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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), UNION A ROME


Ordinis prædicalorum, t. xxxiii, 1925, p. 261-278. Sulâqâ fixa sa résidence en territoire turc, à Diarbékir, où il était arrivé le 12 novembre 1553. Mais le parti de Simon Denhâ agit par ruse pour se débarraser de lui ; il fut appelé auprès du pacha d’Amadiah et mis en prison. Quarante jours après, il finissait sa vie par le martvre, noyé en cachette, au début de 1555.

Le parti catholique ne perdit pas courage : un nouveau patriarche fut élu en la personne d"Abdiso', évêcfue de Djéziret Ibn Omar, un des cinq prélats que Sulâqâ avait eu le temps de consacrer. Il lui fut impossible de partir immédiatement pour Rome, et l’on ne voit pas qu’il ait envoyé quelqu’un pour présenter une demande de confirmation ; c’est seulement en 1561 qu’il se mit en route : le bref qui le délie du lien de l'Église de Djézireh et le confirme comme patriarche est du 17 avril 1562. S. Giam.il, op. cit., p. 31-44. On voit encore à la bibliothèque du Vatican la copie autographe d’une profession de foi qu’il lit en syriaque, traduction à ce qu’il semble, d’un original latin. Ibid., p. 41-58. Après avoir reçu le pallium le 4 mai 1562 et promis de recevoir les décisions du concile de Trente, auquel il ne pouvait pas assister, parce que son Église ne pouvait rester sans gardien, ibid., p. 63-67, il reprit le chemin de l’Orient. Il n'était pas accompagné d’un conseiller latin, comme il aurait aimé de l'être à l’exemple de Sulâqâ, parce que le pape n’avait pu trouver sur place quelqu’un qui fût qualifié pour la prédication en syriaque, mais Pie IV ne négligea pas pour autant les intérêts spirituels des Chaldéens : il écrivit à l'évêque dominicain de Nakhitchévan, Nicolas Freid, afin qu’il voulût bien choisir dans le personnel de sa mission et envoyer au patriarche le prédicateur désiré. Lettre du 23 juillet 1562, ibid., p. 68 sq.

On voit par ces détails combien l’union des Chaldéens était sincère ; ils y furent fidèles, nonobstant les persécutions dont ils furent l’objet de la part des nestoriens, qui avaient l’appui des chefs kurdes, et malgré aussi les difficultés que le patriarche éprouva aux Indes, où les Portugais latinisants entravèrent sa tentative d’organiser une hiérarchie chaldéenne unie. J. Vosté, loc. cit., p. 269. C’est sous le pontificat d’Abdiso' IV que fut envoyé en Orient comme visiteur apostolique l'Éthiopien Jean-Baptiste, ancien supérieur de l’hospice Santo-Stefano degli Abissini, à Rome, consacré ensuite évêque des Éthiopiens résidant en Chypre ; mais nous ne savons pas si le délégué pontifical arriva jusqu'à Mossoul, ayant seulement la lettre par laquelle le pape annonce au patriarche chaldéen son départ, 23 février 1565. S. Giamil, loc. cit., p. 69-71 ; réponse du patriarche (?) p. 490-492. Les lettres relatives à cette mission ont été publiées à nouveau, d’après une autre copie, par P. Dib, Une mission en Orient sous le pontificat de Pie IV, dans Revue de l’Orient chrétien, t. xix, 1914, p. 21-32, 266-277. Les termes de la lettre au patriarche chaldéen méritent d'être rapportées, elles montrent combien on se résignait difficilement à laisser aux Chaldéens unis l’usage de leur rit, au moment où l’on travaillait si fort pour l’unification des liturgies en Occident, peut-être aussi sous l’impression des difficultés que la différence des rits avait suscitées aux Indes.

Debebis… omnem operam dare… ut fides eorum, quibus præes, fidei sanctæ Romanæ Catholica ? et Apostolicæ Kcclesise plane congruat, nec ulla in re, quæ quidem ad salutem necessaria sit, discrepet. Nam quod ad ritus, et ceremonias attinet, et valde deceret, tametsi optandum esset ipsas quoque congruere, tamen passuri sumus consuetudines vos, et vestros ritus antiquos, qui quidem fuerint probabiles, retinere, dummodo in sacramentis, et aliis

rébus ad fidem pprtineiitilius, n<l salutem iiccoxsariis, Lcck’siam, ut diximus, romanam, omnium Christ i lideIium matrem, et magistral » st-quamini. Ibid., p. 270.

