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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/185

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    1. NEWMAN (JOHN-HENRY)##


NEWMAN (JOHN-HENRY), ŒUVRES ANGLICANES

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2° Sermons on subjects oj the day (Sermons sur des sujets actuels) — Première édition, 1843 ; réédités par Copeland en 18(39. Les dates des différents sermons s’échelonnent de 1831 à 1843 (cf. p. 417-418.)

Ils présentent le même caractère que les Parochial and plain sermons, mais en les publiant Newman y introduisit çà et là quelques mots, quelques phrases, qu’il n’avait pas jugés convenables pour la prédication orale, et qui nous en disent plus long « sur ses opinions intimes et personnelles » (p. xiii). Les sermons xxi à xxtv méritent une attention particulière. Ils furent prêches quatre dimanches de suite (du 28 novembre au 18 décembre 1841) après que Newman eût été, entre juillet et novembre, frappé de ces trois « coups » qui le « brisèrent » Apol., p. 139. Voir ci-dessus, col. 335. Ils constituaient une tentative pour résoudre les difficultés où se débattaient ses amis et lui-même. Il ne parla naturellement que de celles qui étaient connues du public, et ne dit rien des monophysites ou des semi-ariens. Les difficultés en question portaient sur trois points : les attaques contre les tractariens, par lesquelles se manifestait le caractère protestant de l’Église d’Angleterre ; le projet d’établir à Jérusalem un évêché mixte anglican et luthérien à la fois ; enfin la position apparemment schismatique de l’Église d’Angleterre, position que Wiseman avait tenu à marquer dans la Dublin review. « Je ne saurais nier, disait tristement Newman, que les notes extérieures de l’Église, après nous avoir déjà quittés en partie dans le passé, ne soient en train de nous quitter plus encore dans le présent ; et cela est un terrible jugement ; » et il exhortait ses auditeurs à se rabattre sur les « notes intérieures », ou « témoignages intimes », qu’ils trouvaient dans leur expérience personnelle — n’avaient-ils pas reçu la grâce par le canal de l’Église anglicane ? — et dans la vie des saints personnages de cette Église. Comme il le raconta plus tard dans VApologia (p. 1 57), ses amis furent peines et désemparés, lorsqu’ils le virent faire sienne une telle argumentation : « Je semblais à leurs yeux, dit-il, tourner en dérision mes principes de jadis ; » au lieu de prouver objectivement la catholicité de l’Église d’Angleterre, « je voulais maintenant qu’on en cherchât la preuve dans la contemplation de soi-même, à la manière des méthodistes, ce qui répugnait à ma nature et contredisait mes déclarations passées. » Aux yeux de Newman, l’Église anglicane par la manière dont elle se comportait en pratique dans un grand nombre de cas, était en train de perdre sa qualité d’Église ; mais, comme rien ne permettait de dire à quel moment elle la perdrait tout à fait, on pouvait trouver dans les « notes intérieures » une preuve providentielle qu’elle n’y était pas encore parvenue. Une telle argumentation présentait des dangers, contre lesquels il devait plus tard prémunir ses auditeurs dans ses conférences sur les Difficulties of Anglicans (Les difficultés des anglicans), p. 88. Pour expliquer et justifier la position schismatique de l’Église d’Angleterre, il l’avait mise en parallèle avec les dix tribus d’Israël. Bien que celles-ci, dit-il, « fussent schismatiques, et pis encore, Dieu dans sa miséricorde les considérait toujours comme faisant partie de son peuple, » de sorte « que les grands prophètes Élie et Elisée leur furent envoyés… sans qu’il fût spécifié qu’elles devaient faire retour à la lignée de David… » Apol., p. 154.

3° Sermons preached before [lie university of Oxford (Sermons prêches devant l’université d’Oxford). — Première édition 1843, seconde édition 1844 ; troisième édition, avec une préface et des notes, 1872, souvent réimprimée depuis. Traduction française par l’abbé Deferrière, Discours sur la théorie de la

croyance religieuse, prononcés devant l’université d’Oxford, Paris, 1850.

