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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/208

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NICÉE (1er CONCILE DE’102

Dans le dialogue, Gélase fait dire à Eusèbe la phrase suivante : avOpcoTroç xal Œôç ô aùxoç, eTç yàp èÇ àu.<poïv Xpiaxôç, voou|j.évTf)ç xal YvwpiÇofAÉvï) ? tîjç Siacpopàç tcôv oùawôv, ttjç te 6e6x7)Toç aùxoû xal ttjç aapxôç. 0e6ç ?jv xal è’aft., Ysyovev avOpcorcoç Sià tJ)v olxovo(itav. " Le même est Dieu et homme, car le Christ est un de deux, la différence des substances de la divinité et de la chair étant conçue et reconnue ; il était et il est Dieu ; il est devenu homme par l’économie. » Loeschke reconnaît que cette phrase n’a pu cire prononcée à Nicéé ; aussi il s’en débarrasse cavalièrement en la déclarant interpolée. Cette phrase est sûrement de Gélase. Loeschke oublie que le Synlagma a été composé précisément pour démontrer que les Pères de Nicée n’avaient pas pensé comme Eutychès. Gélase, préface, p. 3. Sur la fin de sa vie, Loeschke n’était plus si affirmât if quant à l’authenticité des pièces tirées du « livre de Dalmatius » ; elle ne lui semblait plus être que probable. Préface de l’édi-c tion de Gélase, p. xxix. A notre avis, elle est fort improbable, pour ne pas dire inadmissible.

Le « Discours à l’assemblée des saints », attribué à Constantin, s’il est authentique, est antérieur au concile de Nicée. Voir sur cette question, Heikel dans Eusebius Werke, 1. 1, p. xci et sq. ; Pftalisch, Di’e Rede Constanlins an die Versammlung der Heiligen, dans Dôlger, Constantin der Grosse und seine Zeit, 1913, p. 96 sq. Les documents de Gélase étant éliminés, nous n’avons en fait de pièces authentiques, émanant du concile de Nicée, que le symbole, la synodale et les vingt canons.

Quant à savoir si le concile de Nicée a fait rédiger des procès-verbaux de ses séances, la question est, à notre avis, insoluble. Ceux qui sont pour l’affirmative, comme Loeschke dans le mémoire précité, et Wikenhauser, Zur Frage nach der Exislenz von nizànischen Sgnodalprololcollen, dans Dôlger, op. cit., p. 122-142, ne se basent que sur le fait que certains conciles, avant et après celui de Nicée, ont rédigé des procès-verbaux. Mais si ce fut le cas aussi pour le concile de Nicée, comment expliquer le fait que, dans les nombreux écrits de controverse suscités par ce concile, aucune trace de procès-verbaux ne se soit conservée ?

A défaut de procès-verbaux, nous sommes renseignés sur la suite des événements, d’une part, par des témoins oculaires (Athanase, Eusèbe) de l’autre part, les historiens postérieurs, Rufin, Philostorge, Socrates, Sozomène, Théodoret. Leurs témoignages seront apportés à la place convenable.

If. Convocation du concile. — Le concile de Nicée fut convoqué pour régler la controverse dogmatique soulevée par Arius, pour apaiser le schisme égyptien fomenté par Mélèce, et enfin pour unifier la date de la célébration de la fête de Pâques. Cf. Eusèbe, Vita Constanlini, III, iv et v, édit. Heikel du Corpus de Berlin, p. 78, 79.

Pour ce qui concerne les débuts de la controverse arienne et son développement antérieur au concile, voir Arius et Arianisiie, -t. i, col. 1779 sq. Si l’on en croit Philostorge, l’idée de la convocation d’un concile, réunissant les évêques de tous les pays, aurait été suggérée à Constantin par Alexandre d’Alexandrie, accouru à Nicomédie avec Hosius de Cordoue, après la mission de ce dernier à Alexandrie à l’automne 324. Cf. Philostorge, i, la, édit. Bidez, p. 8. Constantin accepta cette idée et invita les évêques à se réunir à Nicée en Bithynie. Le fait de la convocation du concile par l’empereur ne peut être mis en doute. Le concile lui-même dans sa lettre synodale aux Églises d’Alexandrie, d’Egypte de Lybie et de la Pentapole, ci-dessous, col. 415, se dit convoqué par la grâce de Dieu et par le très pieux empereur Constantin, tîjç Toù 0EOVJ /àpiToç xal toû 6eoquXeaTXTO’j

