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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 11.1.djvu/283

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NICOLAS (JEAN-JACQUES-AUGUSTE)


vant les expressions du chanoine Maynard, Bibliographie catholique, octobre 1860, t. xxiv, p. 350-356. On a, avec raison, ce semble, placé l’écrit de Nicolas sur la sainte Vierge très au-dessus de ses Éludes philosophiques sur le christianisme, par la profondeur dans la conception générale et l’originalité dans le plan. Le biographe de Nicolas, Paul Lapeyre, écrit : « C’est le traité définitif de la doctrine catholique sur la sainte Vierge. » L’abbé Régnier, dans son compte rendu de La vierge Marie et le plan divin, fait également un grand éloge de ce travail. Ami de la religion du 22 avril 1856, t. clxxii, p. 193-196.

Auguste Nicolas interrompit quelque temps ses études proprement religieuses. En 1857, parut un écrit curieux intitulé : Maine de Biran, sa vie et ses pensées, publié par Ernest Navïlle. Le Journal intime du philosophe sembla aussitôt à Nicolas comme la « contre- épreuve » de ses Éludes philosophiques sur le christianisme. Pour attirer l’attention du public catholique sur cet écrit, publié par un protestant chez un éditeur protestant, Nicolas écrivit un petit opuscule intitulé : Éludes sur Maine de Biran d’après le Journal intime de ses pensées ; ce travail avait d’abord été rédigé pour le Correspondant, à la demande de Falloux et de Cochin, mais le comité de rédaction de la revue n’osa pas le publier, à cause des jugements sévères portés par l’auteur sur M. Cousin : on redoutait que les jugements de M. Nicolas n’attirassent une mise à l’index des écrits de Cousin, dont on croyait alors la conversion prochaine. Le travail de Nicolas renferme de très fines re^mrques, comme le notent U. Maynard, dans la Bibliographie catholique de février 1858, t. xix, p. 103-108, et Ch. Marie dans L’Ami de la religion du 22 mai 1858, t. clxxx, p. 454458.

Nicolas publia aussi une petite Etude sur Eugénie de Guérin. Dans cet écrit, qui avait d’abord paru dans la Revue d’économie chrétienne, l’auteur analyse le Journal d’Eugénie de Guérin, et il se propose de répondre à Sainte-Beuve qui attribuait àe mesquines préoccupations l’inquiétude d’âme d’Eugénie, et de réfuter les objections d’un écrivain catholique qui reprochait à Eugénie sa tristesse excessive et sa frayeur de la mort.

En 1858, A. Nicolas écrivit une courte préface pour un livre mystique intitulé : Le Phénix qui renaît ou La rénovation de. l’âme, par la retraite et les exercices spirituels ; c’est un ouvrage posthume du cardinal Bona traduit par Jules Travers. Dans sa préface, Nicolas compare cet écrit à l’Imitation de Jésus Christ ; ces deux livres sont faits, en quelques parties, pour’des religieux, mais « ils s’adressent néanmoins à tout le monde, parce que le religieux est homme et que l’homme est religieux.

Le 4 mai 1861, Nicolas perdit le second de ses fils, qui s’appelait Auguste, comme lui-même ; à cette occasion, parut en 1865, un opuscule intitulé : Mémoires d’un père sur la vie et la mort de son fils avec l’épigraphie suivante : « Le cloître et le monde se disputèrent ce trésor, ce fut le ciel qui l’eut. » Ces Mémoires sont empreints d’une tendresse exquise pour ce fils, qui, disciple d’Hippolyte Flandrin, mourut à la veille de son mariage Nicolas hésita longtemps avant de publier cet écrit, qui parut en 1865, sans nom d’auteur et avec une lettre de l’abbé Bougaud et une autre du P. de Ponlevoy.

