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NESTORIENNE (L'ÉGLISE), UNION A ROME


avaient une lettre du pape et se trouvèrent chambrés par Adam, sans qu’il leur fût possible de trouver aucun appui contre ses manœuvres. Après les avoir internés tantôt en ville, tantôt dans une maison de campagne des environs, Adam finit par leur lire une lettre, soi-disant écrite par le catholicos, qui leur enjoignait de retourner en arrière. C’est seulement en sortant de Diarbékir pendant la nuit, à l’insu d’Adam, que les deux missionnaires arrivèrent à gagner Mossoul et à rencontrer Élie VIII. Celui-ci leur déclara qu’il ne voyait rien à changer dans sa foi et n’avait donné mission à son envoyé que pour traiter l’allaire de l’autel à Jérusalem. Les jésuites repartirent donc pour Diarbékir, ayant été traités avec égards, mais n’ayant rien conclu, porteurs d’une lettre pour le souverain pontife et de cadeaux, le 24 août 1615. Tandis qu’ils étaient en Alep, il apprirent que le catholicos s'était déplacé vers l’Occident et désirait les revoir. Un des Pères rebroussa chemin, car il leur en coûtait d’avoir manqué leur mission, et rencontra Élie VIII au monastère de Mar Péthion, entre Mardin et Diarbékir, le 17 novembre. Aucune concession dogmatique ne fut faite lors de ces conversations, rendues difficiles par la présence de Rabban Adam, qui prétendait n’avoir rien changé de sa foi à Rome, ni anathématisé inconditionnellement Nestorius. Les deux envoyés de Paul V étaient donc fondés à déclarer, lorsqu’ils rentrèrent à Rome le 8 novembre 1616, qu’il n’y avait chez Élie aucune des dispositions nécessaires pour une véritable réunion à l'Église romaine. Ils ajoutaient que personne parmi les Chaldéens de Diarbékir n'était véritablement catholique ; mais la réclusion à laquelle ils avaient été condamnés, le fait que la communauté locale se disait de l’obédience de Simon et refusa sous ce prétexte de s’occuper d’eux, loc. cil., p. 441 sq.. leur mécontentement enfin donnent à penser qu’ils n'étaient pas en très bonne posture pour juger sainement.

L'éditeur du Brève ragguaglio n’a pas compris, faute d’une chronologie exacte, que si les envoyés de Paul V furent médiocrement reçus à Mossoul, c’est que l’on y attendait des franciscains et ce dès l'été 1615, comme il appert de l'échange de lettres en cours entre le catholicos et le gardien du couvent franciscain d’Alep. Ibid., p. 453 sq. La caravane du rabban Adam avait employé plus d’une année pour arriver à Diarbékir et le catholicos avait écrit au souverain pontife, avant même d’avoir rencontré pour la première fois ses envoyés, puisque la lettre de Paul V enjoignant à Thomas Obinici de partir pour Diarbékir est du 20 janvier 1616. Il est donc tout à fait erroné d'écrire, comme l’a fait le P. Tournebize, que la substitution des franciscains aux jésuites fut demandée « dans des lettres écrites à Paul V au nom du patriarche, après le retour à Rome des deux jésuites ». Ibid., p. 425. Ils n’arrivèrent à Rome, comme on l’a dit, que le 8 novembre 1616 ! C’est à Alep, tête d'étapes des caravanes de Mésopotamie, et à Jérusalem, que les nestoriens étaient entrés en contact avec des religieux latins, et ces religieux étaient des franciscains ; ceci explique suffisamment la préférence du catholicos.

Les anciens compagnons d’Adam, qui de Chypre l’avaient laissé partir seul pour Jérusalem, se disposaient à y aller en pèlerinage, d’Alep où ils hivernaient, lorsque le gardien du couvent franciscain, Thomas de Novare, se mit en route pour Diarbékir. le catholicos, aussitôt après le départ du jésuite qui était venu le trouver à Mar Péthion, avait convoqué le synode des métropolites à Diarbékir pour le temps de Noël. Il insistait auprès de Thomas de Novare pour y avoir sa présence, mais celui-ci ne voulait pas entrer dans une affaire confiée à d’autres, et attendait de

