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NARSAI
» langue de l’Orient et porte de la religion chrétienne », P. 0., t. vii, p. 114 [22] : Maris, Amri et

Slibx de patriarchis nestorianorum commentaria, éd. H. Gismondi, pars prior, Home. 1899, p. 46, trad., p. 40.

Deux ans après que Barsaumâ eu L qiiiLlé Édesse, le directeur de l’École des Perses, Qiyorê, mourut (437). D’une voix unanime, Narsaï fut choisi pour lui succéder et resta en charge pendant vingt ans. On ne s’étonnera pas que sous sa direction l’influence de Théodore de Mopsuesle soit devenue prépondérante à l’École des Perses. Ibas, évêque d’Édesse, étant dyophysite comme Narsaï, la position de celui-ci était forte. Elle devint difficile sans doute lorsqu’Ibas fut déposé en 449. par le deuxième concile d’Éphèse. Mgr Duchesne a même proposé de placer immédiatement après la déposition d’Ibas, donc en 449 ou 450, l’expulsion de l’École des Perses, lors de l’enquête menée par Chéréas, en faisant remarquer combien la lettre de Siméon de Beit-Arsam, sur laquelle reposait jusqu’alors la chronologie communément reçue, abonde en confusions. Histoire ancienne de l’Église, t. iii, Paris, 1910, p. 5C8. Mais cette proposition n’a pas rencontré de faveur, et il semble vraiment que la chronologie de Narsaï s’arrange mieux si l’on retarde jusqu’après la mort d’Ibas, en 457. son départ d’Édesse. Le texte de Barhadbsabbâ crée d’ailleurs une autre difficulté, car il nomme Qûrâ l’évêque qui aurait expulsé Narsaï. Qûrâ ayant occupé le siège d’Édesse de 471 à 498, il faudrait admettre pour le troisième séjour de Narsaï à Édesse une durée minimum de trente-six ans. Cela est impossible, si l’on admet les autres chiffres du même auteur, puisqu’il aurait eu au début de ce séjour au minimum 37 ans et aurait enseigné ensuite à Nisibe pendant quarante-cinq ans, ce qui donnerait pour sa vie entière un total égal ou supérieur à 118 ans. Il faut donc admettre que Barhadbsabbâ s’est trompé en écrivant ici le nom de Qûrâ. L’erreur s’explique parce que c’est sous son pontificat que l’empereur Zenon supprima définitivement l’École des Perses en 489, P. O., t. ix, p. 600 [112], n. 1.

Nous pensons donc que Nonnus, à peine remonté sur le siège d’Édesse, qu’il avait déjà occupé pendant la déposition d’Ibas, se proposa de purger sa ville épiscopale du levain nestorien. Le chef de l’École des Perses fut invité à se rétracter ; il refusa. Ses adversaires résolurent alors de le faire condamner au feu, mais il fut averti à temps et sortit de la ville la même nuit. Bempli de zèle pour l’évangélisation de ses compatriotes, Narsaï se proposait de porter la vérité chrétienne au cœur de la Perse et dépassa Nisibe sans y entrer. Mais tandis qu’il se reposait au monastère des Perses, à l’est de la ville, Barsaumâ fut averti de sa présence et le fit supplier de venir le visiter. L’ayant reçu avec de grands honneurs, l’évêque le persuada qu’il devait renoncer à son dessein et ressuciter à Nisibe l’école, dont l’existence se voyait compromise à Édesse.

Ainsi naquit l’École de Nisibe, dont l’influence devait rester prépondérante dans l’Église nestorienne jusque vers le milieu du ixe siècle. J.-B. Chabot, L’École de Nisibe, son histoire, ses statuts, dans Journal asiatique, IXe série, t. viii, p. 81. Narsaï la gouverna pendant quarante ans, selon les informations concordantes de Barhadbsabbâ, P. O., t. ix, p. 615 [127], et de la Chronique de Sêert, P. 0., t. vii, p. 115 [23], Mais il y eut dans cette période une interruption de cinq ans, pendant laquelle Narsaï reprit la direction du monastère de Kefar-Mari, après que Barsaumâ, influencé par sa concubine, Mamaï, se fut montré jaloux de la popularité que