Mais A. Nicolas revint bientôt aux ouvrages proprement religieux. En 1862, Ernest Renan publiait la Vie de Jésus, qui eut un grand succès de curiosité et de scandale. Nicolas entreprit de détruire ce mauvais roman et son travail parut au début de 1864, sous le titre : La divinité de Jésus-Christ ; démonstration nouvelle, tirée des dernières attaques de l’incrédu lité. Comme le dit le titre lui-même, c’est « une polémique et une démonstration », qui peuvent être regardées comme le complément des Éludes philosophiques. Parmi les nombreux écrits que provoqua l’ouvrage de Renan (on en trouvera la liste, incomplète d’ailleurs, dans la Bibliographie catholique d’avril 1864, t. xxxi, p. 296-305), celui de Nicolas eut le plus de succès : il eut trois éditions en 1864. Augustin Cochin, dans le Correspondant du 25 janvier 1864, t. lxi, p. 211-218, le chanoine U. Maynard, dans la Bibliographie catholique de février 1864, t. xxxi, p. 118-122, et Antonin Rondelet, dans la Revue d’économie chrétienne, font un très bel éloge de l’ouvrage de Nicolas.

Dès 1862, Nicolas s’était posé une question troublante : pourquoi tant de gens ne croient-ils pas, même après que leur esprit a été instruit et éclairé ? C’est pour répondre à cette question que Nicolas publia : L’art de croire ou Préparation philosophique à la foi chrétienne, 2 vol., in-8°, Paris, 1866. L’ouvrage est particulièrement bien ordonné : en ceux qui ont perdu le sens de la foi, Nicolas veut éveiller le besoin de croire ; à ceux qui hésitent, il développe les raisons de croire avec les moyens de croire ; enfin à ceux qui ont le courage de s’engager dans la pratique de la foi, il montre le bonheur de croire. Comme toujours, Nicolas écrivit cet ouvrage pour un but spécial : il adressait cette apologie à M. Maximin Lacoste, conseiller honoraire à la cour impériale de Bordeaux, qui avait longtemps appartenu au barreau de Bordeaux, et dont M. Nicolas avait été le secrétaire : c’est à lui que l’ouvrage est dédié, avec une lettre toute pleine d’émotion. L’ouvrage fut particulièrement bien accueilli par les Études des PP. jésuites, t.xii, de la IIe série, p. 434-439, et par la Bibliographie catholique de janvier 1867, t. xxxvii, p. 13-22. Cet écrit que Paul Lapeyre appelle « le chef-d’œuvre » d’Auguste Nicolas, fut traduit presqu’aussitôt en italien et en espagnol, et il a mérité vraiment de devenir classique.

Nicolas, pour conserver le souvenir d’un fidèle ami d’enfance, rédigea pour le Correspondant, 10 mai 1870, t. xc, p. 476-525, une notice émue sur Aurélien de Sèze, avocat bordelais, frère du défenseur de Louis XVI : il avait été député, en 1848 et était redevenu sincèrement chrétien, sous l’influence de l’abbé Dupuch, le futur archevêque d’Alger. L’article fut édité sous le titre : M. Aurélien de Sèze, notice biographique, in-8°, 1870 (Bibliographie catholique de septembre et octobre 1870, t. xliv, p. 305-307).

La guerre de 1870 amena Nicolas à étudier la religion chrétienne, du point de vue social. Forcé de quitter Paris, il commença à rédiger un travail, où il se proposait de traiter De la Prusse et de l’invasion allemande, de l’Empire et de sa chute, de l’abaissement et de la régénération de la France, mais cet écrit ne fut point imprimé, car Nicolas le jugea trop étroit et dicté par les circonstances seules. Il reprit sous une forme nouvelle l’examen d’un grave problème ; il l’approfondit et publia un écrit, dont le titre, plus général, est comme un programme de sociologie : L’Étal sans Dieu, mal social de la France. L’auteur y cherche la cause vraie du mal public dont souffre la France : après avoir signalé la banqueroute de la Révolution, Nicolas montre que le grand mal de la France, c’est son oubli de Dieu, qui entraîne la négation de toute autorité et l’anarchie. L’absence de religion, dit-il, « déconsidère le pouvoir aux yeux du peuple, en le montrant sans foi ni loi, et la religion est déconsidérée par le mépris qu’en fait le pouvoir. » L’ouvrage fut honoré d’une lettre de Pie IX, 30 octobre 1872. Les Éludes des PP. jésuites, t. ii, de la Ve série, p. 293-295 et la Bibliographie catholique de septembre 1872, t. xiai, p. 198-201, font un bel