connaître la volonté du pape. Cependant les prélats nestoriens s’impatientaient et menaçaient de regagner leurs diocèses. Thomas, ne voulant pas laisser échapper l’occasion, finit par se décider et le synode se tint du 1 er au 26 mars 1616. On lut les lettres du pape et les instructions apportées par les jésuites, ainsi qu’un traité théologique composé à Rome par Adam, qui, sur les entrefaites, avait été consacré métropolite de Diarbékir sous le nom de Timothée : détails sur la composition de ce traité dans P. Strozzi. De dogmettibus Chaldœorum disputalio ad Palrem admod(um) rever(endum) Adam, Cameræ patriarchalis Babylonis archidiaconum…, Rome, 1617, p. 203 (écrit 303)-239. On accepta tout ce qui avait été fait à Rome en matière de foi ; puis une lettre au pape lut rédigée, signée par tous, remise au frère Thomas pour acheminement. Strozzi, qui continuait d’avoir l’affaire des Chaldéens à cœur, publia tous ces documents, dès leur réception à Rome : Synodalia Chaldeeorum videlicet epistola synodica Elite… Sermo Timothei archiepiscopi Amed de recta fide, …in synodo recognilus et receptus…, Rome, 1617, p. 11-52 ; documents reproduits par S. Giamil, op. cit., p. 142-159, 536 sq. Les prélats protestaient avec insistance contre les vexations, auxquelles l’inquisition portugaises oumettait leurs compatriates des Indes, et demandaient au pape d’intervenir en leur faveur : quia in Ormos, et in Goa, et ultra valde tribulant nos scrutantes de fide ; et homines nostrarum regionum non sunt perili omnes ; et hac de causa tribulant eos valde, vel accipiunt ab eis pecunias, et deinde dimittunt eos ; et unus sacerdos ex Amed civiiate mortuus est propter angustias, in quas redactus ab eis fuerat. Strozzi, Synodalia, p. 15 ; Giamil, op. cit', p. 144. Les Chaldéens avaient été charmés de leur commerce avec Thomas de Novare. Strozzi, op. cit., p. 14 ; Giamil, loc. cit. Celui-ci déclare qu’ils ont accepté sans restriction tout ce qu’enseigne l'Église romaine. Strozzi, p. 9 sq. ; Giamil, p. 150.

Toutefois, lorsque les deux jésuites arrivèrent à Rome, ils rendirent suspecte la déclaration du synode chaldéen ; et la profession de foi fut jugée insuffisante. Le 29 juin 1617, Paul V envoyait une nouvelle lettre au patriarche Élie, avec une formule de foi, à retourner signée : texte latin seulement dans Strozzi, p. 69-81, textes latin et syriaque dans Giamil ; p. 160-185. C’est Thomas de Novare, qui fut chargé de porter les lettres pontificales par bref du même jour. Mais comme il était pour lors en Egypte, il dut repasser en Syrie et ne put quitter Alep que le 19 avril 1619 (cf. document cité ci-dessus col. 231).

Il avait des lettres pour Gabriel, métropolite de Hassan kef, pour Élie, ancien métropolite de Diarbékir transféré à Séert, et pour Timothée-Adam, métropolite de Diarbékir. Giamil, op. cit., p. 187-189. Ayant évité Diarbékir, probablement afin de ne pas rencontrer tout de suite Timothée, devenu suspect, lui et son synode de 1616, à de cause son attitude envers les deux jésuites, il arriva le 19 mai à Mossoul et le 22 à Rabban Hormizd. Mais le patriarche Élie VIII était mort depuis le 26 mai 1617, et son successeur Élie IX n’avait pas les mêmes dispositions. Il reçut bien l’envoyé pontifical, s'étonnant cependant qu’il ne fût pas venu par le chemin de Diarbékir, qui à la saison chaude était le plus agréable. La relation de Thomas de Novare, dans l'état fragmentaire où nous la possédons, ne contient rien sur les conversations tenues à Rabban Hormizd, mais la profession de foi qui avait été envoyée de Rome y est revenue signée : elle se trouve aux Archives du Vatican, sous la cote A A. Arm. i-xviii, 1805. Elle contient sur los pages opposées les deux textes, latin et syriaque, reproduits par Giamil, op. cit., p. 164-187, mais sans