Abdiso" ayant vécu à Séert, dans le couvent de Saint-Jacques le reclus, y mourut en 1567. Le siège fut géré ensuite pendant onze ans par le plus ancien des évêques, Yahballâhâ (les sources latines donnent Aatalla ^ Aytallâhâ), évêque de Djézireh ; on ne put procéder à l'élection qu’en 1578, dans l’impossibilité où l’on était mis par les nestoriens et les autorités turques de réunir le collège électoral. Yahballâhâ IV, qui était déjà vieux au moment de son élection, mourut à la fin de 1580, sans avoir pu envoyer sa profession de foi à Rome. S. Giamil, op. cit., p. xxxiv. Il eut pour successeur l'évêque de Gélu, Séert et Salmas, Simon Denhâ, qui s'était converti depuis peu du nestorianisme avec tout son troupeau. Èlie, métropolite de Diarbékir, qui avait été l’auteur de cette conversion, fut choisi comme procureur par le synode électoral, pour aller à Rome demander en faveur du nouveau patriarche la confirmation de son élection et le pallium. Lettre du synode au pape, ibid., p. 88-90 ; exposé du procureur au cardinal Caraffa, p. 90-97. Toujours en butte aux contradictions des nestoriens, qui avaient l’oreille des autorités turques, le patriarche fixa sa résidence au monastère de SaintJean, près de Salmas, en Perse, où s'était tenu le synode électoral.

Le métropolite Élie étant mort au Liban, lorsqu’il revenait de Rome, en 1582, le patriarche ne put recevoir de suite la confirmation de son élection ; en janvier 1584, cependant, Léonard Abel, archevêque de Sidon, qui avait été envoyé en Orient par Grégoire XIII pour confirmer les chefs des Églises orientales unies, leur porter les décrets du concile de Trente et leur faire adopter le nouveau calendrier, entra en relations avec un envoyé du patriarche chaldéen, Jacques, prieur du monastère de Séert. Léonard Abel aurait bien voulu que le patriarche fît une partie du chemin pour le rencontrer, mais il y avait guerre entre la Turquie et la Perse ; en outre, le potentat kurde local, Zayn al-bak, ne permettait pas au patriarche de quitter son territoire. Il fallut donc envover à celui-ci la copie de la profession de foi que son procureur, le métropolite Élie, avait signée à Rome. L’exemplaire signé fut remis à Léonard Abel l’année suivante, janvier 1585, par le nouveau métropolite de Diarbékir, Joseph Élie. accompagné d’Isa, neveu du patriarche. Ceux-ci repartirent vers le patriarche, porteurs des bulles et du pallium, en avril 1585, ayant reçu pendant les mois de leur séjour à Alep, auprès du délégué pontifical, un supplément d’instruction théologique. Les habitants de Diarbékir, qui étaient foncièrement attachés à l'Église catholique, envoyèrent alors à Rome, pour bien s’y pénétrer de la doctrine catholique, un prêtre, un diacre et un clerc. Relation de Léonard Abel dans Baluze, Miscellanca…, éd. de Mansi, t. iv, Lucques, 1764, p. 154-156 ; réimprimée par S. Giamil, op. cit., p. 115122.

A la mort de Simon IX, on appliqua le système de la succession héréditaire. Simon X, élu en 1600, signa le 28 juillet 1619 une profession de foi, qu’il fit parvenir au souverain pontife, en annonçant qu’il allait se rendre à Rome en compagnie du franciscain Thomas Obicini, de Novare. Cette information, donnée sans référence par J. S. Assémani, Bibliotheca orientaUs…, t. m b, p. 622, a été répétée telle quelle par tous les historiens de l'Église chaldéenne. Mais aucun n’a remarqué que Simon X avait déjà envoyé à Rome, avant cette date, par l’intermédiaire du métropolite de Diarbékir, Timothée, un libelle de foi, qui n’avait pas donné satisfaction. C’est cepen-