son enseignement avait attiré à Narsaï. Chronique de Séert, P. O., t. vii, p. 136 [44] sq. Barhadbsabbâ dit en effet, loc. cit., que Narsaï gouverna le monastère pendant six ans, et l’on sait qu’il resta comme prieur un an seulement après la mort de son oncle Emmanuel. Il n’y a donc qu’une contradiction apparente, entre ce chiffre de quarante ans et celui de quarante-cinq donné par le même auteur, dans son discours sur la Cause de la fondation des Écoles, P. O., t. iv, p. 386 [72]. Le chiffre de cinquante ans, qu’on trouve dans Mari, éd. citée, p. 44, trad., p. 39, et dans Barhebrseus, Chronicon ecc.lesiasticum, l. ni, Paris et Louvain, 1877, col. 77 sq., doit être considéré comme erroné. Narsaï mourut donc en 502, âgé d’au moins 103 ans. M. A. Baumstark, Geschichle der syrischen Literatur, Bonn, 1922, p. 110, suggère toutefois que ce chiffre pourrait être réduit à 93 ans, si l’on veut admettre que Barhadbsabbâ a eu fort de compter deux séjours de dix ans à Édesse. Celte correction ne s’impose pas. Narsaï fut enseveli à Nisibe dans une église qui, au vu siècle, portait encore son nom. Mari, loc. cit., p. 45, trad., p. 39.

Siméon de Beit Arsam qualifie Narsaï de « lépreux », Bibliotheca orientalis, t. i, Home, 1719, p. 352. On voudrait voir dans cet appellatif un de ces sobriquets, que les élèves de l’École des Perses semblent s’être donnés par plaisanterie, et dont plusieurs sont cités par le même auteur. Mais il est dit clairement pour les autres qu’il s’agit d’un surnom, tandis qu’il est dit simplement « Narsaï le lépreux >. Le sens naturel s’impose donc. On croira difficilement, étant donnée la longévité de Narsaï, qu’il sa soit agi de la lèpre proprement dite, mais il se peut qu’il ail eu quelque autre maladie à manifestation cutanée. et ce défaut corporel expliquerait que, malgré l’éclat de son enseignement, il ne soit pas arrivé à l’épiscopat.

IL Œuvres. — Ébedjésus, qui surnomme Narsaï la « cithare de l’Esprit-Saint >, donne de ses œuvres la liste que voici, Bibliotheca orientalis, t. iii, pars prior, Borne, 1725, p. 63-66 : « des commentaires sur la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres (ou le Pentateuque entier suivant la Chronique de Séert), Josué, les Juges, l’Ecclésiaste, les grands et les petits prophètes ; douze tomes de compositions métriques ou mitnrê, formant un total de 360 pièces : une liturgie, une exposition de la liturgie et du baptême ; des discours paraclétiques ; des homélies en prose ou tùryâmë ; des cantiques ; des ecténies ou proclamations liturgiques prononcées par le diacre ; enfin un livre en vers sur la corruption des mœurs. »

Barhadbsabbâ, dans son histoire, P. O., t. tx, p. 612 [124], parle seulement des mimrë, qu’il dit écrites une pour chaque jour de l’année, et du livre sur la corruption des mœurs. Mgr Addaï Sclier a mis en doute, en raison de ce silence, que Narsaï ait écrit les commentaires script uraires, dont la liste existe cependant en des termes à peu près identiques dans le catalogue d’Ébedjésu* et la Chronique de Séert. Il faut bien reconnaître que ces commentaires ne sont cités dans aucun des ouvrages connus, pas même dans le Gannat Bussamë, qu’on pourrait considérer cependant comme une somme abrégée de l’exégèse nestorienne, J. M. Vosté, Le Gannat Bussamë, dans Revue biblique, 1928, p. 227 sq.

L’édition originale des mimrë de Narsaï ne fut peut-être jamais copiée dans son entier ; il ne nous en est parvenu que des sélections, faites à ce qu’il semble en vue d’un usage liturgique, et dont les manuscrits sont assez nombreux dans les bibliothèques d’Europe, aussi bien que dans celles de la Mésopotamie et du Kurdistan. M. Alphonse Mingana. qui en a publié quarante-sept. Narsaï doctôris