa d’abord, parmi les populations iraniennes à l’Est, sémites à l’Ouest, sur les deux côtes opposées du Golfe Persique. Si l’on en croyait la Chronique d’Arbèles, dans A. Mingana, Sources syriaques, l. i, p. 30, trad., p. 106 sq., il y aurait eu un évêque, dès 225, non seulement à Perat d’Maysan, près de l’embouchure de l’Euphrale, mais encore dans le Beil Qatarâyê, sur le littoral arabe au nord de

Bahrayn. Nous avons dit, col. 162, les raisons qu’il y a de suspecter ce témoignage. Vers 390, un monastère fut fondé dans une des îles du groupe de Bahrayn par un moine de Deir Qoni, originaire de Maysan. Chronique de Séert, dans P. O., t. v, p. 311 [199]. L'évêque des Iles, celles du groupe de Bahrayn tout au moins, est mentionné dans la liste du synode d’Isaac en 410, Synod, orient :, p. 34, trad., p. 273, et il y avait alors compétition pour le siège de Masmaliig, qui est au delà de Bahrayn. Ibid., p. 34, 36. trad., p. 273-275. Dans le même temps, le Fars était évangélisé : il avait déjà un évêque en 410, probablement à Bewardasir, qui fut élevée à la dignité de métropole, peut-être par Yahballâhâ I er (415-420), comme le prétend Ébedjésus, Collectio canonum, tr. VIII, c. xv, dans A. Mai, Scriptorum veterum nova collectio. Borne, 1838, t. x « . p. 304, trad., p. 141, en tout cas avant 486, Synod. orient., p. 53, trad., p. 300.

A quelle date y eut-il aux Indes des chrétientés originaires de Perse ? La réponse à celle question est rendue très difficile par le fait que le mot « Indes » a servi pour désigner des pays très différents : Arabie, Ethiopie. Hindoustan. C’est ainsi que David, le contemporain de Pâpâ, qui abandonna son siège de Peral d’Maysan pour aller aux Indes, où il opéra de nombreuses conversions, peut n'être allé que sur la côte méridionale de l’Arabie. Chronique de Séert, dans P. O., t. iv, ]). 230 [26]. M. Mingana a bien mis en évidence l’imprécision du lerme et le danger d’illusion qui en résulte, The early spread of christianity in India, dans Bulletin of Ihe John Rylands library, 1926, t. x. p. 443-446. C’est ainsi qu’il ramène sur la côte d’Oman, p. 450-454, un monastère, qui aurait été édifié à la fin du ive siècle en l’honneur de saint Thomas par le moine Jonas, dont la vie a été publiée par P. Bedjan, Acla martyrum et sanctorum, t. i, p. 466-525 (Bibl. hag. orient., n. 527. 528). Mais la date que M. Mingana attribue à cette vie est probablement trop ancienne, car Jonas appartient au cycle de Mar Eugène, voir ci-dessus, col. 184.

Le premier texte détaillé et certain reste celui de Cosmas Indicopleustes, qui, dans sa Topographia christiana, enregistre des constatations faites sur place entre 520 et 525. P. G., t. lxxxviii, col. 169, 445 : E. O. Winsledt, The Christian topography of Cosmas Indicopleustes ediled with geographical notes, Cambridge, 1909, p. 119, 321 sq., notes p. 344, 346, 352. Cosmas signale une chrétienté dans l'île de Socotra ou de Dioscuride, dont les habitants, dit-il, descendent des colons introduits par Plolémée et parlent grec ; étant passé en vue de l'île sans y descendre, il a obtenu ses informations de quelques habitants avec lesquels il a voyagé. Or, ceux-ci lui ont dit qu’il y a dans l'île une multitude de chrétiens, dont le clergé va recevoir l’ordination en Perse. Il serait étrange que ces descendants des colons de Ptolémée ne s’adressent lias à Alexandrie, si l'île n'était devenue une possession perse, où Khosrau, d’après les géographes arabes al-Hamdânî et Yâqût, avait déporté certaines populations des pays conquis sur Byzance. J. Tkatsch. s. v. Sokotra, dans Encyclopédie de l’Islam*. livraison i, Leyde, 1927, p. 499. Comme dans le Beit Qatarâyê et l’Oman, il y a donc eu une véritable évangélisalion de la population bigarrée de l'île, Grecs, Aiabes, Hindous, etc. Socolra resta longtemps chrétienne, elle reçut un évêque de Sabriso' III (1064-1072), Mari, p. 125, trad., p. 110, et les géographes arabes la donnent encore comme chrétienne au xiv c siècle. De même Marco Polo : « Et sachiés que celz de cest ysle sunt cristienz bateçés et ont arcevesque… Geste areevesque ne a que fer con le apostoille de Borne : mes vos di qu’el est sotpost a un arcevesque que demeure a Baudac (Bagdad). E cestui arcevesque de