Sur les quinze sermons que contient ce volume, neuf furent prêches entre 1826 et 1832, et six de 1839 à 1843. Cinq des neuf premiers appartiennent à la seule année 1832. En 1860, au moment où Newman se proposait d’écrire sur les preuves de la religion qui sont accessibles à tous, ignorants ou savants, il expliqua en passant, dans un manuscrit encore inédit, ce qu’il avait voulu faire en composant ces sermons : « Si la religion, écrivait-il, est fondée en raison, et si elle est destinée à tous les hommes, tout individu, quel qu’il soit, doit pouvoir aboutir à une conviction rationnelle. .. Dès l’année 1832, ajoutait-il, j’ai commencé à prêcher là-dessus dans la chaire de l’université d’Oxford. »

On peut se faire une idée de l’erreur qu’il combattait en 1832, d’après le passage suivant, tiré des premières éditions de la Church of the Fathers (l’Église des Pères) Londres, 1900, p. 275 : Saint Antoine, le premier ermite, dit en substance Newman, pensait, contrairement à une opinion qui est, dans un âge comme le nôtre, élevée à la hauteur d’un dogme, qu’un homme est fort capable de raisonner sans pouvoir expliquer par des mots comment il raisonne, et même sans remarquer le fait qu’il raisonne. C’est se tromper que d’imaginer qu’un paysan n’a point de raisons de croire parce qu’il ne peut exprimer ses raisons. — Voici le passage en anglais, car il est d’importance et ne semble pas avoir été remarqué : He (St. Anlony) considered, contrariivise to présent notions, that the consciousness of being rational was no necessary condition of being rational. I mean, il is the présent opinion, that no one can be acting according to reason, unless he reflects upon himsclf and recognises his own ralionality. A peasant who cannol tell why he believes, is supposed to hâve no reason for believing. This is worlh noticing for it is parallel to many other dogmas into which a civilised âge will be sure to fall. — Diverses raisons tendaient à encourager ces « idées aujourd’hui reçues ». D’abord on se laissait facilement aller à confondre, raisonnement et discussion ; et puis on avait l’habitude d’affirmer, sur un ton déclamatoire, que tout chrétien doit décider par lui-même de ce qu’il doit croire, en étudiant l’Écriture sainte personnellement et sans guide (cf. V. M., t. i, p. 142) ; enfin on était encore sous l’influence de la philosophie de Locke, et de cette école dite Evidenlial school, pour qui la foi était uniquement une conclusion tirée des évidences, c’est-à-dire des preuves purement historiques.

Aux yeux de Newman, Locke « ne laissait qu’à quelques hommes instruits la possibilité et le privilège de la foi » (Development, p. 328). Quant à YEvidential school, elle avait été ainsi baptisée par Mark Pattison dans ses Tendencies of religious Thought in England, 1688-1750 (Tendances de la pensée religieuse en Angleterre de 1688 à 1750), dans Essays and reviews, 1860, puis dans Essays of Mark Pattison, vol. 2. C’est, nous dit-il, « l’école de Lardner, Paley, et Whately. » Le terme qu’il lui applique peut tromper jusqu’à un certain point, car il ne désigne pas une école à proprement parler, un parti reconnu comme tel ; il n’en est pas moins fort heureux ; la relation qu’il exprime, entre la foi et la raison, s’accorde bien avec « cette froide doctrine arminienne, premier stade du libéralisme » qui, nous dit Newman, « caractérisait dans sa jeunesse les anglicans dits’high and dry’(hauts et secs), et les ecclésiastiques du collège d’Oriel à Oxford. » M., t. i, p. 111.

Les deux citations qui suivent montreront quel était l’objet des premières attaques de Newman en 1832. « Whately était un vrai disciple de YEvidential school. La foi était pour lui la conclusion tirée de