BaotXfwç o’jvayayovToç T)[Jiâç. Théodoret, II. II., i, ix, édit. Parmentier, p. 38. D’après Eusèbe, Vita Constanlini, III, vi, p. 79, Constantin envoya aux évêques de tous lieux des lettres de convocation pleines de déférence. Le même témoignage est fourni par Socrates, H. E., i, v, P. G., t. lxvii, col. (il ; Sozomène, H. E., i, xvii, P. G., Llxvii, col. 912 ; Théodoret, II. E., i, vii, p. 30 ; Gélase de Cyzique, H.E., préface, p. 1-2. Rufin, dans sa continuation de l’IIislo : re d’Eusèbe, I, i, P. L., t. xxi, col. 407, rapporte que Constantin convoqua le concile ex sacerdoium sententia, sur le conseil d’évêques. Ce renseignement de Bufin semble bien corroborer le témoignage de Philostorge cité plus haut, que l’idée d’un concile général fut suggéré à Constantin par Alexandre d’Alexandrie et Hosius de Cordoue, accourus à Nicomédie à la fin de l’année 424, et par leur entourage. Il ne semble donc pas que le pape Sylvestre ait été o nsulté. Quoi qu’il en soit, le pape ratifia la convocation impériale, en se faisant représenter à. Nicée par deux envoyés. Les témoignages qui ont été allégués pour établir une convocation de notre concile par le pape ou une autorisation donnée par le pape à la convocation impériale, sont ou de mauvais aloi, comme la biographie de Sylvestre dans le Liber pontificalis, ou trop tardifs, comme celui du VIe concile général, pour pouvoir infirmer les affirmations du concile lui-même et celles de ses contemporains. Cf. Funk, Die Berujung der œkumenischen Synoden des Altertums, dans Kirchengeschichtliche Abhandlungen, t. i, p. 57-58. Comme il l’avait déjà fait pour le concile d’Arles en 314, Constantin mit la poste publique à la disposition des évêques se rendant à Nicée, et il les défraya de toutes dépenses pendant la durée du concile. Eusèbe, Vita Constanlini, III, vi, p. 79.

III. Les membres du concile.

A en croire Eusèbe, tous les évêques furent convoqués au concile, OTreûSeiv àraxvTaxôOsv toùç èmaxÔTtouç… 7rpoaxa-Xoù [xsvoç. Vita Constanlini, III, vi, p. 75. Il s’en faut toutefois que tous soient venus. Selon Eustalhe d’Antioche, le nombre des membres du concile fut d’environ 270. Cf. Théodoret, H. E., i, viii, p. 34. Eusèbe en compte 250, Vita Consl., III, vtii, p. 80. Dans sa lettre aux Alexandrins, Constantin parle de plus de 300 évêques qui assistèrent au concile. Socrates, H. E., i, ix, P. G., t. lxvii, col. 85. De même, Athanase dans YHistoria arianorum ad monachos, c. lxvi, P. G., t. xxv, col. 772. Dans sa lettre Ad Afros, c. ii, P. G., t. xxvi, col. 1031, Athanase précise que 318 évêques prirent part au concile. C’est ce chiffre qui fut reçu dans la suite. Il est possible qu’il ait été suggéré par Gen., xiv, 14, qui parle des 318 serviteurs d’Abraham qui délivrèrent Loth.

Il existe une liste des signataires du symbole de Nicée classés par provinces. Gelzer-Hilgenfeld-Cuntz ont publié un essai de reconstruction critique de cette liste, Palrum Nicsenorum nomina, Leipzig, 1898. Le texte reconstitué contient les noms de 220 évêques : 116 d’Asie Mineure et d’Arménie ; 19 de Lybie et d’Egypte ; 19 de Palestine ; 19 de Syrie ; 10 de Phénicie ; 5 de Mésopotamie ; 6 de la province romaine d’Arabie ; 4 des îles de l’Archipel ; 1 de Thrace ; 2 de Macédoine ; 2 de Thessalie ; 3 d’Achaïe, 2 des provinces danubiennes ; 1 de Pannonie ; 1 évêque goth ; 1 évêque scythe. L’Afrique est représentée par Cécilien de Carthage ; l’Espagne, par Hosius ; la Gaule, par l’évêque de Die ; l’Italie par les deux envoyés romains et par un évêque de Calabre. Eusèbe mentionne aussi un évêque persan. Vita Consl., III, viii, p. 80. Le nom de saint Nicolas de Myre ne se trouve pas dans la liste susdite.

Tous les pays renfermant des chrétiens furent